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L’OMS plaide pour l’avortement sans limite de temps 

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By fizkes | Shutterstock

Blanche Streb - publié le 12/04/22

Les chiffres de l’OMS sur le nombre d’avortements pratiqués dans le monde (73 millions) sont assortis d’une critique sur les mesures légales de restriction à l’avortement suivies dans un grand nombre de pays. Pour Blanche Streb, directrice de la recherche d’Alliance Vita, les recommandations de l’OMS font totalement l’impasse sur les causes et les conséquences médicales, psychologiques et sociales de l’avortement.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié, lors de la journée internationale des femmes, de nouvelles recommandations sur l’avortement. L’une d’elle — déjà présente dans un précédent rapport de 2012 — ne peut laisser personne de marbre. Elle propose que tout avortement puisse être réalisé sans restriction ni limite de temps pendant les neufs mois de grossesse. 

En France, avorter est possible jusqu’au neuvième mois “si la poursuite de la grossesse met gravement en péril la santé de la femme ou s’Il existe une forte probabilité que l’enfant à naître soit atteint d’une affection d’une particulière gravité reconnue comme incurable”. C’est ce qu’on appelle alors une interruption médicale de grossesse (IMG). Durant l’été 2020, une poignée de députés avaient tenté — via un amendement tapi en embuscade lors de l’examen de la loi bioéthique — d’élargir l’accès à l’avortement jusqu’au terme de la grossesse pour “raisons psychosociales”. Un concept bien difficile à mesurer, qui repose sur un ressenti et qui peut surtout s’entendre comme un appel à l’aide nécessitant d’apporter, à la personne concernée, écoute, attention et secours dans une situation pouvant lui apparaître comme désespérée. Cette disposition, rejetée par la suite, avait à juste titre provoqué une onde de choc dans l’opinion publique. De nombreuses personnalités s’affirmant favorables à l’avortement s’étaient levées contre cet “infanticide légal”. Une tribune d’avocats et juristes affirmait qu’ainsi “l’enfant à naître ne bénéficierait plus d’aucune protection dans notre pays”.

Des chiffres contestables

Quel motif invoque l’OMS ? Sous le vocable d’ “avortements sécurisés”, l’organisation affirme que les restrictions de délai “ne sont pas justifiées d’un point de vue médical” et avancent un certain nombre de chiffres. Mais justement, ces chiffres posent question, et l’OMS entame sa crédibilité en publiant des recommandations aussi radicales fondées sur des données qui ne s’avèrent pas fiables. 

Par exemple, elle affirme que 39.000 décès de femmes consécutifs à un avortement “non sécurisé” seraient à déplorer chaque année. Il est en réalité extrêmement complexe de comptabiliser la mortalité maternelle liée aux avortements. Alors, pour pallier cette difficulté, l’OMS se base sur une estimation d’un modèle statistique dont elle commence par ne retenir que le chiffre le plus haut d’une fourchette — de 14.000 à 39.000 décès par an — issue d’une publication de The Lancet parue en 2014. En creusant derrière ce chiffre estimatif, on le découvre par ailleurs biaisé : il n’inclut pas que les décès liés aux avortements mais aussi ceux liés aux fausses couches et aux grossesses extra-utérines. Il est donc largement amplifié. Par ailleurs, d’autres chiffres discutables sont avancés à la petite semaine par l’OMS.

Aucune donnée n’est fournie sur les causes et les conséquences médicales, psychologiques et sociales de l’avortement, éléments cruciaux de compréhension qui pourraient objectivement aider à l’éviter. 

Se basant sur une autre étude de The Lancet de 2017, elle affirme qu’il y a 73 millions d’avortement par an dans le monde. Or là encore, il ne s’agit pas de chiffres officiels mais de simples estimations, avec un intervalle d’incertitude de 80%, ce qui laisse place à une immense marge d’erreur. Les auteurs de cette publication l’avaient pourtant eux-mêmes reconnus : “Les données sur l’avortement sont relativement faibles et ont de grandes incertitudes dans les pays ayant des politiques restrictives. La disponibilité de plus en plus grande de l’IVG médicamenteuse rend difficile le calcul du nombre d’avortements à l’intérieur et à l’extérieur du système de santé. Les données pour des naissances non voulues sont relativement faibles dans les pays légalisant l’avortement.”

Des solutions extrêmes

Alors quel crédit apporter aux recommandations d’une organisation qui s’appuie sur des données si peu fiables ? Elle qui propose aussi notamment de supprimer les délais de réflexion ou l’autorisation d’un tiers ou d’un parent pour les mineures. N’est-il pas fort regrettable qu’une agence spécialisée de l’Organisation des Nations-unies n’ait à proposer que des solutions extrêmes, en faisant totalement l’impasse sur toute politique ou mesure de prévention ? La santé des femmes est évidemment une priorité, surtout lorsque leurs vies sont en jeu. Pourtant, aucune donnée n’est fournie sur les causes et les conséquences médicales, psychologiques et sociales de l’avortement, éléments cruciaux de compréhension qui pourraient objectivement aider à l’éviter. 

Promouvoir l’avortement sans délai est un message effrayant envoyé à toute la communauté internationale. Il s’agit d’une procédure lourde, qui met aussi en jeu des vies puisqu’il implique d’euthanasier in utero le fœtus, puis de provoquer l’accouchement de l’enfant mort-né. Une solution nécessairement traumatisante pour les mères comme pour le corps médical. 

L’humanité de l’enfant à naître

L’impact douloureux d’un tel message pour toutes les personnes qui attendent ou espèrent un enfant, pour ceux qui prennent soin de leur bébé né avant terme ou pour ceux qui traversent le deuil périnatal est difficile à évaluer. Il n’en reste pas moins que cela n’est pas neutre. C’est toute l’humanité de l’enfant à naître, fut-il viable et en bonne santé, qui est totalement déniée. Et avec elle toute l’humanité. Notre humanité. Pour prendre conscience de la réalité de la vie humaine des tout-petits nés à l’âge de développement concerné par la perspective d’une IMG jusqu’à 9 mois, le professeur Emmanuel Sapin, chef du service de chirurgie pédiatrique et néonatale au CHU de Dijon et spécialiste de chirurgie fœtale, invitait les députés auteurs de l’amendement à venir dans un service de réanimation néonatale : “Les médecins réanimateurs néonataux et les infirmières puéricultrices consacrent leur vie, leur attention, au prix de leur inquiétude et de leur fatigue, à ces petits bébés nés prématurément. Ils s’y attachent, car ce sont des petits êtres touchant dans leur singularité et leur fragilité qui luttent pour survivre, et trouvent dans ces soignants attentionnés des défenseurs et de l’affection. Ils sont des êtres humains, dignes de notre attention et de notre respect.”

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