Pour qu'Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l'avenir d'Aleteia deviendra aussi le vôtre.
*don déductible de l'impôt sur le revenu
Rome, 1550. En un dimanche de début d’année, dans les rues peuplées de la ville éternelle, un homme en soutane se fraye un chemin dans la foule. Celle-ci s’écarte pour le laisser passer. On connaît bien Philippe Néri ici. Ce jeune séminariste au cœur d’enfant et à l’humour décapant est connu pour ses évangélisations spontanées qui en ont converti plus d’un.
On lui demande où il court comme cela. Philippe, sans s’arrêter, répond qu’il a trouvé un nouveau moyen de sauver les âmes et honorer Jésus. Quelle merveilleuse prière que cette dévotion des Quarante-Heures ! Ce temps prolongé de jeûne et d’adoration ne peut que servir la cause du Christ. Il doit absolument en parler à son ami, Ignace de Loyola.
De Milan à Rome
La dévotion des Quarante-Heures fait son apparition en Lombardie au début du XVIe siècle. À l’origine, il s’agit simplement d’une période de jeûne et d’abstinence de quarante heures qui a lieu pendant le triduum pascal. Elle s'achevait par une procession le matin de Pâques.
En 1527, un certain Antonio Bellotti décide d’exposer pendant ces quarante heures le Saint-Sacrement. L’adoration devient alors partie intégrante et centrale de la dévotion. Pourquoi cet ajout ? À cette époque, les guerres d’Italie font rage. L’adoration est toute indiquée pour implorer le Seigneur pour la paix dans le monde. Elle prend place au début de chaque trimestre.
Dix ans plus tard, un capucin du nom de Giuseppe da Ferno transforme les Quarante-Heures en chaînes de prières solennelles avec procession eucharistique. Et lorsqu’une paroisse termine ses Quarante-Heures, une autre prend la suite. C’est là l'une des origines possibles de l’adoration perpétuelle. Les capucins répandent par la suite la pratique dans toute l'Italie. C’est ainsi que cette dévotion parvient à Rome jusqu’aux oreilles de Philippe Néri.
La proposition de ce dernier enchante l'Église de Rome. Avec son ordre, la congrégation de l’Oratoire, il organise les Quarante-Heures au début de chaque mois. En ce siècle de tensions politiques constantes, elles deviennent un rituel nécessaire pour demander la paix au Seigneur.
De Rome aux monde entier
Quant aux jésuites, également enthousiasmés par cette dévotion, ils décident de la développer pour lutter contre les coutumes païennes. Et à partir de 1556, la prière des Quarante-Heures se fait du dimanche au mardi précédant les Cendres. Ceci pour expier les péchés commis durant le carnaval. Philippe Néri n’est pas le seul saint à influencer la propagation de la dévotion. Saint Charles Borromé, évêque de Milan, ordonne en 1575 que l’adoration dure les trois jours précédant le carême. Durant ces trois jours, les fidèles et les consacrés se relaient pour qu’il y ait toujours quelqu’un devant le Saint-Sacrement.
C’est finalement à la fin du XVIe siècle et grâce au pape Clément VIII que les prières de Quarante-Heures sont propagées dans le monde. Il ne s’agit plus alors d’une simple prière intérieure. Après une messe d’ouverture, les fidèles sont guidés par des prédicateurs. Chacun fait pénitence et pardonne, puis il s’ensuit une procession à la lueur de cierges. Les pénitents, pieds nus ou vêtus de sac, suivent le Saint-Sacrement. Puis prend place l’adoration. On pardonne et on demande pardon. On promet d'œuvrer pour la paix. Et durant la messe de clôture, on prie pour la fin des guerres et la paix dans le monde. Cette forme demeure pratiquement la même jusqu’au XIXe siècle.
Traditionnellement, la dévotion aux Quarante-Heures prend place juste avant ou au début du carême. Mais elles peuvent être célébrées à tout moment de l’année. Elle existe aujourd’hui sous des formes variées, telle l’adoration perpétuelle au Sacré-Cœur de Montmartre.