Si au Moyen Âge l'utilisation de bahuts et coffres est courante dans le cadre privé pour ranger ses affaires personnelles, pour les objets liturgiques, les ecclésiastiques privilégient davantage les armoires. Situées à proximité du chœur, ces armoires servent dès l'origine à conserver les vases et objets sacrés, les huiles saintes, les vêtements liturgiques mais aussi les reliques. Une solide serrure permet d'en protéger l'accès.
La plus ancienne armoire liturgique conservée en Europe est visible à l'abbaye d'Aubazine, en Corrèze. Elle date de la fin du XIIe siècle mais n'est actuellement plus utilisée. Très sobre, sa décoration reflète son usage : elle n'est que purement utilitaire et n'impose pas d'être richement décorée même si certaines étaient peintes voire légèrement sculptées.
Si certaines prennent l'allure d'une vraie armoire en bois, d'autres sont encastrées directement dans le mur, notamment lorsqu'il s'agit de conserver, avec plus de sécurité, les Saintes Espèces. Ce n'est qu'après le concile de Trente au XVIe siècle que les hosties sont retirées des armoires pour être conservées dans le tabernacle, le petit réceptacle spécifique aux Saintes Espèces situé au-dessus ou à proximité de l'autel.
N'ayant plus d'utilité à proximité du chœur où se célèbre la messe, les armoires sont rapidement transférées dans les sacristies où l'on range désormais uniquement les objets sacrés et les vêtements liturgiques. Pour ces derniers, on utilise notamment une armoire appelée "chasublier", un meuble avec de longs tiroirs qui permet d'y déposer à l'horizontale, et dans de bonnes conditions, les chasubles et les aubes les plus précieuses, réalisées avec des pierres précieuses ou de fines broderies.