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Selon l’auteur chrétien Gary Thomas, une personne toxique ne se réduit pas tant à un profil particulier qu’à l’effet « toxique » qu’elle a sur nous. À son contact, nous perdons notre paix et notre joie. Nous développons des sentiments intenses de culpabilité et de découragement. Nous nous sentons constamment contrôlés et rabaissés. Notre vocation et notre santé mentale sont sérieusement menacées.
1Personne ou relation toxique ?
Le terme « toxique » renvoie ainsi au poison que le contact de ces personnes distille peu à peu dans nos existences. Cependant, telle personne peut avoir cet effet sur nous, et non sur une autre. Autrement dit, il s’agit plutôt de « relation toxique » que d’une « personne toxique ». Comment, en tant que chrétien, gérer ce type de relation ? Par son comportement et les conseils qu’il donne à ses disciples, le Christ nous éclaire à ce sujet.
S’éloigner quand nous sommes persécutés… et secouer la poussière de nos pieds
Dans l’Évangile de Matthieu (10, 11-14), Jésus demande à ses disciples de s’éloigner des lieux où ils sont rejetés et donc persécutés. Autrement dit, si les habitants d’un lieu font le choix de ne pas écouter les disciples, ces derniers ont le devoir de quitter la maison « en secouant la poussière de leurs pieds ». En effet, les Juifs avaient l’habitude de secouer de leurs pieds la poussière des terres païennes. Ils exprimaient par ce geste la séparation d’avec ceux qui n’adoraient pas Dieu. Jésus nous demande pareillement de marquer notre séparation d’avec ces personnes et, dirait-on dans un langage moderne, de ne pas « rentrer dans leur jeu ».
Jésus le dit explicitement ailleurs (Mt 7, 6) : « Ne donnez pas les choses saintes aux chiens et ne jetez pas vos perles devant les porcs, de peur qu’ils ne les piétinent et qu’ils ne se retournent pour vous déchirer."
Rechercher en premier lieu le Royaume de Dieu… et non notre bonne réputation
Jésus demande à ses disciples de « rechercher d’abord le Royaume de Dieu » (Mt 6, 33). Au XXIe siècle encore, notre mission principale en tant que disciples du Christ est de rechercher le « Royaume », en témoignant de la Bonne Nouvelle. Or, nous perdons fréquemment notre temps, en particulier sur les réseaux sociaux, à répondre et à nous justifier face à des personnes dont le seul objectif est l’agression. Dans ce cas, toute explication est une perte de temps et vise davantage à défendre notre bonne réputation que de faire avancer le Royaume de Dieu.
Devant Hérode qu’il avait qualifié ailleurs de « renard » (Lc 13, 32), Jésus choisit, le jour même de sa crucifixion, le parfait silence. (Lc 23, 8-9)
Prier pour nos ennemis
Outre l’éloignement et le recentrage sur la recherche du Royaume, Jésus commande à ses disciples d’aimer, de bénir et de prier pour leurs ennemis, c’est-à-dire tous ceux qui les maltraitent et les persécutent. (Mt 5, 44). La prière pour nos ennemis a pour conséquence de nous apaiser, d’annuler l’influence néfaste de nos ennemis « visibles et invisibles », et de nous détacher de l’agitation du monde pour nous reconnecter à notre vocation et notre relation unique à Christ.
Au XXe siècle, sainte Faustine nous donne une clé pour nous comporter face à des attitudes toxiques. "Si je ne peux témoigner la miséricorde ni par l’action ni par la parole, je le pourrai toujours par la prière. J’envoie ma prière même là où je ne puis aller physiquement."
2Des convictions… toxiques
En réalité, plutôt que de chercher à tout prix à changer, voire convertir une personne au comportement toxique, nous devrions en tant que chrétiens davantage réfléchir sur nos « convictions toxiques ». Quelles sont-elles ?
Croire que nous pouvons et devons changer l’autre
Dieu respecte notre liberté. De même, Jésus n’a jamais forcé quiconque à le suivre. Entre autres exemples, il a laissé s’éloigner le jeune homme riche (Mt 19, 22) et même Judas le soir de la Cène, alors qu’il savait pertinemment ce que son « disciple » allait faire.
À notre tour, imitons le Christ qui a dénoncé le mal et a averti ses disciples, mais sans jamais chercher à contrôler quiconque.
Croire que Jésus est mort… de gentillesse
Certains chrétiens se méprennent sur la Passion du Christ. Ils pensent que le Christ a été « gentil » envers Judas au point d’être trahi à son insu. Ils en déduisent que nous devons pareillement nous montrer « gentils » envers tous, y compris si nous devons vivre dans une atmosphère toxique.
Ce jugement est erroné pour deux raisons. Tout d’abord, si Jésus a pu accomplir jusqu’au bout sa mission en présence de ce disciple toxique, c’est parce qu’il était parfait, sans aucun péché, et qu’il ne s’est jamais laissé envahir par la toxicité de Judas. De plus, comme le révèlent les Evangiles et même l’Ancien Testament, le Christ était pleinement conscient de sa mort prochaine, de la manière dont il allait mourir et qui allait le trahir. (Jn 10, 17-18)
En d’autres termes, Jésus ne nous demande pas de devenir l’ami d’une personne qui nous détruit à petit feu. Il nous invite seulement, comme lui, à accomplir notre vocation et notre mission propre. La sienne était de nous faire connaître l’Amour de Dieu et d’offrir sa vie pour le Salut du monde en mourant sur la Croix. La nôtre est différente.
Relations toxiques : savoir s'éloigner, par Gary Thomas, Ourania, octobre 2021.
Aliénor Strentz est docteur en ethnologie-anthropologie, enseignante et fondatrice du blog « Chrétiens heureux ».