À plusieurs reprises, dans l’Ancien testament, Dieu compare son peuple à une vigne. Ce rapprochement n’a rien d’étonnant car la vigne est une plante qui doit être choyée plus que toute autre, afin d’offrir le jour des vendanges, les beaux fruits que l’on attend d’elle pour produire un bon vin. Il y a entre le vigneron et sa vigne, une communion profonde et un attachement viscéral qui se concrétisent par des gestes d’amour et des soins constants. Dieu agit de la même façon avec l’humanité. Il ne récolte souvent comme le vigneron que de l’ingratitude. Isaïe, prophète du VIIIe siècle avant Jésus-Christ, a écrit le poème le plus bouleversant sur cette relation et cet amour trahi (Is 5 1-7) :
De toutes les plantes cultivées, la vigne est celle qui demande le plus de soins. Elle accapare le vigneron, de la taille hivernale aux vendanges de l’automne. Cette sollicitude de tous les instants n’est pas toujours récompensée car la culture de la vigne est aussi très aléatoire : une gelée printanière et les bourgeons meurent ; de trop fortes chaleurs estivales et la vigne n’alimente plus les grappes ; des pluies excessives en période de maturation et le jus des raisins reste fade ; des journées trop fraîches avant la récolte et les fruits restent verts. Il y a aussi les maladies et les parasites auxquels la vigne est très sensible. Certaines parcelles entretenues avec la même attention et le même amour ne savent produire que des fruits indignes d’être vinifiés. Cette parabole d’Isaïe nous fait comprendre notre propre ingratitude. Nous avons beaucoup reçu, nous savons ce que Dieu attend de nous et pourtant nous ne produisons que le fruit amer du péché qui conduit à notre propre ruine. Le vigneron qui lit ces versets comprend parfaitement la déception de Dieu face au péché de l’homme. Lui qui peine à longueur d’année sur sa terre avec la crainte constante de voir ses efforts trahis, ne prend pas cette plainte de Dieu à la légère, tout comme les Juifs de l’Ancien Testament et les contemporains de Jésus dont beaucoup entretenaient quelques arpents de vigne. On comprend pourquoi l’image de la vigne est si présente dans la Bible comme elle le sera dans l’enseignement du Christ. Ce texte du prophète Isaïe fait écho au psaume 79 dans lequel l’auteur, demande à Dieu qu’il ait pitié de sa vigne :
La réponse suprême aux supplications du psalmiste viendra lorsque le vrai cep de vigne, le Christ Jésus, Dieu incarné, surgira d’Israël.