Alors que la terre entière avait une conduite corrompue et que la violence y régnait, seul Noé trouva grâce aux yeux de Dieu car il lui était resté fidèle. "Parmi ses contemporains, Noé fut un homme juste, parfait." (Gn 6,9) Pour éradiquer la corruption et la cruauté des hommes, Dieu décida de noyer son œuvre sous un déluge de pluie. Il ordonna à Noé de construire une arche dans laquelle il entrerait lui, sa femme, ses trois fils, Sem, Cham et Japhet, les enfants de ceux-ci, ainsi qu’un couple de chaque espèce d’animaux à partir desquels la Terre serait ensuite repeuplée. Si le déluge dura quarante jours, Noé et les occupants de l’Arche y séjournèrent pendant plus d’un an avant de pouvoir à nouveau fouler la terre ferme. Dieu renouvela alors son alliance avec la création. Il bénit Noé et ses fils et leur dit (Gn 9, 2-13) :
À peine sorti de l’Arche, "sur la terre encore mouillée et molle" comme le dit Victor Hugo , Noé planta une vigne. Un tel empressement n’est pas le fait du hasard. La vigne est l’expression des bonnes intentions de Noé, un signe de paix et d’harmonie dans un lien avec la terre, basé sur le travail, l’humilité et les joies simples. Cet homme juste et pacifique par qui tout le genre humain a été renouvelé, devient le père des vignerons. La vigne est ainsi, selon la Bible, le premier végétal planté par l’homme. Jusqu’à ce passage du chapitre IX de la Genèse, il n’était question que de la culture des plantes que Dieu avait fait pousser lui-même.
La culture de la vigne est bien comme le dit l’écrivain catholique Henri Pourrat, le "métier premier" et davantage encore la condition même de l’Homme. Après l’épreuve purificatrice du déluge, elle est une promesse de renouveau, de joie et d’espérance. Le métier de vigneron trouve là toute sa grandeur et sa noblesse. Il porte l’héritage de Noé. On peut, sous un angle plus mystique, considérer que Noé est aussi un prophète. En plantant pour la première fois une vigne, il annonce quelque chose de la nature de Dieu, un Dieu-Vigneron qui prend soin de sa création et qui veut faire partager quelque chose de l’Ivresse Éternelle qui l’habite, un Dieu qui veut donner à l’Homme de produire les bons fruits de la justice et de la charité. "La vigne, fille du déluge, et signe mystérieux de notre salut" dira Paul Claudel.