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L’épopée des combattants et des martyrs cristeros s’inscrit au Mexique dans une longue persécution qui commence en 1911, avec une révolution permanente menée par un parti de fonctionnaires et d’officiers contre tout l’être national de ce beau pays, qui se confond avec sa religion. La Révolution mexicaine installe en effet au pouvoir des idéologues violemment anticatholiques. Les Mexicains désignent ces nouveaux maîtres sous le nom de « Yankees » parce qu’ils viennent des territoires désertiques du Nord mexicain, à la frontière des États-Unis. Ces aventuriers sont protestants, francs-maçons, marxistes, plus souvent tueurs sans foi ni loi…
La Constitution révolutionnaire du Mexique, en vigueur jusqu’au début des années 2000, remonte à 1917. De fait, elle institue la dictature suprême de l’État : tous les corps intermédiaires, et spécialement les syndicats catholiques, sont mis dans l’illégalité… La loi prévoit aussi une cascade d’articles antireligieux. Mais le président Obregon (1920-1924) craint la puissance de l’Église mexicaine : il ne la croit pas mûre pour le « compromis historique », et ne presse pas leur application. On se contente, administrativement, de rendre la vie impossible au clergé.
À partir de 1924, le président Calles entreprend de démembrer morceau par morceau toute la société mexicaine, et confie à l’armée l’application des lois antireligieuses du régime précédent. Pour comprendre le soulèvement des Cristeros, il faut savoir qu’au Mexique de la Révolution calliste, comme dans la patrie des Soviets, les pouvoirs exécutifs et militaires sont étroitement confondus. L’armée n’abrite que des commissaires politiques aux postes-clés et ne recrute que des aventuriers. Elle reste anticatholique, anti-libérale, antifamiliale, et c’est elle — non le peuple ! — qui fait la Révolution…
L’antithéisme de l’armée fédérale mexicaine, sous la présidence de Calles (1924-1928), n’est pas un vain mot. Il s’impose d’emblée par la terreur. Le général Eulogio Ortiz fait fusiller séance tenante un de ses soldats qu’on avait surpris au bain, porteur d’une médaille de la Virgen de Guadalupe. Un peu partout, les officiers investissent à cheval la maison du Seigneur. Ils profanent les saintes espèces, organisent des orgies sur l’autel, montent en chaire pour blasphémer et dansent avec les statues ! La hiérarchie militaire est affiliée aux Loges : elle se donne pour mission de « défanatiser » le Mexique, en extirpant sa foi. Certains États punissent d’une amende de 10 pesos — une fortune, pour les paysans — la moindre allusion sur la voie publique au nom du Tout-Puissant. On ne dira plus adios, ni si Dios quiere (« si Dieu veut ») ; les mendiants eux-mêmes (pordioseros) doivent changer de litanies.
Parallèlement aux profanations, l’artillerie de l’armée fédérale entreprend de détruire les édifices religieux. Dans l’État de Tabasco, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, ne restaient sur pied que l’église de Cunduacan, transformée en garnison, et trois chapelles de village perdues dans les monts. La Révolution mexicaine interdit militairement au peuple de restaurer les ruines ; et elle-même n’a jamais rien construit. Aujourd’hui encore, elle abrite ses musées dans des couvents confisqués à l’Église, et ses gouverneurs dans les palais épiscopaux…
La loi fédérale du 14 juin 1926 frappe à nouveau. Elle semble directement inspirée du dispositif édicté en France au début du XXe siècle par les francs-maçons :expulsion des congrégations religieuses, spécialement enseignantes ; inventaire des biens de l’Église aux fins de nationalisation ; mise hors-la-loi de toutes les organisations professionnelles non gouvernementales, c’est-à-dire catholiques… Les religieuses sont particulièrement visées. On les arrête partout. Moniale : un à deux ans de prison, sans autre attendu. Supérieure : six. La Révolution mexicaine conserve un certain sens de la hiérarchie.
Le moindre curé de campagne doit « pointer » au commissariat, et y signer des engagements de non-prosélytisme religieux.
Le 2 juillet 1926, les catholiques mexicains, préparés pourtant par quinze ans de persécutions quotidiennes, doivent se frotter les yeux en découvrant le détail des sanctions prévues par la loi, dans les colonnes du Journal Officiel de Mexico : « L’enseignement sera laïque pour tout le monde : une amende de 500 pesos viendra punir les contrevenants… Corporations religieuses : 500 pesos d’amende… Personnes qui encourageraient un mineur à prononcer des vœux : emprisonnement immédiat, sans acception des liens de parenté… Ministres du culte, port de vêtements ecclésiastiques : 500 pesos… Recel ou dissimulation d’un bien de l’Église : deux ans de prison… Autorités municipales qui toléreraient ou encourageraient ces délits, 1.000 Pesos d’amende et destitution. »
Le point décisif de la persécution « callista » est l’enregistrement des prêtres, qui équivaut à notre révolutionnaire assermentation. Tous les ministres du culte public sont conviés manu militari à passer sous le contrôle direct du pouvoir civil. Le moindre curé de campagne doit « pointer » au commissariat, et y signer des engagements de non-prosélytisme religieux. Sous peine d’amende. En attendant l’arrestation, la torture et le peloton d’exécution.
De premiers signes de résistance apparaissent immédiatement dans la jeunesse. Lorsque la police commence à arrêter ses étudiants dans la rue, l’ACJM (Association catholique de la jeunesse mexicaine) diffuse un ordre du jour qui doit être consigné Là-Haut sur le grand livre pour la gloire du Christ-Roi : « Contre l’article 18 sur les délits en matière de culte religieux… nous avons décidé que le port permanent de notre insigne sera obligatoire pour tous les membres de l’ACJM à partir du 31 juillet. »
Au pied du mur, le peuple mexicain est sommé de se défendre ou de périr dans la foi. La résistance est d’abord pacifique – immédiate, générale et exemplaire. Et tout entière à l’initiative des organisations de laïcs, qui commencent par épuiser l’une après l’autre les voies pacifiques sans aucun résultat. Les catholiques improvisent partout d’immenses manifestations pénitentielles, spécialement dans les centres mariaux. On adressera aussi des pétitions en forme au Congrès, pour l’abrogation des lois anticatholiques. Les étudiants de l’ACJM, bras militant de la Liga Nacional Defensora de la Libertad Religiosa, vont réunir en quelques jours deux millions de signatures… Deux millions, dans un pays où la majorité des citoyens ne sait ni lire ni écrire, sans parler de l’état des communications… Le président de la Chambre des députés fera répondre, en septembre 1926, qu’il n’avait rien reçu !
Les premiers martyrs cristeros auront compté beaucoup de femmes, d’enfants, qui défilaient armés du rosaire et vêtus de blanc.
Vinrent ensuite les occupations d’églises et les manifestations de rue : on marche sur les palais gouvernementaux, avec pancartes et statues, sous la protection du Saint-Sacrement. Rassemblements réprimés au Mauser et à la mitrailleuse lourde par les régiments de ligne fédéraux. Les premiers martyrs cristeros auront compté beaucoup de femmes, d’enfants, qui défilaient armés du rosaire et vêtus de blanc.
Puis, en mai 1926, les catholiques organisent le boycott économique de l'État. La dernière initiative, lancée par la Ligue de Défense de la liberté religieuse, ne manquait pas d’ingéniosité. On fit circuler la liste de tous les magasins, trusts, services qui, au Mexique, étaient propriété de l’État. Le mot d’ordre restait sous-entendu. Les familles catholiques ne prenaient plus le train, le bateau, la diligence ; elles se privaient de spectacle, de foire, de corrida ; elles annulaient toutes les commandes qui n’étaient pas rigoureusement nécessaires à la vie. Bref, elles organisaient le boycott économique du gouvernement. Seuls les petits commerces d’alimentation pouvaient survivre au naufrage général de l’économie d’État. Admirable leçon : les catholiques mexicains prouvent à leurs colonisateurs yankees que le Salut de l’âme leur importe davantage, qu’il reste, pour eux, très au-dessus de tous les progrès matériels de la civilisation. En ferions-nous autant ?
Cet été 1926, le sang chrétien du Mexique coule partout mais la nation continue d’exiger l’abrogation des articles anti-chrétiens. L’épiscopat mexicain réagit, avant d’appeler les prêtres à rejoindre des chapelles privées. Peu d’appels à la résistance politique, dans toute l’histoire de la chrétienté, furent aussi clairement légitimes que celui-là. L’épiscopat, pourtant fort divisé sur l’attitude à prendre, comprend aussitôt qu’il ne peut plus reculer… Il décrète une mesure absolument inédite, qui doit entrer en vigueur le 31 juillet : la suspension du culte public. Pour la première fois, dans l’Église universelle, le clergé cesse partout de célébrer la messe, il cesse d’administrer les sacrements dans l’ensemble des lieux de culte ouverts aux quinze millions de catholiques mexicains.
La riposte est cohérente, elle est logique s’il s’agit de répondre à l’inacceptable décret « d’enregistrement » : « Vous mettez des conditions impossibles à la continuation du culte public ? L’Église mexicaine ne célèbre donc plus que dans les chapelles privées. » Ce coup de poker épiscopal eût été plus courageux, et pleinement cohérent avec la foi mexicaine, si les évêques aussitôt avaient organisé, s’ils avaient seulement permis l’entrée du clergé dans les catacombes, aux côtés du peuple qui cachait déjà ses prêtres spontanément. Tout était prêt… Mais voici que la hiérarchie ordonne aux curés de campagne de rejoindre en ville l’abri des chapelles privées. Et la majorité des prêtres mexicains, qui ont vingt ou trente ans, qui sont prêts à tous les sacrifices, plient devant cette solution de facilité. On les persuade sans peine que désobéir à l’évêque, fût-ce par fidélité au peuple, qui est alors une Église crucifiée, c’est désobéir au pape. Le moyen de le leur reprocher ?
Seule une centaine de prêtres, peut-être 110 (sur 3 500), ignore dès le 1er août 1926 les consignes de l’épiscopat. Ils vont offrir leur vie, aux côtés des Cristeros. De très nombreux régiments devront donc monter au feu sans le secours des sacrements. Car voici que ce peuple qui avait tout supporté du despotisme maçon, comme des bandits qui ravageaient le Mexique avant lui — le fouet, la spoliation, la misère —, voici que ce peuple humble et soumis, prêt à tirer son chapeau dans la rue sur le passage des riches et des puissants, ce peuple qui a déjà abandonné à César, dans le sang et les larmes, ses terres, ses richesses, ses libertés, son honneur national, ce peuple qui reste le plus doux du continent américain, voici qu’il ne supporte pas qu’on le prive des sacrements de sa religion.
En juin 1927, quand le gouvernement mexicain ne contrôle plus que les capitales, force lui est de se rabattre sur les citadins. La répression du gouvernement est sanglante. Trois jeunes gens, torturés une nuit entière par les soldats, sont fusillés le 25 contre un mur de la cathédrale de Colima, avec toute la ville pour témoin.
Les trois jeunes femmes appartenaient aux « BB », les Brigades féminines Sainte Jeanne d’Arc...
Détail significatif, les officiers de l’Armée fédérale, comme feront plus tard les nazis, photographient partout leurs propres atrocités. Un cliché particulièrement symbolique montre un homme traîné sur un brancard au lieu de l’exécution, et les deux autres fauchés autour, qui baignent de leur sang un sinistre caniveau. Appuyés sur le mur de la cathédrale, pour les besoins de la mise en scène, les fusils de la rébellion. À droite et à gauche, des cadavres, trois minces jeunes femmes d’une vingtaine d’années, voilées de noir, debout, dos au mur, montent sous l’œil des sentinelles une garde d’honneur forcée. C’était l’habitude de faire assister les proches aux exécutions. Ces trois-là sans doute auraient préféré mourir avec leurs frères dans le petit matin : après le spectacle de l’exécution, et le supplice du soleil de juillet à Colima, contre un mur nu, elles seront torturées l’une après l’autre dans les casernes de l’armée. L’officier de service pousse son délire de cruauté jusqu’à les soumettre plusieurs jours de suite à des simulacres de pendaison. On réanime les malheureuses à l’eau froide, entre deux suspensions. Les trois jeunes femmes appartenaient aux « BB », les Brigades féminines Sainte Jeanne d’Arc, surnommées Brigadas Bonitas (jolies brigades) par les étudiants cristeros. Elles avaient mis sur pied dans leur ville un service de renseignements. La soldatesque, qui arrête souvent au hasard des rues, pour assouvir son appétit de viol et de sang, ne s’expose pas ainsi à « l’erreur judiciaire » : dans le Mexique cristero, toute la jeunesse résiste.
Selon certains, les Cristeros auraient violé la loi d’amour évangélique. Lors de la sortie du beau film de Dean Wright, For Greater Glory (2012), la polémique a enflé sur la prise d’armes des Cristeros. "Ce Cristeros tient davantage du western que du film d'inspiration chrétienne", déplorait La Croix en 2014. Or Si le film force le trait, c’est bien plutôt de l’autre côté. On n’y voit pas les drapeaux noirs aux tibias entrecroisés de l’armée fédérale. On n’y entend pas la sinistre sonnerie mexicaine du deguëllo, popularisée par le cinéma dans Fort Alamo (pas de quartier), ni ce cri de guerre qui se passe de traduction : Viva el Demonio ! Je n’ai pas vu non plus que le film ait consacré un seul plan aux plus épouvantables sacrilèges commis par les officiers de l’armée fédérale dans les églises, pour faire brouter par leurs chevaux les hosties consacrées, ou dans les cimetières des couvents, lorsqu’ils déterrent et décapitent les squelettes des moniales pour jouer au foot avec leurs têtes… On nous épargne aussi les émasculations systématiques des prêtres réfractaires, le viol des petites filles, les seins coupés des mamans ou l’éventration des femmes enceintes, en place publique, pour terrifier tous les villages qui abritaient des combattants. Le film de Dean Wright rend bien justice aux Cristeros, sur la pureté de leur combat. Et la vérité de cette œuvre reste totale au plan humain, psychologique et spirituel : une nation entière se soulève contre un gouvernement totalitaire et déicide, sans aucun autre objectif temporel que la restauration des libertés de sa foi.
Les Cristeros ont mis partout un point d’honneur à ne pas suivre l’exemple des Fédéraux qui torturaient frénétiquement avant de faire périr tous les prisonniers.
Mais je ne trouve pas que Dean Wright fasse également justice de la barbarie sanglante et intégrale des colonnes infernales de Mexico. Si la justice consiste à rendre à chacun ce qui lui est dû, elle s’est montrée ici bien trop clémente envers les assassins. Et un peu trop sévère parfois pour les Cristeros eux-mêmes, lorsque le scénariste reprend presque en copié-collé une scène inventée de toutes pièces par un vieux film de la propagande gouvernementale du Parti Révolutionnaire Institutionnel du Mexique, où l’on voit un chef de corps cristero pendre séance tenante un sous-officier de l’armée fédérale, dans une église, face au cadavre du prêtre que ce dernier vient de faire assassiner ! Les Cristeros au contraire ont mis partout un point d’honneur à ne pas suivre l’exemple des Fédéraux qui torturaient frénétiquement avant de faire périr tous les prisonniers.
La loi d’amour évangélique en effet n’abolit pas les droits naturels de la légitime défense contre les assassins du corps, non plus que les droits spirituels contre les assassins de l’âme, qui peuvent conduire à l’insurrection nationale, codifiée dans la doctrine catholique de la « juste guerre » depuis saint Augustin et saint Thomas d’Aquin. Il y faut notamment une violation certaine, grave et prolongée des droits fondamentaux : dans le cas du Mexique, la persécution administrative, pénale et sanglante des prêtres et des fidèles catholiques, en 1926, s’aggrave depuis près d’un siècle, pas moins ! Il y faut également avoir épuisé tous les recours pacifiques contre l’oppresseur : les Mexicains ont multiplié trois ans de suite les manifestations pénitentielles, les occupations d’églises, les processions publiques, les pétitions au Congrès, et jusqu’au boycott économique du gouvernement — en vain… On pourrait d’ailleurs s’arrêter ici. Quand un gouvernement fait ouvrir le feu au Mauser et à la mitrailleuse lourde sur des femmes et des enfants qui défilent en aube, dans la rue, sous la seule protection du Saint-Sacrement, quel homme d’honneur ne prendrait pas les armes aussitôt ? Savez-vous ce que demanda saint Augustin sur son lit de mort, le 20 août 430, dans Hippone assiégée, aux disciples qui pleurnichaient de le voir partir vers le Ciel ? Il les mit tous à la porte, avec ce simple commandement militaire : « Les Barbares sont aux remparts de la ville : allez-y donc ! »
Ce n’est d’ailleurs pas à l’Église de décider où et quand il est légitime pour les catholiques de se jeter dans la résistance armée, comme le rappelait Pie XI, le 28 mars 1937, dans une lettre aux prélats de la hiérarchie mexicaine :
Comment peut-on dénigrer "l’inspiration chrétienne" d’un film qui romance avec tant de talent « la grande bataille du Christ », selon Pie XI, et la plus grande insurrection catholique du XXe siècle, selon les seuls historiens français qui aient étudié la question ? Au Mexique, une nation entière se mobilise sous les drapeaux du Dieu fait homme, elle marche vers les mitrailleuses et les canons de l’Antéchrist parce qu’elle refuse l’abdication des dernières libertés de sa foi. Du point de vue de la connaissance historique, l’effacement des Cristeros reste une absurdité : en aval de ces trois années de guerre, s’inscrit le drame d’une gigantesque opération de déportation et de génocide qui donne sa dimension principale à la Révolution des Bolcheviks mexicains. Les desfanatizadores du pouvoir central ("défanatiseurs", c’est le nom qu’ils se donnent), en programmant la mort de la religion catholique, plaçaient tout un pays hors-la-loi. Ils provoquèrent le soulèvement que les pires corruptions politiques, le racket, la misère n’avaient pas entraînés. Ils y perdirent plusieurs années de suite le contrôle d’une quinzaine d’États au sein de la République fédérale, malgré le soutien militaire de l’Amérique, n’occupant plus que les capitales et quelques routes. Sans l’incroyable dénouement des Accords de 1929, ils y auraient perdu pour toujours le Mexique entier...
D’un point de vue simplement catholique, le mystère du long silence général est encore plus grand. Car l’épopée des Cristeros a fait beaucoup plus de morts, elle a donné plus de martyrs à l’Église universelle que les déchaînements de la persécution religieuse en République rouge espagnole, dix ans après. La Cristiada des insurgés mexicains entre de plain-pied, dans la communion des saints, avec l’insurrection de Vendée en 1793, en étant catholique et royale en la seule personne du Christ qu’ils proclamaient « Roi des Nations » aux côtés du pape régnant.
En juillet 1929, suite aux accords signés entre l’épiscopat et le gouvernement mexicain (Arreglos), les Cristeros déposent les armes. Leur fin est triste et ressemble à un marché de dupes. Sur les assurances purement verbales et mensongères d’amnistie des combattants cristeros et de réouverture des églises au peuple mexicain, les évêques, revenus d’exil, convainquent en effet la majorité des officiers cristeros de déposer les armes avec leurs unités. Entre juillet 1929 et janvier 1930, 4.400 prêtres retournent dans les églises mexicaines.
Mais les évêques avaient signé le rétablissement du culte catholique « en accord avec les lois en vigueur » (celles de la Constitution antireligieuse de 1917, incluant l’enregistrement des prêtres par les gouverneurs d’État). Résultat, en juin 1935, 300 prêtres seulement sont accrédités sur tout le territoire mexicain. Le père Félix de Jésus Rougier écrit dans ses Mémoires que dès le mois de décembre 1931 (soit deux ans et demi après la signature des Arreglos), le gouverneur de la capitale Mexico qui compte déjà un million d’habitants n’autorise que 25 prêtres à exercer leur ministère. Tous les autres sont condamnés à distribuer les sacrements en cachette, au risque de l’une ou l’autre des trois sanctions suivantes : encierro, destierro o entierro (la prison, l’exil ou le cimetière) ! Quant aux combattants Cristeros « amnistiés » par le gouvernement mexicain, ils seront poursuivis et assassinés en grand nombre jusqu’en 1940.