L’Assemblée nationale vient d’adopter, en troisième lecture, le projet de loi bioéthique et, si le texte doit repasser au Sénat, le dernier mot est annoncé pour l’Assemblée fin juin. Les promoteurs de ces folies (PMA pour les couples de femmes, recherche sur l’embryon humain, embryons chimères, avortement tardif…) n’ont de cesse de se féliciter de ces avancées et de pointer nos supposés "échecs", "désillusions", "défaites". Sans doute sommes-nous quelque peu… fatigués : fatigués de manifester sans être entendus, fatigués des réformes qui se suivent et se ressemblent, fatigués du contexte social de plus en plus délétère que nous vivons. Mais ne nous laissons pas piéger !
Est-ce un échec, tous ces jeunes sur les réseaux sociaux, tous ces jeunes dans la rue plusieurs fois par an avec un enthousiasme jamais démenti ? Encore la semaine dernière, devant l’Assemblée, des jeunes, très jeunes, au rendez-vous après une journée de cours, le sourire aux lèvres et l’espérance au cœur pendant que les députés se couvraient de honte en votant la PMA sans père dans l’hémicycle du palais Bourbon : avions-nous à leur âge ce sens des responsabilités et leur désir de contribuer au bien commun de notre pays ?
Est-ce un échec, tous ces chercheurs, ces auteurs attelés à la tâche pour déjouer les promesses fallacieuses d’une procréation égoïste et individualiste, de dénoncer les injustices camouflées sous les bons sentiments d’amour et d’égalité, de débusquer les transgressions majeures dissimulées derrière les faux espoirs d’une recherche prétendument au service de l’humanité ? Étions-nous capables, il y a dix ans, d’expliquer la réalité de ces données anthropologiques majeures que sont le mariage ou la filiation, pour décrypter les impasses du prétendu progrès ? Et que dire de tous ces gens courageux, renonçant à leur confort pour aller croiser le fer dans les médias, à la télévision, à la radio, au Parlement malgré la mauvaise foi, les embûches, les anathèmes, la diabolisation, les attaques ad hominem et même les menaces ? Où est l’échec de tant d’engagements en politique, dans les associations, les structures et instances diverses, professionnelles, ordinales, syndicales ?
Non, il n’est pas vrai que notre mobilisation ne sert à rien. Et ceux qui relaient cette aberration sous prétexte d’un prétendu réalisme, à moins que ce ne soit pour tenter de justifier leur propre démission, seraient mieux avisés de se taire pour éviter, au moins, de décourager les autres. Non, il n’est pas vrai que nous nous heurtons à un rouleau compresseur idéologique inarrêtable. Ce rouleau compresseur existe, ça oui, mais il n'est pas tout puissant. Seulement, en roue libre depuis des années, il a beaucoup d'élan.
Nous sommes les grains de sable qui avons déjà bien enrayé la machine, comme en témoignent les soubresauts de ce projet de loi bioéthique et la fébrilité avec laquelle ses promoteurs fuient tout débat pour voter pendant qu'ils le peuvent encore des mesures plus aberrantes les unes que les autres, jusqu'à la fabrication d'embryons humains génétiquement modifiés et de chimères mélanges humain/animal.
Nous sommes chargés, devant l'histoire, de dire stop. Ce n’est pas facile de dire stop, d’être des opposants alors que nous avons tant de projets et d’idées dans lesquels engager notre énergie, notre argent, notre temps. Nous avons battu le pavé pour dire non à des folies dont nous aimerions ne même pas avoir à discuter. L’actualité nous oblige à nous prononcer contre le projet de loi bioéthique mais nous voyons beaucoup plus loin puisque nous travaillons pour la reconstruction d’un lien social humain et solidaire fondé sur des lois justes. Notre mobilisation n’a rien d’un baroud d’honneur. La loi sur la PMA peut bien être adoptée, nous allons gagner et d’ailleurs, la société est en train de changer. Voulez-vous des preuves ? Qui eût cru il y a quelques décennies que les pédophiles, stars des plateaux-télévision, seraient confrontés aujourd’hui aux horreurs qu’ils ont commises ? Qui aurait pensé que les prédateurs sexuels d’Hollywood, qui se croyaient tout permis, adulés dans un monde libertaire, finiraient leurs jours derrière les barreaux ? Qui aurait imaginé que le Kremlin, qui a incarné pendant des années le matérialisme communiste, inscrirait en 2021 dans la Constitution russe la foi en Dieu et le mariage union d’un homme et une femme ? Ce n’est pas le moment de flancher, la machine du soi-disant progrès est déjà largement enrayée. À nous de tenir le coup car cela prendra le temps qu’il faudra mais, à la fin, la justice reprend ses droits.