Joseph est le fils favori de son père Jacob. Ses aînés le jalousent d’autant plus qu’il s’avère doué pour interpréter les rêves et fait preuve d’une sagesse de tous les instants. Un jour qu’ils allèrent mener des bêtes au marché, les frères de Joseph tentèrent de le tuer, le blessèrent, et décidèrent en fin de compte de le vendre à un marchand d’esclaves égyptien. De retour, ils firent croire à leur père qu’il avait été dévoré par une bête sauvage… Voilà le scénario et l'authentique épisode biblique que raconte "Joseph vendu par ses frères", péplum italo-yougoslave réalisé par Irving Rapper et Luciano Ricci.
Il s’agit en effet de Joseph, dit le patriarche, onzième des douze fils de Jacob. Il est le premier-né de Rachel, deuxième épouse de Jacob, longtemps stérile. Cette naissance singulière due à la volonté divine allait engendrer une terrible jalousie parmi ses autres frères et un destin hors du commun pour Joseph. Une destinée qui ne pouvait, il est vrai, qu’inspirer le cinéma. Sous la direction du scénariste Guglielmo Santangelo, ce péplum, sorti en 1961, donna lieu à une trame fidèle au texte de la Bible relatant les principaux épisodes de la vie mouvementée du patriarche.
Le film a, en effet, retenu de cet épisode biblique particulièrement douloureux le destin étonnant de Joseph, haï de ses propres frères alors qu’il n’était que douceur et gentillesse, au point d’être vendu par eux quasi mort à un marchand d’esclaves égyptien. Le personnage de Joseph n’est pas sans préfigurer celui du Christ, dispensant la signification des songes et ses actes de charité avant d’être vendu par ses proches et condamné à un destin tragique.
La vie de Joseph suivra cependant fidèlement la volonté divine, rebelle en rien et acceptant son chemin de souffrance. Réduit à la situation d’esclave, il gagne cependant les faveurs de ses maîtres égyptiens en faisant preuve de sagesse et clairvoyance. Mais, subissant la vengeance de sa maîtresse dont il a refusé les faveurs et suscitant une fois de plus la jalousie parmi les Égyptiens, il se trouve de nouveau condamné pour des faits qu’il n’a pas commis.
Loin des superproductions hollywoodiennes, Joseph vendu par ses frères également connu sous le titre L’Esclave du pharaon souffre d’un budget manifestement plus réduit avec des acteurs pour la plupart de second rang (l’actrice anglaise Belinda Lee, qui incarne sa maîtresse égyptienne, mourra prématurément à l’âge de 25 ans après un début de carrière prometteur dans les péplums). Figure même au générique dans un de ses premiers rôles l’acteur Terence Hill interprétant Benjamin, le jeune frère de Joseph, et qui aura la carrière que l’on sait dans le western spaghetti.
L’intérêt de cette production modeste qui répond cependant aux critères du péplum en intégrant quelques scènes plus grandioses tient plus au respect du texte de la Bible qu’à des reconstitutions « pharaoniques » à la Cecil B. DeMille. Joseph illustre en effet la place paradoxale qu’occuperont parfois les fils d’Israël en Égypte au point de devenir, sous la volonté divine, pour l’un d’entre eux premier ministre de Pharaon après avoir été leur esclave… À ce titre, « Joseph vendu par ses frères » relate la destinée divine d’un personnage incontournable de la Bible, Joseph, et par là même un épisode biblique donné pour majeur.