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Haiti : l’Église à la tête du mouvement de contestation

HAITI
Agnès Pinard Legry - publié le 22/04/21
Le mouvement de contestation lancé par l’Église d’Haïti ne faiblit pas après l’enlèvement, le 11 avril, de sept religieux. À l’issue d’un nouvel appel à arrêter le travail pour exiger la libération des captifs, les églises d’Haïti vont faire sonner leurs cloches ce vendredi à l’unisson. Un temps d’adoration et une récitation du chapelet de la Divine miséricorde sont également prévus.

L’Église catholique se trouve en première ligne dans le mouvement de contestation qui traverse Haïti depuis l’enlèvement, dimanche 11 avril, de sept religieux dont deux Français par un groupe armé. Une situation d'autant plus inquiétante que "l'état de santé de certains des religieux enlevés commence à se détériorer de façon inquiétante", s'alarme le père Frantzy Petit-Homme, curé haïtien d'une paroisse universitaire de Port-au-Prince, dans des propos rapportés par le journaliste haïtien Robenson Geffrard. Ce vendredi 23 avril, à l’issue d’un nouvel appel à arrêter le travail pendant trois jours dans les institutions catholiques (écoles, universités...), auquel s’est largement joint le secteur privé, l’Église d’Haïti va marquer un grand coup pour exiger la libération des captifs. À "midi tapant", les cloches de toutes les églises du pays vont sonner à toute volée.

Les entrailles de tous ceux qui ont un peu d’amour dans leur cœur se déchirent. Dix jours entre les mains des ravisseurs, c’en est trop !

Une adoration du Saint-Sacrement est également prévue dans l’après-midi à la cathédrale de Port-au-Prince et dans les églises qui le souhaitent, en méditant quelques Psaumes de louange. Ce même vendredi, vers 15h le chapelet de la Divine miséricorde sera dit dans toutes les paroisses. "Nous, Évêques catholiques d’Haïti, constatons avec beaucoup de tristesse que la situation de nos frères et sœurs pris en otage par des bandits n’a pas changé jusqu’à présent", dénoncent les évêques dans un communiqué. "Les entrailles de tous ceux qui ont un peu d’amour dans leur cœur se déchirent. Dix jours entre les mains des ravisseurs, c’en est trop !".

L’Église d’Haïti apparait depuis quelques jours comme la seule institution crédible aux yeux des haïtiens pour infléchir la politique des autorités. Jeudi 15 avril elle avait déjà lancé une journée d’appel à l’arrêt du travail dans les institutions catholiques. Un appel largement suivi par l’ensemble de la population, paralysant une grande partie du pays. Depuis l’enlèvement des sept religieux, les évêques du pays ont multiplié les appels à la prière auprès des fidèles mais aussi des appels à agir auprès du gouvernement. Gagné par la violence et l’insécurité, une grande partie du pays est en proie à des groupes armés qui sillonnent les routes.

Dans ce pays à majorité chrétienne, l’Église a toujours eu une voix largement écoutée. Non seulement parce qu’une grande partie des Haïtiens sont de confession chrétienne, mais aussi par son action, sa présence et son soutien indéfectible auprès de la population, y compris dans les territoires abandonnés par l’État. "L’Église d’Haïti est une institution très structurée dans le pays. Les Haïtiens ont confiance en l’Église et quand la situation est délicate, comme c’est le cas aujourd’hui, sa parole est attendue par le peuple", expliquait récemment à Aleteia le père Francklin Gracia, prêtre haïtien exerçant dans le diocèse de Rennes. "Les gens ont soif de son discours, de sa position sur les sujets d’actualité, de société, de sécurité. Et quand l’Église propose quelque chose, le peuple suit !"

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