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Les instruments de musique de la Bible : la flûte (6/7)

Youbal, ppar Nino Pisano, 1334-36. détail d'un relief du campanile de la cathédrale Florence, Italie.

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Philippe-Emmanuel Krautter - publié le 09/04/21
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À l’image de la Grèce antique, la flûte dans la Bible renvoie à un environnement bucolique de pâtres et de bergers. Et pourtant, si cette image est bien avérée dans le monde biblique, essentiellement rural, cet instrument par sa sonorité fine et délicate participe également de la conversation sacrée avec Dieu.

La flûte compte parmi les premiers instruments que l’humanité eut l’idée d’inventer à partir d’un os d’animal percé ou d’une fine tige de roseau. Présents dès la Préhistoire, les premières civilisations produiront de nombreux instruments de ce genre. L’aulos grec trouve ses origines entre le IIIe et IIe millénaire av. J.-C. et l’Égypte antique en livre une version à deux tuyaux, un millénaire après. 

Mais, la Bible repousse encore plus loin ces origines présumées de la flûte, puisque c’est au livre de la Genèse que cet instrument biblique se trouve évoqué : « Lamek prit deux femmes : l’une s’appelait Ada et l’autre, Silla. Ada mit au monde Yabal : celui-ci fut le père de ceux qui habitent sous la tente et parmi les troupeaux. Son frère s’appelait Youbal ; il fut le père de tous ceux qui jouent de la cithare et de la flûte » (Gn 4, 19-21)

Par sa taille réduite et sa facilité de fabrication, la flûte prospère rapidement dans le monde méditerranéen. Les premières flûtes devaient ressembler à des pipeaux, voire à des flûtes de Pan. Des représentations issues de fouilles archéologiques montrent des joueurs tenant en main des flûtes doubles à l’image de celles présentes dans le monde grec antique. Un bas-relief hittite de Kara Tépé, une idole de Achziv, ainsi qu’un support de bronze de Meggido constituent de nos jours les principales représentations héritées de ces époques anciennes.

La Bible relate la présence de la flûte, en premier lieu, dans le quotidien des bergers : « Alors vous pourrez chanter comme dans la nuit où l’on célèbre la fête avec la joie au cœur, comme on va, au son des flûtes, à la montagne du Seigneur, vers le rocher d’Israël ». (Is 30, 29). Symbole de joie et de félicité, le délicat son de la flûte s’élève ainsi des montagnes vers Dieu.

La flûte peut également venir consacrer avec la même allégresse des évènements plus solennels comme l’onction royale de Salomon : « Le prêtre Sadoc prit dans la Tente la corne d’huile et donna l’onction à Salomon. On sonna du cor et tout le peuple dit : « Vive le roi Salomon ! » Tout le peuple remonta derrière lui. Le peuple jouait de la flûte et manifestait une joie débordante, au point que la terre se fendait à leurs voix » (1 R 39-40)

Mais, la flûte, notamment dans le Nouveau Testament, peut être teintée de peines et de souffrances, et ce, sous l’influence de la culture romaine. Cette dernière avait en effet pour pratique de faire précéder le cercueil d’un défunt par des joueuses de flûte et des pleureuses dans le cortège menant au lieu d’inhumation. Aussi, lorsqu’un deuil survenait, la flûte pouvait aussi symboliser la mort. L’Évangile de Matthieu rappelle de manière émouvante cette pratique antique. À l’annonce de la mort d’une jeune fille, c’est au son des flûtes que Jésus est accueilli : « Jésus, arrivé à la maison du notable, vit les joueurs de flûte et la foule qui s’agitait bruyamment. Il dit alors : « Retirez-vous. La jeune fille n’est pas morte : elle dort. » Mais on se moquait de lui. Quand la foule fut mise dehors, il entra, lui saisit la main, et la jeune fille se leva ». Rien n’est impossible à Dieu et lorsque le son plaintif de la flûte s’élève et marque le deuil, la vie peut encore surgir, ainsi que le démontre ce miracle opéré par Jésus.

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