C’est la belle et longue corne d’un bélier qui sert à fabriquer le shofar, la partie la plus étroite faisant office d’embouchure. La référence au son puissant qu’émet cette corne survient à de multiples reprises dans la Bible, l’épisode des murs de Jéricho étant certainement le plus impressionnant, à défaut d’être peut-être le plus mélodieux. Josué et ses troupes se trouvent face à la ville de Jéricho qu’ils souhaitent prendre. Le Seigneur dit à Josué : « Devant l’arche, sept prêtres porteront sept trompes en corne de bélier. Le septième jour, vous ferez sept fois le tour de la ville, et les prêtres sonneront du cor. Quand retentira la corne de bélier – quand vous entendrez le son du cor –, tout le peuple poussera une grande clameur ; alors, le rempart de la ville s’effondrera sur place et le peuple montera à l’assaut, chacun droit devant soi. » (Js 6, 4-5)
C’est ce que fit le peuple, et les remparts de Jéricho réputés imprenables s’effondrèrent instantanément au son de la corne de bélier, permettant ainsi à Josué de prendre la ville… Cet impressionnant épisode révèle ainsi que le shofar possède non seulement un son des plus puissants, mais symbolise également la puissance divine.
Dans le même esprit, la force de cette corne sera utilisée lors des multiples actions guerrières menées par Israël tout au long de l’Ancien Testament et servira d’appel au combat : « Levez l’étendard dans le pays, sonnez du cor parmi les nations ! Contre Babylone mobilisez des nations, alertez contre elle des royaumes… » (Jr 51, 27). Le livre des Nombres souligne plus encore peut-être cette idée de protection divine grâce à la puissance du shofar : « Lorsque, sur votre terre, vous marcherez au combat contre l’ennemi qui vous enserre, vous accompagnerez les cris de guerre de la sonnerie des trompettes. Ainsi il sera fait mémoire de vous devant le Seigneur votre Dieu, et vous serez sauvés de vos ennemis ». (Nb 10, 9).
Le shofar se révèle être un des instruments bibliques les plus puissants. Laissé à la pleine volonté divine, il sera à ce titre à maintes reprises évoqué dans les Écritures Saintes.
Ainsi, si le shofar se fait l’instrument divin contre les ennemis, il est aussi parfois le moyen d’attirer l’attention de Dieu. La Bible nous livre différentes facettes de la force divine de cet instrument si sonore. Par ailleurs, encore, il pourra être l’instrument privilégié et officiel d’intronisation du roi, ainsi qu’en témoigne le deuxième livre de Samuel : « Dès que vous entendrez le son du cor, vous direz : “Absalom est devenu roi à Hébron !” ». Surtout, soulignons que ce sera cet instrument biblique qui accompagnera les processions de l’arche avec David : « David et tout le peuple d’Israël firent monter l’arche du Seigneur parmi les ovations, au son du cor. » (2S 6, 15). Le shofar se révèle ainsi être un des instruments bibliques les plus puissants ; Laissé à la pleine volonté divine, il sera à ce titre à maintes reprises évoqué dans les Écritures Saintes.
En 2013, l’archéologue Eilat Mazar découvrit au pied du Mont du Temple à Jérusalem un shofar datant de la période byzantine (début du VIIe siècle). Une découverte majeure signe de l’importance de cet instrument dans le judaïsme des temps les plus anciens. Mais, cet instrument qui a traversé les temps les plus reculés, est encore aujourd’hui utilisé dans le judaïsme, et ce à l’occasion de deux évènements d’importance : lors des fêtes du Nouvel An (Rosh ha-Shana) et le jour du grand pardon (Yom Kippour). Le Shofar vient ainsi encore de nos jours marquer de sa longue sonnerie la rupture du jeûne. Le son particulier de cet instrument biblique donne lieu à différentes variations, selon qu’il est prolongé ou saccadé, signe de joie pour les victoires ou de sanglots pour les fautes commises…