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L’exemple de saint Joseph, remède à la crise de l’autorité ?

SAINT JOSEPH
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Jean-Michel Castaing - publié le 14/03/21
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La figure douce et humble de saint Joseph, auquel Jésus obéit durant son enfance, peut faire redécouvrir la vraie nature de l'autorité.

À longueur de journée, les médias se font l'écho de la crise que traverse l'autorité. Chaque fois qu'un policier est agressé, un professeur menacé, un camion de pompier caillassé, un médecin interdit de séjour dans une cité, ou la classe politique vilipendée comme « pourrie », les commentateurs déplorent le recul de l'autorité. Une armada de sociologues, psychologues et philosophes est convoquée pour dresser le diagnostic, et surtout pour suggérer des solutions à apporter à cette crise qui risque d'emporter avec elle la cohésion de la nation. 

Dans ce concert de déplorations, les chrétiens ont-ils leur mot à dire ? Et si la dévotion à saint Joseph, spécialement mise en honneur cette année par le Saint-Père représentait une réponse providentielle à ce défi sociétal ? Plusieurs motifs plaident en faveur de cette voie.

La place irremplaçable de la famille

Tout d'abord, afin de mieux cerner la problématique de cet état de fait et l’analyser, les spécialistes seraient bien inspirés de partir de la réalité qui sert de terreau à l'éclosion de l'acceptation de l'autorité par l'enfant ou l'adolescent. Or, ce soubassement, c'est la famille. C'est au sein de la cellule familiale que le petit homme intègre peu à peu la réalité et l'importance de l'autorité. Celle-ci ne consiste pas seulement à donner des ordres : elle est d'abord un service, une aide pour faire grandir. Telle est la première tâche des parents vis-à-vis de leur enfant. Ce dernier identifie l'autorité à la figure de ses géniteurs. À l'intérieur du cercle familial, il comprend que les recommandations ou les ordres que lui donnent son père et sa mère ne sont pas des signes de domination, mais des moyens pour l'éduquer et lui apprendre les rudiments du savoir-vivre. 

L'humilité de Joseph devait rendre son autorité légère et agréable.

L'autorité s'apprend dès le plus jeune âge. Aussi la crise qu'elle traverse aujourd'hui n'est-elle pas sans rapport avec celle qui secoue et déstabilise la structure familiale. Familles recomposées ou monoparentales, parents absents, mères méprisées par leurs enfants, idéologies visant à décrédibiliser la place du père ou la différence sexuelle : toutes ces réalités ont contribué à saper l'autorité dans son berceau naturel. L'enfant qui a très peu connu son père projettera cette carence affective et le mal-être qui en découle sur l'ensemble des institutions dans lesquelles il ne verra jamais des auxiliaires du bien commun mais plutôt des entraves à ses désirs.

L'autorité est un service

C'est ici que la figure de saint Joseph s'avère d'un précieux secours. Joseph est d'abord un père de famille auquel Jésus a obéi de bon cœur. Son autorité devait être naturelle, couler de source. Bien sûr, abstraction faite de la sainteté sans égale du charpentier de Nazareth et de son fils, une telle attitude était facilitée par la mentalité religieuse de l'époque où la dévotion aux parents tenait une très grande place. Mais surtout, l'humilité de Joseph devait rendre son autorité légère et agréable. On n'imagine pas le chaste époux de Marie en père autoritaire et colérique ! Chaque enfant possède toujours une intuition affective très sûre. Il devine infailliblement si une injonction lui est signifiée par amour ou bien par désir de dominer ou par lassitude. C'est cette autorité bienfaisante et bienveillante (cela devrait être un pléonasme) que nous pouvons apprendre à l'école du père adoptif de Jésus.

Car l'autorité est incontournable dans l'existence. On n'obéit pas d'abord à cause des qualités de son père ou de sa mère, mais parce qu'ils en savent plus que nous sur la vie. Laissé à lui-même, l'enfant n'est pas en mesure de se diriger et de s'orienter tout seul dans le labyrinthe de la vie. Il en va pareillement pour le citoyen ordinaire dans ses rapports avec la police, la justice, les pompiers, le professeur ou les hommes politiques. Ce n'est pas à lui de faire régner l'ordre dans la cité, de rendre la justice, d'éteindre les incendies, d’enseigner une matière qu’il ne maîtrise pas ou de prendre des responsabilités qui engagent l'ensemble du pays. 

L'autorité est toujours exercée en vue d'un bien qui transcende à la fois celui qui en est investi et celui qui la respecte.

On respecte les institutions parce qu'elles sont au service d'un bien qui transcende notre désir individuel. Le fondement de l'autorité tient à cela : je respecte celui ou celle qui en est investi parce que nous sommes tous les deux, celui qui la possède comme moi qui lui obéis, dépendants tous les deux d'un ordre qui nous dépasse, d'une transcendance. Et cet ordre des choses sera mieux respecté si, à la reconnaissance de notre dépendance envers ce Tiers transcendant, s'ajoute l'amour que nous lui portons. 

Joseph, figure d'une autorité au service d'un Bien supérieur

À cet égard, la figure de Joseph est éminemment exemplaire. Car sur qui avait-il autorité ? N'est-ce pas sur le Fils de Dieu en personne ? Or, celui-ci était incomparablement plus grand que lui ! Cependant, Dieu a voulu que le plus digne obéisse et vénère celui qui avait moins de qualité que lui ! Quelle leçon devons-nous tirer de cette réalité paradoxale ? Celle-ci : l'autorité est toujours exercée en vue d'un bien qui transcende à la fois celui qui en est investi et celui qui la respecte. Jésus obéissait à Joseph parce que tous les deux savaient qu'ils faisaient de la sorte la volonté d'un plus grand : Dieu le Père. Telle est la leçon que nous livre l'exemple de saint Joseph : nos sociétés renoueront avec le respect de l'autorité, et partant avec celui qui est dû à ceux qui en sont les dépositaires, lorsque sera reconnue l'existence d'une instance transcendante au nom de laquelle elle est exercée. On ne respecte pas l'autorité pour l'autorité, pour elle-même, mais parce qu'elle est au service d'un Tiers transcendant. Les chrétiens nomment celui-ci « Dieu ». Des hommes politiques l'appellent « France » ou « République ». 

Jésus et Joseph étaient conscients d'être tous les deux au service d'un Tiers transcendant : le Père céleste. Là résidait l'origine de l'autorité que le premier reconnaissait au second et la raison pour laquelle il lui obéissait de bon cœur, avec une gratitude filiale que bien des pères de famille pourraient lui envier ! Le plus grand est soumis au plus petit parce que tous les deux poursuivent le même but. Tel est le schéma idéal de la pratique de l'autorité. Utopie ? Non, car la Sainte Famille est un mystère salvifique. À ce titre, elle n'est pas un modèle hors de portée, mais bien une réalité que les parents et les éducateurs doivent s’approprier, transplanter dans leurs existences, pour le plus grand bien des enfants qui leur sont confiés, mais aussi pour celui de certains adultes qui ne se portent pas mieux que leur progéniture sous le rapport de leur respect et de leur compréhension de l'autorité. Puisse l'exemple de saint Joseph donner un visage avenant à cette notion dont il devient plus urgent que jamais de redécouvrir l'origine, l'importance mais aussi la nature profonde.

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