Les vies de Mgr André Han Jingtao (99 ans) et de Mgr Joseph Zong Huaide (100 ans), deux évêques chinois décédés respectivement fin décembre et début janvier 2021, sont des témoignages exceptionnels de la délicate histoire de l’Église de Chine.
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi le vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
Ils ont tout connu des persécutions en Chine. Mgr André Han Jingtao, 99 ans, et Mgr Joseph Zong Huaide, 100 ans, tous deux évêques chinois, se sont respectivement éteints fin décembre 2020 et début janvier 2021. Comme à son habitude en ce qui concerne ses prélats en République populaire de Chine, le Vatican a attendu quelques semaines avant d’annoncer leurs décès. Une attente qui n’enlève rien au formidable témoignage de ces deux hommes : témoignages d’une foi, bien sûr, qui s’est épanouie dans le terreau inhospitalier et aride du communisme, mais aussi témoignages historiques de ceux qui ont contribué à faire l’histoire de l’Église de Chine.
Le premier, Mgr André Han Jingtao est un ancien prélat de Siping, une ville à la frontière des provinces du Jilin et du Liaoning, situées au nord-est de Pékin. Né en 1920, dans un foyer catholique de Shanwanzi dans le Hebei, la région périphérique de la capitale, il déménage ensuite en Mongolie intérieure. Il se destine tôt à la prêtrise et est ordonné dans sa région d’origine en 1947. Après la prise du pouvoir par les communistes et à cause de sa foi catholique et sa fidélité au Pape, il est arrêté en 1953 et, après une période d’incarcération, il est condamné à 27 ans de travaux forcés dont six passés en isolement dans un bunker. Il est finalement libéré en 1980, sur intervention du vice-président Deng Xiaoping.
Lire aussi :
Chine : florilège des vexations quotidiennes que le régime communiste inflige aux chrétiens
Il devient alors maître de conférence à l’Université de Changchun, où il enseigne le latin, le grec et la culture occidentale classique. Il traduit la Somme théologique de saint Thomas d’Aquin en chinois. En 1982, il est consacré secrètement évêque coadjuteur de Siping, diocèse dont il devient l’évêque à la mort de son prédécesseur en 1986. Mgr André Han Jingtao s’est particulièrement investi pour ses fidèles tout au long de son ministère et a fondé de nombreuses structures et congrégations. Il s’est particulièrement engagé dans la formation des prêtres, des religieuses et des laïcs et n’a jamais manqué de sensibilisé tous les fidèles à l’évangélisation la charité. Il a également fondé le premier centre sanitaire, la première maison de retraite et le premier orphelinat du diocèse. Jusqu’à la fin de sa vie le 30 décembre 2020, il a vécu « sous le contrôle strict de la police ». Après ses obsèques, auxquelles ni le clergé ni les fidèles n’ont pu participer, la dépouille a été incinérée.
Le deuxième, Mgr Joseph Zong Huaide était l’évêque émérite de Sanyuan, dans la province de Shaanxi, une région du centre du pays. C’est là qu’il était né en 1920, au sein d’une famille catholique. Ordonné en 1949, il a exercé sa charge pastorale en tant que curé pendant plusieurs années. Mais de 1961 à 1965, on lui interdit d’exercer son ministère. Qu’à cela ne tienne, il se retire chez lui et cultive la terre. On l’arrête en 1965 en raison de sa foi, et il rejoint les camps de travail forcé un an plus tard, au début de la “révolution culturelle”. Il n’est libéré que 14 ans plus tard, en 1980, et retourne alors exercer son ministère pastoral.
Une rencontre avec Jean Paul II
En 1987, il est ordonné évêque au sein de l’Église dite “souterraine”. Cette ordination épiscopale sera reconnue quelques années plus tard par l’Association patriotique chinoise — l’Église reconnue par le parti communiste. Le 23 décembre 1997, il se rend à Rome et est reçu par le pape Jean Paul II. Il démissionne en 2003 pour prendre sa retraite. Il se consacre alors à une vie de prière et de service jusqu’à sa mort le 5 janvier 2021. “Il était aimé de tous pour son caractère doux et délicat”, rapporte l’agence Fides. Son corps a été exposé aux fidèles dans son ancienne cathédrale, où ses funérailles ont été célébrées le 11 janvier. S’il aura fallu attendre leurs morts pour connaître leurs noms, leurs vies sont un témoignage exceptionnel pour tous les fidèles qui cherchent à enraciner la leur dans le Christ.