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Le combat du père d’Arzoo, fillette pakistanaise enlevée, convertie et mariée de force

Arzoo

Arzoo Raja.

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Kamran Chaudhry - AED - publié le 19/02/21
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Arzoo Raja a 13 ans lorsqu’elle est enlevée en octobre 2020 à Karachi (Pakistan) pour être convertie et mariée de force à un voisin musulman. Libérée quelques semaines plus tard grâce à la détermination de ses parents, elle est placée dans un refuge tenu par le gouvernement. Son père, Raja Lal Masih, raconte son combat.L’histoire d’Arzoo Raja est l’une des plus retentissantes ayant eu lieu au Pakistan en 2020. Cette jeune fille catholique de 13 ans habitant à Railway Colony, un quartier de Karachi (Pakistan), a été enlevée, convertie de force à l’islam et mariée à son voisin musulman Syed Ali Azhar, 44 ans, en octobre 2020. Les parents d’Arzoo affirment qu’elle a été enlevée alors qu’elle jouait devant sa maison. “Mes trois filles ont toutes été enfant de chœur. Arzoo était la plus jeune. Elle venait d’entrer en 5ème“, confie son père, Raja Lal Masih. “J’ai encore avec moi la demande de soutien que j’allais soumettre à l’Église pour obtenir des fournitures et livres gratuits. Nous, ses parents, avions un travail et faisions tout pour offrir un avenir meilleur à nos enfants”.

Le soir même, l’enquêteur m’a dit qu’elle avait accepté l’Islam.

C’est le 13 octobre que sa vie et celle de son épouse bascule. “Après avoir déposé ma femme à l’école où elle travaillait comme assistante maternelle, j’ai reçu un appel téléphonique d’un proche parent qui m’a dit qu’Arzoo avait disparu”, raconte-t-il avec émotion. “Après avoir cherché aux alentours, nous avons fait un premier signalement de disparition au poste de police où le personnel nous a fait attendre pendant des heures. De retour à la maison, notre voisin a d’abord affirmé que son fils Azhar avait en quelque sorte épousé notre fille, mais que c’était ‘une erreur’ avant de menacer ouvertement de priver définitivement Arzoo de sa famille.”

Juste après cette discussion, les parents d’Arzoo préviennent à nouveau la police. Mais contre toute attente, la police décide d’abord… de prendre le thé chez ce voisin en question. Elle se rend ensuite chez les parents d’Arzoo pour leurs demander de fournir l’acte de naissance et d’autres documents concernant Arzoo. “Le soir même, l’enquêteur m’a dit qu’elle avait accepté l’Islam”, se souvient-il. “Cela m’a bouleversé”.

Depuis cet instant, les parents de la fillette vivent une descente aux enfers. “Nous avons tourné en rond entre les tribunaux. Nous avons perdu nos emplois. Nous avons quitté notre maison pour éviter les questions posées par les amis et les voisins”, confie-t-il. “Un pasteur protestant nous a fourni un abri et de l’aide juridique. Les juges n’écoutent que notre avocat et notre fille. C’est comme si nous, ses parents, n’existions pas. À un moment donné, j’ai pensé sauter du deuxième étage de la Haute Cour du Sindh”.


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Se livre alors une bataille juridique qui semble sans espoir. “Certains nous ont conseillé de laisser tomber notre avocat musulman”, explique-t-il. “Mais nous ne pouvions pas en prendre le risque. Ni une femme, ni un avocat chrétien ne peuvent se battre contre un cas de conversion forcée, aussi intelligent ou influent soient-ils. Des personnalités politiques et d’autres nous ont rendu visite. Nous recevons des appels de soutiens de l’étranger”, détaille encore le père d’Arzoo. “Cependant, rien de tout cela n’a de poids au tribunal. Notre avocat musulman fait face à une cinquantaine d’avocats de la partie adverse. Des religieux, livres à l’appui, citent des hadiths [paroles de Mahomet] et des exemples de mariages de prophètes avec des filles mineures”.

Arzoo est placé un mois plus tard, en novembre 2020, dans un refuge. “Tous les samedis, nous rendons visite à notre fille dans le refuge. Elle est complètement désorientée”, se désole le père de famille. “Devant la police, elle dit avoir lu la Chahada (la proclamation de foi islamique, ndlr) et affirme qu’elle est maintenant musulmane”. Au tribunal, elle insiste sur le fait qu’elle a épousé Ali Azhar de son plein gré et qu’elle a 18 ans mais lorsque ses parents lui rendent visite “elle est d’accord pour rentrer à la maison”. “Dès que nous la quittons, elle demande par téléphone d’organiser une rencontre avec son beau-frère musulman… Au centre, elle se fait laver le cerveau par des femmes plus âgées. Ce n’est pas un endroit pour une enfant”, tranche Raja Lal Masih.

162 cas signalés entre 2013 et 2020

De plus en plus de familles confrontées à des conversions forcées s’expriment désormais et partagent leurs histoires avec les médias. Selon le Centre pour la Justice Sociale de Lahore, 162 cas de conversions douteuses de jeunes filles mineures appartenant à une minorité ont été signalés dans les médias entre 2013 et novembre 2020. “Ce Noël a été vécu comme une agonie”, conclut le père d’Arzoo. “Nous avons assisté à la messe, mais il n’y a eu ni joie, ni achats dans les magasins ni de visite aux parents. Une famille a offert des vêtements neufs à nos enfants. Un inconnu nous a plus tard menacés parce que nous avions déposé une plainte contre Azhar. Maintenant, nous cachons nos visages avant de sortir. Je suis désespéré. Que Dieu écoute nos prières”.


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