L’art du motet religieux, dont les origines remontent au plus haut Moyen Âge, trouve son épanouissement au siècle de Louis XIV après avoir rayonné tout au long de la Renaissance. Cette forme de musique sacrée servira la monarchie absolue tout en glorifiant Dieu en d’inoubliables compositions.
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Le motet naît de l’essor de la musique polyphonique au Moyen Âge. Cette forme musicale s’inscrit dans le contexte de l’église, initialement réservée à un chœur, puis à un ou plusieurs solistes accompagnés d’un orchestre. Plusieurs mélodies se déploient à partir d’une mélodie initiale ou cantus firmus, à la différence du chant monodique grégorien. L’évolution du motet aux siècles suivants élargira le genre aux compositions religieuses autres que celles de la messe et de l’oratorio.
Avec le XVe siècle, le motet étend l’éventail des voix qui le composent au-delà du ténor initial. La forme se libère et gagne en ampleur grâce à des compositeurs tels que Ockeghem, Josquin Des Prés, Gombert, Tallis ou encore Morales.
Le motet au XVIe siècle
La Réforme et le Concile de Trente vont plus particulièrement imposer aux musiciens de mettre en avant la musique religieuse, en laissant de côté les thèmes profanes appréciés jusqu’alors. L’urgence est à la redécouverte de la Parole et de la méditation des Écritures. Grâce à ce soin porté aux textes sacrés, non plus prétexte à des compositions habiles, mais mis au cœur même du motet religieux, des liens étroits vont dès lors se tisser entre textes et musique dont l’un des meilleurs représentants sera notamment Roland de Lassus. L’aspect théâtral n’est cependant pas totalement absent chez certains maîtres italiens, tel Giovanni Gabrieli avec ses Sacrae Symphoniae ; des œuvres dans lesquelles la polyphonie de l’époque médiévale apparaît définitivement révolue et annonce le faste baroque.
Le grand motet versaillais
Religion et musique nouent ainsi des liens étroits et le monarque absolu par excellence que fut Louis XIV comprit mieux que quiconque l’importance des arts et de la musique sacrée. La religion catholique a assis le pouvoir des rois en une continuité héritée depuis les temps anciens, le monarque demeurant le représentant de Dieu sur terre. De cette puissance de la monarchie absolue en ce XIVe siècle naîtra ainsi le grand motet sacré grâce auquel Louis XIV put, avec ses musiciens favoris, faire resplendir une gloire à la fois divine et temporelle, confirmant la fameuse théorie des deux corps du roi héritée du Moyen Âge.
Les grandes maîtrises vont dès lors former de grands musiciens dont les noms seront synonymes de la gloire du château de Versailles et de son monarque. Des noms qui résonnent encore aujourd’hui de tout leur faste, tels Desmaret, Campra, DeLalande, Marais et bien d’autres encore. Si les voix féminines demeurent absentes de ces compositions religieuses sacrées, les nombreux instruments, violes, violons, bassons, cornets, trombones, sans oublier les grandes orgues, viendront pour leur part enrichir par leur diversité ce chant sacré. Deux sortes de motets vont se multiplier pendant le règne de Louis XIV, le grand motet avec solistes et chœur accompagnés d’instruments d’une vingtaine de minutes, et un petit motet aux instruments et effectifs plus réduits. Ces deux types de motets étaient donnés au cours de la messe du roi, messe dans laquelle les psaumes demeuraient au centre des textes bibliques retenus afin de chanter la gloire du roi. Par la suite, les textes des Pères de l’Église, voire des poésies à thèmes religieux, viendront s’ajouter à cette base initiale.
Les compositeurs Henry Du Mont et Pierre Robert laisseront de magnifiques motets religieux, alors que le facétieux Lully s’illustrera dans le grand motet avec le succès que l’on sait, même si d’autres compositeurs célèbres comme Marc-Antoine Charpentier, Richard DeLalande, André Campra ou Jean-Joseph Mondonville laisseront également à la postérité de très belles compositions.
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