Cette religieuse a créé un centre d’aide en République démocratique du Congo (RDC) où elle prend soin des femmes, dont beaucoup ont été victimes de de la Lord’s Resistance Army (LRA). En 2019, elle a reçu le prix Stop Hunger, créé par Sodexo. En 2013, le Haut-Commissariat pour les réfugiés (UNHCR) lui a décerné le prix Nansen. Religieuse de la congrégation des augustines, congolaise, sœur Angélique Namaika fait partie de ces missionnaires discrètes qui font bouger le monde sans en avoir l’air. Elle a en effet aidé plus de 22.500 femmes congolaises, la plupart étant des victimes des violences commises par la Lord’s Resistance Army (LRA), un groupe armé ultraviolent, soi-disant chrétien, créé en 1988 dans le nord de l’Ouganda et qui a ensuite semé la terreur dans les pays voisins.
Son inspiration remonte à loin. Petite fille, elle a été marquée par sœur Tone, une religieuse allemande qui se donnait sans compter au service des malades. Née dans une famille chrétienne, Angélique a appris très tôt le partage grâce à ses parents qui apportaient eau, nourriture et bois de chauffage à leurs voisins plus démunis qu’eux. Dès l’enfance, elle décide qu’elle sera religieuse.
Se reconstruire par le travail
En 2003, la vie de la religieuse prend un autre tournant : elle est nommée à Dungu, dans la province du Haut-Uele (nord-est de la République démocratique du Congo), pour une mission en lien avec le diocèse local. Là-bas, elle est frappée par la situation de nombreuses femmes qu’elle rencontre, qui sont démunies, souvent analphabètes, et décide de leur venir en aide grâce à des propositions de formation variées en couture, cuisine et alphabétisation.
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En 2005, la LRA fait irruption dans le pays : c’est la panique. Des villages sont incendiés, les habitants massacrés, les femmes violées. Des garçons sont enlevés pour être transformés en soldats, des petites filles en esclaves sexuelles. Des milliers de personnes se retrouvent déplacées. La religieuse aide ceux qui arrivent à Dungu à trouver logement et emploi, mais quand la LRA atteint Dungu, les religieuses sont contraintes de se cacher dans la brousse. Cela lui fait toucher du doigt les difficultés rencontrées par ceux qui sont chassés de chez eux.
En 2008, de retour à Dungu, sœur Angélique décide de se consacrer en priorité aux femmes et filles victimes de la LRA, qui ont souvent été l’objet de violences sexuelles, de mutilations, de travaux forcés… Certaines ont des enfants nés de viols. Elle crée pour cela le Centre de réinsertion et d’appui au développement (CRAD), où elles peuvent se reconstruire en apprenant un métier afin de se délivrer de leurs traumatismes et d’aller de l’avant. Grâce à des financements, la religieuse ouvre en outre un service de pédiatrie, une école primaire pour les enfants des déplacés et un orphelinat. Pour construire l’avenir.
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