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Hong Kong, une prise de guerre de la Chine

Hong Kong

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Jean-Baptiste Noé - publié le 10/12/20
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Le durcissement de la répression de l’opposition démocratique à Hong Kong confirme la volonté de Pékin de mettre fin au système de liberté autonome de l’ex-colonie britannique. En toile de fond : l’indépendance économique et financière à l’égard des États-Unis.Pour Pékin, Hong Kong a toujours été chinoise et a toujours eu vocation à revenir de façon complète dans le giron continental. Ces dernières semaines ont vu l’arrestation de nombreux dissidents et l’alignement de la cité sur le reste du pays. Une politique qui fait craindre une expansion chinoise vers Taïwan, prochain objectif de Pékin. Avec la rétrocession de Hong Kong par le Royaume-Uni à la Chine (1997), un système original fut mis en place résumée sous le slogan « Un pays, deux systèmes ». Un pays, la Chine, et deux systèmes politiques, juridiques et économiques : libéral (Hong Kong) et communiste (le reste de la Chine). Mais pour les dirigeants de Pékin, il était entendu qu’il fallait arriver un jour à un seul système pour un seul pays. Après les gages donnés à la communauté internationale, permettant notamment à la Chine d’intégrer l’OMC, Xi Jinping affirme dès son arrivée au pouvoir (2013) sa volonté d’intégrer Hong Kong de façon complète dans le système politique chinois. 

Pour un régime communiste qui se veut total et qui cherche à contrôler l’ensemble de sa population, l’existence même d’un système de liberté sur une parcelle de son territoire n’est pas acceptable.

Au regard de sa superficie, de sa démographie et même de son économie, Hong Kong pèse peu par rapport au reste de la Chine. Mais pour un régime communiste qui se veut total et qui cherche à contrôler l’ensemble de sa population, l’existence même d’un système de liberté sur une parcelle de son territoire n’est pas acceptable. Le contrôle complet de Hong Kong n’est donc pas un fruit conjoncturel lié à la politique de Xi, mais une nécessité vitale pour un régime maoïste qui ne peut tolérer une concurrence politique. Cela a conduit à des affrontements nombreux entre la police chinoise et les opposants de la cité, parmi lesquels on trouve de très nombreux chrétiens, protestants et catholiques. 

Arrestations d’opposants

Le 2 décembre dernier, la police chinoise a arrêté et fait condamner à plusieurs mois de prison trois jeunes étudiants participants de l’opposition démocratique à Pékin. Ces trois jeunes sont étudiants de l’université baptiste de Hong Kong, une université créée en 1956 par des communautés évangéliques. 

Le 4 décembre, c’est le député démocrate Ted Hui Chi-fung qui a annoncé sa fuite de Hong Kong et son exil en Grande-Bretagne. Depuis l’adoption de la loi sur la sécurité, la police chinoise a arrêté un grand nombre de personnes et dispose de plus de moyens d’investigations et de répressions. Depuis deux ans, plus de 10.000 personnes ont été arrêtées, essentiellement des étudiants, et plusieurs ont fait un séjour en prison. Les mouvements chrétiens qui se sont massivement impliqués dans les manifestations sont étroitement surveillés et leurs chefs arrêtés et incarcérés. La situation devient de plus en plus compliquée pour les dissidents au régime communiste de Pékin. 

La Chine et la guerre monétaire

La prise de contrôle de Hong Kong par la Chine s’inscrit dans un double mouvement de guerre : juridique et monétaire. Des questions qui échappent souvent aux analystes des relations internationales, trop focalisées sur la diplomatie et les relations entre gouvernements. Juridique d’abord. Il ne peut exister un système libéral au sein d’un système communiste. On ne peut avoir un parti unique partout en Chine, un contrôle de l’économie par le Parti communiste chinois, un système de contrôle social par la technologie sur l’ensemble du territoire chinois, excepté dans une petite cité côtière qui conserve sa tradition juridique anglaise formée par l’état de droit, le respect de la personne et le pluralisme politique, religieux, économique et intellectuel. Les pays communistes ne peuvent pas vivre avec une concurrence en leur sein, celle-ci doit donc être éradiquée. 


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Monétaire ensuite. Le commerce asiatique fonctionne grâce au dollar. L’ensemble des structures commerciales de la zone repose sur la monnaie américaine, à la fois comme monnaie d’échange, comme réserve de valeur, comme garantie de prêt et comme système de tuyauterie financière (Swift). L’Asie dans son ensemble et la Chine en particulier est dépendante au dollar et donc aux fluctuations de cette monnaie et aux évolutions des taux de change décidées par la FED. Qu’une crise économique survienne aux États-Unis, comme en 2008, que les dollars viennent à manquer, et ils entraînent la chute du commerce asiatique. 

Échapper à Wall Street

Après 2008, la Chine a décidé de mener une action de dédollarisation de l’Asie. Ce qui a pris plus de dix ans et qui arrive bientôt à son terme. Qui contrôle la monnaie contrôle les échanges et contrôle donc les pays, les entreprises et les politiques qui font usage de cette monnaie. Il s’agit donc de substituer une monnaie chinoise à une monnaie américaine. Et Hong Kong fait partie du plan.

Pour être complètement indépendant du dollar, et donc des marchés américains, il faut avoir son propre système d’accès aux bourses du monde. Une façon d’échapper ainsi à Wall Street. Or c’est exactement le rôle que peut avoir Hong Kong. Pour que la Chine puisse être la première puissance mondiale en 2049, objectif qu’elle s’est fixé pour le centenaire de la République populaire de Chine, il faut que Hong Kong devienne la première place boursière mondiale. Et donc que Pékin prenne le contrôle complet de la cité britannique. Ce qui est en train de se jouer n’est donc pas uniquement un problème intérieur chinois, c’est un élément de la guerre que se livre États-Unis et Chine pour le contrôle mondial, guerre qui est d’abord un affrontement monétaire et commercial. Comme les États-Unis sont englués dans leurs élections au moins jusqu’en janvier 2021, l’occasion était belle pour la Chine de prendre Hong Kong afin de pouvoir enfin accomplir ses rêves de grandeur. Mais après Hong Kong, c’est Taïwan qui est dans le viseur de Pékin. De quoi tendre davantage encore la situation de guerre en Asie orientale.         


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