En pleine crise sanitaire, l’activité législative ne faiblit pas dans le domaine sociétal, en particulier pour restreindre la liberté des associations dans le domaine de l’éducation et de l’adoption.L’actualité législative dans deux domaines très différents présente de troublantes similitudes sur un point particulier : celui de la liberté d’action des associations. Dans la future « loi confortant les principes républicains », outre l’interdiction de facto de l’instruction à domicile, il est prévu une mesure visant à renforcer « le contrôle sur les écoles privées hors-contrat », en particulier celui sur « le contenu de l’enseignement ». La conséquence sera des tracasseries administratives et un peu plus d’entraves quant à leur fonctionnement, lequel est déjà fragile vu la faiblesse de leurs moyens financiers.
Par ailleurs, dans la nuit du 4 au 5 décembre dans une Assemblée très clairsemée, la majorité a fait voter un texte qui — outre beaucoup de mesures contraires à l’intérêt de l’enfant — va interdire aux œuvres privées d’adoption d’avoir une action en France (avec de lourdes sanctions si elles n’obtempèrent pas). Or ces dernières existent dans leur forme actuelle depuis 75 ans et ont permis l’adoption de 15.000 enfants — en particulier des enfants à particularité — sans incident.
Des œuvres d’origine chrétienne
Dans les deux domaines évoqués, on a très souvent affaire à des associations d’inspiration ou d’origine chrétienne. Du point de vue historique, on remarque que l’enseignement du secondaire tel qu’il existe en Europe tire ses lointaines origines du modèle des collèges jésuites : au milieu du XVIe siècle, sous l’instigation de deux de ses membres — saint Pierre Canisius et le Français Frusius — la Compagnie entreprend la grande œuvre de scolarisation de l’Europe (avec un accent mis à la fois sur les humanités et sur les mathématiques).
De façon analogue, les œuvres d’adoption ont une lointaine origine dans les établissements caritatifs religieux dédiés à l’accueil des « enfants trouvés », lesquels se sont fortement développés depuis le XVIIe siècle avec saint Vincent de Paul et les Dames de la Charité (mais des hospices « des enfants trouvés », gérés aussi par des religieuses, étaient déjà en activité en Italie dès le XVe siècle).
Il n’y a plus que l’État
Il est symptomatique que notre système social moderne ait d’abord copié ce que les chrétiens avaient créé, puis qu’en ce début de XXIe siècle, les gouvernements veuillent évincer les chrétiens de ces domaines où ils ont fait preuve de tant de dévouement. En fait, les nouveaux clercs sont persuadés que l’initiative privée est suspecte dès qu’elle s’éloigne de la stricte activité économique ; et pour eux une administration aux pouvoirs toujours plus étendus doit surveiller l’action de ces associations ayant une conception de la famille, cellule de base de la société, qui leur est étrangère. Comme disait Simone Weil dans l’Enracinement (en 1943) « l’État tue et abolit ce qui pourrait [être aimé], ainsi est-on forcé de l’aimer, car il n’y a que lui ».
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