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Que se passe-t-il dans la tête d’une femme enceinte?

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Isabelle du Ché - publié le 03/12/20
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Si les transformations physiques chez la femme enceinte sautent aux yeux, il n’est pas évident d’imaginer qu’un grand bouleversement se joue aussi au niveau psychique. Que se passe-t-il donc dans la tête d’une femme pendant sa grossesse ?En Haïti, les femmes disent qu’elles attendent un bébé 18 mois : les neuf mois de grossesse et les neuf mois qui précèdent la grossesse. Elles comptent ainsi le temps pendant lequel elles ont espéré cet enfant. D’une manière générale, la femme se prépare psychiquement à avoir un enfant avant même d’être enceinte. Elle imagine son bébé, sa nouvelle vie, l’organisation qui en découle.

Les changements structurels liés à la grossesse sont bien connus : sauts d’humeur, fatigue, hypersensibilité… Ils « traduisent la capacité d’adaptation du cerveau qui doit faire face à un stress énorme provoqué par le tsunami hormonal de la grossesse », analyse pour nos confrères du Figaro Stefania Maccari, neurobiologiste au laboratoire des neurosciences du comportement à Lille. En effet, grâce à l’IRM (imagerie par résonance magnétique), des chercheurs de l’Université de Barcelone ont constaté que la grossesse entraîne des modifications de la taille et de la structure de la substance grise du cerveau, notamment « dans les régions associées aux aptitudes sociales, comme la perception et l’interprétation des désirs, des émotions, des intentions et de l’humeur d’autrui ou de soi-même ».

Le cerveau se prépare à avoir un comportement maternel

« C’est le processus de nidification maternelle », précise à Aleteia Delphine Babic, responsable de formation à l’université catholique de Lyon et spécialiste du lien mère-enfant. La femme enceinte prépare à la fois un nid physique, dans son corps, et psychique, dans sa tête. La future mère fait notamment un travail de mémoire sur sa propre histoire. Elle opère un tri entre ce qu’elle a reçu et ce qu’elle souhaite transmettre à son enfant. Certains souvenirs, plus ou moins réjouissants, refont surface, provoquant parfois des sautes d’humeur.

Quant à la fatigue de la femme enceinte, elle n’est pas due uniquement aux modifications de son corps. Le corps humain possède une mémoire corporelle stockée dans l’inconscient. Y sont inscrits, par exemple, la manière dont on a été câliné, stimulé, la manière dont on nous a parlés. Pour Delphine Babic, « la femme enceinte opère une sorte de repli narcissique, elle rêve, ses souvenirs reviennent ». De là provient cette immense fatigue du début de grossesse.


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Pour effectuer ce travail de mémoire, la femme enceinte a besoin de comprendre. Elle pose des questions à ses propres parents, ses proches, feuillette des albums photos. Juliette se rappelle que sa mère la forçait à terminer son assiette et se projette : « Avec mon enfant, je ne m’y prendrai pas comme ça ». Quant à Delphine, elle se souvient des bons moments partagés avec sa grand-mère quand elles préparaient un gâteau. Elle aimerait reproduire cela avec son enfant. « Tout ce travail, aidé par une interaction avec ses proches, apporte une transparence psychique », confirme Delphine Babic. Cette dernière conseille en particulier de se faire accompagner par un thérapeute si des souvenirs douloureux ressurgissent. En effet, le bébé ressent les émotions négatives.

La femme enceinte est hypersensible, elle est plus vulnérable à son environnement et à son entourage. Supporter les contradictions est difficile pour elle. Elle a donc besoin d’être entourée, d’entendre des paroles positives qui lui permettent de poser un regard confiant sur son bébé et sa grossesse.



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