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Interdiction des messes : les évêques n’ont pas dit leur dernier mot

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Mathilde de Robien - publié le 08/11/20
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Si le Conseil d’Etat a tranché ce samedi 7 novembre en faveur du maintien de la suspension des messes, le juge des référés a cependant rappelé le devoir de concertation à court terme entre les pouvoirs publics et les représentants des cultes en vue de réexaminer les règles actuelles.

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Les évêques prennent acte de la décision du Conseil d’Etat mais gardent espoir. Au vu de l’interdiction des messes publiques, en vigueur depuis le 3 novembre en raison de la crise sanitaire, plusieurs évêques et associations catholiques avaient déposé des recours en référé-liberté devant le Conseil d’Etat, dénonçant une atteinte à la liberté de culte. Samedi 7 novembre, la Cour suprême administrative a tranché en faveur du maintien de la suspension des messes publiques, « la circulation du virus sur le territoire métropolitain s’étant fortement amplifiée ». Si les évêques prennent acte et partagent la tristesse des fidèles, ils placent néanmoins leurs espoirs dans une prochaine concertation avec les pouvoirs publics, liée au terme de l’état d’urgence sanitaire, fixé à ce jour au 16 novembre.

Respect de la décision mais vigilance accrue

Dans un communiqué, la Conférence des évêques de France (CEF) déclare prendre acte du jugement du Conseil d’État, et « demande aux fidèles et aux prêtres de respecter cette décision », mettant en exergue cette parole de saint Paul : « Que chacun obéisse aux autorités » (Romains 13, 1). Cependant, elle déclare par ailleurs demeurer très « vigilante face à toute limitation de la liberté de culte dans un temps où, pour des raisons sécuritaires, les pouvoirs publics veulent renforcer leur surveillance de tous les cultes. »

Une vigilance qui passe notamment par le respect du devoir de concertation des pouvoirs publics au terme de l’état d’urgence sanitaire : « Le juge des référés a particulièrement tenu compte du fait que les règles actuelles vont faire d’ici le 16 novembre l’objet d’un réexamen de leur caractère adapté et proportionné, ce qui suppose l’engagement à bref délai d’une concertation avec l’ensemble des représentants des cultes, destinée à préciser les conditions dans lesquelles ces restrictions pourraient évoluer ». Un « ferme espoir » qu’a partagé Mgr Éric de Moulins-Beaufort lors de son discours de clôture de l’assemblée plénière des évêques, en visioconférence, ce dimanche 8 novembre : « Il est demandé aux pouvoirs publics d’organiser une concertation avec les cultes : nous nous y préparerons sans délai, avec le ferme espoir de trouver un protocole satisfaisant. »

Mgr Dominique Rey, qui avait déposé un référé au nom de son diocèse n’exclut pas quant à lui de déposer un recours : « Nous prenons acte de la décision du Conseil d’État. Elle peut engendrer chez beaucoup incompréhension et souffrance. Face à la mise en cause de la liberté de culte, les catholiques ne peuvent se rendre à la célébration eucharistique qui est source et sommet de la vie chrétienne. Nous prenons note de cette décision en nous engageant dans toutes les mesures de recours. Plus que jamais notre société a besoin de Dieu pour affronter les craintes et les incertitudes qui pèsent sur notre époque. »

L’évêque de Montauban, Mgr Bernard Ginoux, confiait à nos confrères du Figaro sa profonde déception quant à cette mesure qu’il juge « blessante et injuste » : « L’absence de messes touche la foi des catholiques. Le gouvernement pouvait l’éviter d’autant que ce samedi matin, à Nice, Monsieur le Premier Ministre a rappelé que la liberté de culte était fondamentale. Comme évêque je déplore que la vox populi catholique ne soit pas entendue. Refuser l’expression de la foi est une atteinte aux personnes dans ce qu’elles ont de plus cher. »

« Efforts collectifs nécessaires »

Une autre raison d’espérer demeure dans les propos du juge des référés, qui « a rappelé avec force que la liberté de culte était une liberté fondamentale, qu’elle ne s’exerçait pas seulement individuellement mais aussi par des célébrations publiques », a souligné Mgr Éric de Moulins-Beaufort auprès des évêques de France. Une liberté qui semble dépendre, en plus de l’évolution du contexte épidémique, du respect des consignes sanitaires. Si aucun cluster n’a été établi dans les églises, il a cependant été montré au juge, lors de l’audience, « que certains lieux de culte manquaient aux règles de protection sanitaire édictées ». Par conséquent, le président de la CEF en appelle à des « efforts collectifs » « si nous voulons avoir une chance de célébrer Noël de manière digne, sans qu’une inquiétude exagérée pèse sur nos soignants mobilisés dans les hôpitaux et toutes les structures qui œuvrent pour la santé publique. »



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