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Face au terrorisme, comment répondre au virus de la haine ?

Au lendemain de l'assassinat du professeur Samuel Paty, de nombreuses personnes sont venues lui rendre hommage devant l'école du Bois d'Aulne, où il enseignait. Conflans-Sainte-Honorine.

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Benoist de Sinety - publié le 18/10/20
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Le tragique attentat terroriste de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) nous appelle à repenser ensemble le sens de notre vie commune.En 2002 paraissait le livre collectif Les Territoires perdus de la République (1001 Nuits) qui mettait sous les yeux incrédules du pays tout entier la faillite du système français d’intégration et de réduction des inégalités. La même année naissait le jeune terroriste qui a décapité ce 16 octobre un professeur d’histoire-géographie. Nous en sommes donc arrivés là : dans notre pays de France, un enseignant se fait arracher la tête parce qu’il a osé parler de la liberté de pensée devant des élèves.

Ce qui était sacré est devenu vulgaire

En plus de découvrir qu’un terroriste islamiste puisse venir de Moscou, on découvre surtout ce que nul ne peut plus ignorer : il est devenu normal pour des personnes qui s’estiment blessées par un enseignement de réagir avec violence. Et d’exiger aussi qu’au nom même de cette blessure on interdise, on condamne, on supprime. Ce qui était sacré (la parole du professeur, l’autorité des parents, la moralité du prêtre ou la probité du journaliste), une fois passé au crible des enquêtes médiatiques, est devenu vulgaire. Certains s’en réjouissaient bruyamment, pas sûr qu’ils continuent désormais leur chant de triomphe. Car ce qui s’annonce dans ces gestes de fous, c’est un désir d’en découdre devant lequel le confort de nos vies nous laisse bien démunis.


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Et ce feu-là, nul ne pourra le couvrir par des paroles ou par des mesures sanitaires. Le virus de la haine est infiniment plus mortel pour notre société. 

Que voulons-nous vivre ensemble ?

Les plus rapides iront, comme toujours, prétendre « qu’il n’y a qu’à » : les écrans de nos téléviseurs, sans parler des ayatollahs des réseaux sociaux, expliqueront que tout ça c’est la faute à untel. Ils auront comme toujours partiellement raison. Mais ils ne diront que des banalités qui révèlent l’impuissance de notre époque à oser s’inventer un avenir, préférant croire désespérément au retour possible en une époque qui n’existe plus et qui ne reviendra pas. Ils désigneront peut-être même des boucs émissaires, tombant alors dans la logique de mort qu’ils cherchent à dénoncer : livrer à la vindicte des noms ou des groupes d’hommes ne revient-il pas à se trouver complice de ceux, cinglés ou brutaux, qui demain les frapperont ?

Il nous faut, plutôt que de risquer de perdre ainsi nos âmes en pensant vainement sauver notre peau, nous retrouver pour réfléchir — pas entre nous, mais avec tous, de ce que nous voulons vivre ensemble. À l’échelle de nos environnements quotidiens, comme à celle de notre pays entier.

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