Pour redonner confiance aux citoyens qui cherchent à tâtons une ligne de conduite, la petite fille Espérance est un guide sûr de sagesse et de courage.Le moins que l’on puisse dire c’est que cette rentrée 2020 est morose. Bien morose. Sur fond de crise économique, que d’aucuns annoncent catastrophique, sur une mise en musique covidienne angoissante, ponctuée d’injonctions contradictoires et d’informations contraires, le pauvre citoyen français, cherche désespérément une ligne de conduite qui ne ressemblerait pas à une fuite en avant vers le néant !
Scientifiques et politiques se renvoient la balle de l’inconséquence et de l’incompétence ; les réseaux sociaux bruissent de toutes sortes de complots, de solutions miracles ou d’apocalyptiques analyses ; quant aux grands médias, seul véritable pouvoir sans contrepouvoir, asservis on le sait à la loi du marché et aux financiers qui les font vivre, le niveau de confiance qui leur est accordé semble désormais proche de l’infini zéro !
Une compréhension sereine des crises
Dans ce contexte, l’Église catholique a un grand rôle à jouer, auprès de ses fidèles, mais au-delà, par son statut d’institution, dans toute la société, cette dernière le lui refuserait-elle d’ailleurs. Porteuse d’une anthropologie où le respect de l’humain et de la création, en lien avec le seul vrai culte qui doive être rendu au Créateur, l’Église peut développer une compréhension sereine des crises que l’humanité traverse, forte de deux millénaires d’existence. Notre premier rôle de chrétiens serait donc déjà de ne pas céder aux sirènes de la panique générale qui semble s’être emparée de notre pauvre monde. Soucieuse du respect dû aux autorités légitimes quand elles prennent leurs décisions dans leur domaine de compétence et sans nier les droits élémentaires de l’être humain et de Dieu, l’Église, institution, doit aussi développer une calme analyse et appeler à la sagesse.
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Ayant reçu du divin Maître l’assurance d’être dépositaire des moyens du Salut, sûre que les portes de l’Enfer ne sauraient prévaloir contre elle, l’Église plongeant ses racines aux commencements mêmes de l’histoire de l’humanité, élevant son regard vers la Trinité bienheureuse comme fin ultime, doit transmettre au monde sagesse et espérance. C’est sans doute de cette dernière dont nous avons tous le plus besoin en ce moment. “Ce qui m’étonne, dit Dieu, c’est l’espérance. Et je n’en reviens pas. Cette petite espérance qui n’a l’air de rien du tout. Cette petite fille espérance. Immortelle” (Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, 1912).
Être des porteurs d’espérance
Chaque jour, il nous revient d’être, comme chrétiens, des porteurs d’espérance. Nous avons besoin pour cela que nos pasteurs eux-mêmes ne cèdent pas à l’agitation mondaine, mais nous enseignent avec discernement, comment nous situer en ce monde qui passe, pâle reflet de notre véritable patrie, le Ciel. Quant à nous, puisons des forces là où elles sont : prière, sacrements, Parole de Dieu, oraison, charité active auprès des plus faibles. Là nous trouverons, avec les vérités de Foi, tous les moyens pour savoir garder raison et témoigner de notre espérance bienheureuse. Pour reprendre les mots de Charles Péguy, méditant sur l’Espérance enchâssée entre la Foi et la Charité :
« Sur le chemin montant, sablonneux, malaisé.
Sur la route montante.
Traînée, pendue aux bras de ses deux grandes sœurs,
Qui la tiennent par la main,
La petite espérance
S’avance.
Et au milieu entre ses deux grandes sœurs elle a l’air de se laisser traîner
Comme une enfant qui n’aurait pas la force de marcher.
Et qu’on traînerait sur cette route malgré elle.
Et en réalité c’est elle qui fait marcher les deux autres.
Et qui les traîne.
Et qui fait marcher tout le monde.
Et qui le traîne.
Car on ne travaille jamais que pour les enfants.
Et les deux grandes ne marchent que pour la petite. »
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