Dès l’origine, l’homme a cru se faire Dieu en se libérant de ses propres limites et des limites de la Création : il a découvert la peur et il a dû se cacher. C’était il y a fort longtemps… Il y eut un soir, il y eut un matin et Dieu vit que tout cela était bon (Gn, 1). Puis il y eut un petit matin, une pâle et belle aurore, où Dieu se mit à la recherche de l’Homme, qu’Il avait créé à sa propre image. Dans l’aube resplendissante, Dieu aperçut enfin l’Homme et la Femme. Nus, honteux et juste couverts de quelque artifice pour cacher leur intimité. Dieu dit : “Qui donc t’a dit que tu étais nu ? Aurais-tu mangé de l’arbre dont je t’avais interdit de manger ?” Lointaine histoire sacrée, qui nous enseigne depuis des siècles et dont il semble que l’être humain ait si peu tiré profit ! Dès l’origine, l’homme a cru pouvoir se rendre libre de son Créateur et de la Création. Abusant de cette liberté qui le rendait image de Dieu, il a découvert au contraire ses limites de pauvres créatures, sa finitude, sa nudité. Et il a dû se cacher.
1968 : l’humanité se lance à corps perdu dans la “libération sexuelle”. Une génération entière usant de sa liberté, des progrès techniques de la contraception chimique, de la libéralisation de l’avortement (devenu selon certains depuis un prétendu droit fondamental), se croit enfin affranchi des lois de la nature, et plus encore de la morale. Moins de vingt ans après, les ravages du Sida conduisent de nouveau l’homme à user d’un cache : le préservatif. Au creux même de l’intime rencontre des corps, là où se voulait la liberté, se trouvent la limite, la finitude d’un bout de plastique, le tout lié à la peur… Triste fin.
Depuis quelques décennies, l’humanité s’est persuadée que l’abolition des frontières, des cultures, de la géographie, de toute forme de régulation économique, apporterait prospérité, liberté. Enfin émancipée de la nature des choses, de la pesanteur de la création, l’humanité entrait enfin dans la mondialisation heureuse ! La nature, écrasée du mépris des hommes, exténuée d’abus en vue de toujours plus de jouissance et de consommation, les pauvres de la planète exploités jusqu’à la mort par les riches, se rappelle aujourd’hui à leur bon souvenir. Un minuscule virus fait vaciller régimes politiques et économiques et, plus encore, s’attaque directement à la vie humaine. Et l’homme, une fois de plus, n’a d’autre solution que de se cacher. Il s’agit de son visage cette fois-ci. Don précieux à autrui de son sourire, de sa parole, de sa face, désormais emprisonné derrière quelques centimètres carrés de tissus. Peur de tous et de chacun qui sévit désormais dans toutes les sociétés.
Il n’y en a qu’un qui ricane depuis des siècles devant les fruits amers de ces fausses libertés et de tous ces cache-misères. C’est l’Homicide depuis les origines : Satan.
L’être humain arrivera-t-il enfin à comprendre que ce n’est qu’en respectant la Création et le Créateur qu’il trouvera le vrai bonheur ? Cette Création avance de toute façon vers la dissolution des éléments de ce monde et la panique écologique actuelle a pour fond précisément le refus de la finitude de ce monde qui passe. Quant à nous chrétiens, éclairés par la foi et par les enseignements des derniers papes, saurons-nous prendre toute notre place dans ce combat ? Ne nous y trompons pas. Il n’y en a qu’un qui ricane depuis des siècles devant les fruits amers de ces fausses libertés et de tous ces cache-misères. C’est l’Homicide depuis les origines : Satan. Nous savons dès lors où le combat doit se mener en chacune de nos vies, liées mystérieusement les unes aux autres et à la Création entière qui aspire à la Rédemption des fils des hommes.
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