Ses magnifiques icônes géantes subliment Moscou depuis bientôt cinq ans, et il a du talent. Grâce à Alexandr Tsypkov, on peut croiser le Christ, saint Georges ou encore saint Jean-Baptiste en pleine rue. Plus qu’être un simple graffeur,il estime faire de l’art chrétien.
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Membre du collectif d’artistes “After Icon”, trois autres jeunes l’aident à embellir la ville de Moscou à grand frais de bombes de peinture. Alexandr Tsypkov est peintre d’icônes religieuses. Après son travail, il endosse l’habit d’un graffeur de rue avec tout l’attirail. Grâce aux bombes de peinture, il a pu voir plus grand que les panneaux de bois — support traditionnel des icônes — et peindre ses visages en grand. Entre reproductions classiques et icônes plus vitaminées, le style d’“After Icon” s’inscrit dans le présent pour faire la jonction entre héritage chrétien et avenir. Seulement, comme ils sont jugés illégaux, ces graffitis sont systématiquement détruits par la ville. Mais il est possible d’admirer les chefs-d’oeuvre sur son compte Instagram. Le dernier en date, posté le 13 septembre, recouvre par exemple d’anciens tags sauvages d’un grand buste de saint Jean-Baptiste.
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Illuminer les hommes et le patrimoine
Moscou est riche en patrimoine architectural, riche en églises et en culture. Mais elle l’est moins en moyens financiers, si bien que les bâtiments perdent au fil des ans un peu de leur allure. C’est aussi à cela que le collectif veut pallier. À défaut de pouvoir réparer telle ou telle construction, autant la restaurer visuellement avec un graffiti géant, et surtout beau. Car tous sont affaire d’icônes pour rendre honneur à l’esthétique de l’art chrétien, qu’ils veulent vivement rendre accessible à tous.
En effet, les artistes russes se recommandent de leur confession orthodoxe, et donc de leur foi chrétienne. Pour eux, l’essentiel est de montrer à voir le beau. Leur démarche est même ouvertement spirituelle. “Ce que nous faisons, c’est comme des panneaux de signalisation indiquant la direction vers le Christ”, expliquait Anton Belikov, l’un des membres du collectif.
Si une personne est captivée, ressent quelque chose et que cela l’amène vers Dieu, dans une église, alors ce sera ma victoire.
C’est donc aussi pour rapprocher les Moscovites de leurs racines culturelles orthodoxes et de la foi. “Si une personne est captivée, ressent quelque chose et que cela l’amène vers Dieu, dans une église, alors ce sera ma victoire”, confiait de son côté Alexandr Tsypkov. Ainsi, églises en ruines et murs délabrés sont le terrain d’action favori du collectif. Ils ont même la bénédiction de l’archiprêtre Leonid Kalinin, président du Conseil d’experts pour la culture, l’architecture et la restauration de l’Église : “Je pense qu’il ne faut pas arrêter ces personnes parce qu’ils ont le désir d’exprimer en quelque sorte leur point de vue. Leur souhait est que ces images sacrées soient visibles par le plus grand nombre, pas seulement dans l’espace clos d’un temple mais plus largement comme cela, en allant vers les gens.” Cela leur vaut au moins le maintien des graffitis peints sur les murs d’églises.
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