Au cœur même de la basilique Saint-Pierre de Rome, trois femmes sont honorées par d’importants monuments sculpturaux. Ni saintes ni religieuses, elles sont pourtant présentes à côté des papes… et pour l’éternité. Situées sous la basilique Saint-Pierre de Rome, les « grottes vaticanes » abritent, autour des reliques de saint Pierre, les dépouilles de 148 souverains pontifes. Mais ils ne sont pas les seuls à y reposer. Plusieurs personnalités, qui se sont distinguées au fil des siècles pour des raisons particulières, s’y trouvent. Parmi elles, on compte trois femmes, toutes trois reines : Christine de Suède, Mathilde de Toscane et Marie Clémentine Sobieska.
Christine de Suède
À côté de la tombe de Paul VI et Jean Paul Ier repose l’extravagante Christine de Suède, “reine des Goths, des Suédois et des Vandales” selon son épitaphe en latin. Née luthérienne, elle règne de 1632 jusqu’à son abdication du trône de Suède en 1654, par souhait de se convertir à la foi catholique. Emblème de la Réforme catholique, elle reçoit la première communion des mains d’Alexandre VII à Rome. À sa mort, le Pape refuse sa demande d’être enterrée au Panthéon. Alexandre VIII dira d’elle qu’elle est “reine sans royaume, chrétienne sans foi et femme sans honte”, du fait de ses mœurs demeurées légères, même après sa conversion… Née à Stockholm en 1626, elle est morte à Rome en 1689, elle incarne la liberté intellectuelle pour les femmes de son époque.
Mathilde de Toscane
Mathilde de Toscane, dite Mathilde de Canossa (1045-1115) était une puissante dame féodale et une ardente “défenseur” de la papauté dans la lutte pour l’investiture. Son enfance est troublée par le meurtre de son père Boniface III au cours d’une chasse et les morts mystérieuses de sa sœur aînée Béatrice et de son frère Boniface IV. Mathilde demeure la seule héritière de sa famille et détient des possessions à la fois en Italie, avec en particulier le château de Canossa et le marquisat de Toscane, une partie de la Lombardie et en Lorraine, avec le comté de Briey. Dotée d’une force extraordinaire et d’une grande capacité à commander, à une époque où les femmes étaient considérées comme étant de rang inférieur, les hagiographes de l’époque la considèrent comme une championne de la foi qui en vint à dominer tous les territoires italiens au nord des États pontificaux.
Marie Clémentine Sobieska
Quant à Marie-Clémentine Sobieska (1702-1735), il s’agit de la petite-fille du roi de Pologne, mariée à l’un des prétendants au trône d’Angleterre, Jacques François Stuart. Elle s’est retrouvée au milieu de la lutte entre catholiques et protestants pour le trône d’Angleterre, et a toujours défendu la foi catholique. Les choses se sont tellement compliquées que le pape Clément XI, son parrain, l’accueille à Rome et lui offre le Palais Muti. Après la naissance de son cadet (1725), Marie-Clémentine se sépare de son mari pour infidélité et se retire au couvent Sainte-Cécile de Rome, mais n’y reste que deux ans. Sa santé se dégradant, elle meurt le au palais Muti et reçoit des funérailles royales à Saint-Pierre.
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