L’Amérique du Sud est devenue selon l’OMS, “le nouvel épicentre de la pandémie”. Le Brésil et le Pérou sont actuellement les pays les plus touchés, mais la situation est très critique au Nicaragua. Chiffres sous-évalués, déni des responsables politiques, grande pauvreté, le Nicaragua serait “une bombe pandémique”, selon de nombreux observateurs.
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Touchée à son tour par le Covid-19, l’Amérique du Sud est devenue “le nouvel épicentre de la pandémie”, selon l’OMS. Le Brésil est aujourd’hui le deuxième pays au monde le plus touché par le Covid-19 (derrière les États-Unis), avec 300.000 cas détectés et 23.500 morts. Sur le continent sud-américain, il est tristement suivi par le Pérou qui dénombre 120.000 cas et 3.600 morts. Mais c’est la situation du Nicaragua qui inquiète aujourd’hui les observateurs internationaux. En effet, jusqu’à la mi-mai, le président du pays, Daniel Ortega, a farouchement nié l’arrivée du virus dans son pays. Matchs, fêtes populaires et autres grands rassemblements ont donc continué à être autorisés, laissant ainsi le virus se propager à grande vitesse.
Dans un article publié dans El País, l’écrivain nicaraguayen Santiago Ramírez a démontré les objectifs de l’idéologie menée par le tandem au pouvoir, Daniel Ortega et son épouse, la vice-présidente Rosario Murillo : “Montrer que nous vivons dans le pays le plus sain du monde, et que nous sommes obligés d’être heureux par décret. Le Nicaragua est une bombe de contagion”.
Des chiffres “loin de la réalité”
Cette stratégie de minimiser le virus, mise en place par Daniel Ortega Saavedra, peut être comparée à celle suivie par le président du Brésil, Jair Bolsonaro. Sauf que le Nicaragua vit une grave crise depuis deux ans. Sanctions commerciales américaines, fermeture de la frontière avec le Costa Rica, milliers de citoyens en exil, opposition durement réprimée, le pays fragilisé est aujourd’hui en train de subir de plein fouet la pandémie d’autant que son système de santé est très faible.
Impossible par ailleurs de se baser sur les chiffres officiels pour estimer l’étendue de la pandémie. La semaine dernière, la ministre de la santé, Martha Reyes, a tout juste indiqué que le nombre de personnes infectées était passé de 25 à 254 en une seule semaine, un chiffre jugé alors peu “inquiétant”. Pourtant, les experts de la santé publique estiment que le nombre d’infections est beaucoup plus élevé que ce que le gouvernement reconnaît. Des sources à l’hôpital allemand – précédemment appelé hôpital Karl Marx – ont démenti le gouvernement, indiquant que la morgue était “submergée” à cause du nombre de corps. Un expert en épidémiologie, le Dr Alvaro Ramirez, qui a occupé une fonction publique au Nicaragua et vit maintenant en Irlande, a déclaré à la BBC Mundo que les chiffres présentés par le gouvernement Ortega “sont très loin de la réalité”. Et les conséquences pour le deuxième pays le plus pauvre d’Amérique latine (après Haïti) d’une pandémie ignorée “pourraient être catastrophiques”.
Combien de personnes sont mortes au cours de ces mois de déni officiel ? Personne ne le sait. Mais les “enterrements express” et les témoignages des proches de ceux qui sont morts de maladies telles que “une pneumonie inhabituelle ou grave”, ou “une insuffisance respiratoire aiguë”, pourraient être bien plus nombreux que les neuf décès reconnus à ce jour par le régime.
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