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Pas de messe publique avant le 2 juin : la vive réaction des évêques

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© Godong

Agnès Pinard Legry - publié le 29/04/20

Les réactions des évêques ont été nombreuses dans les heures qui ont suivi l’annonce faite, par Édouard Philippe, ce mardi, de maintenir la suspension des messes et célébrations religieuses publiques jusqu’au 2 juin.

Déception, étonnement, scepticisme, tristesse, agacement… Les évêques n’ont pas manqué de réagir à la présentation du plan de déconfinement du gouvernement devant l’Assemblée nationale ce mardi. Concernant les cultes, “je crois qu’il est légitime de demander de ne pas organiser de cérémonies avant cette barrière du 2 juin”, a ainsi annoncé Édouard Philippe. Des propos auxquels la Conférence des évêques de France a réagi moins de quatre heures après en faisant part de son incompréhension : “Nous voyons mal en quoi la pratique ordinaire de la messe favorise la propagation du virus et gène le respect des gestes barrières plus que bien des activités qui reprendront bientôt”, a-t-elle indiqué. Demandant à rencontrer les pouvoirs publics, nationaux ou locaux, pour préparer la reprise effective du culte, les évêques de France ont rappelé que “la liberté de culte est un élément constitutif de la vie démocratique”. “La dimension spirituelle et religieuse de l’être humain contribue, nous en sommes persuadés, à la paix des cœurs, à la force dans l’épreuve, à la fraternité entre les personnes, et à toute la vie sociale”.


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“Comme toujours les catholiques doivent être fermes et paisibles”, a réagi Mgr Rougé, évêque de Nanterre pour les Hauts-de-Seine. “Il ne s’agit pas d’entrer dans un esprit de révolte mais de dire, par différents moyens, combien nous sommes choqués par la manière de traiter la question des cultes dans cette crise”.  L’évêque a également souligné que l’Église a “toujours été “solidaire de l’effort collectif mais que les trois lignes sèches et lapidaires du Premier ministre à propos des cultes sont inacceptables. Il y a un défaut de respect des croyants et de la liberté religieuse qui est incompréhensible”. Évoquant les raisons qui ont pu pousser l’exécutif à agir de la sorte, il a rappelé que “les catholiques doivent comprendre que, pour certains dirigeants qui n’ont aucune expérience de la foi, l’idée que notre vie sacramentelle soit vraiment importante est en dehors de leur champs d’expérience ».

“Aller à la messe, ce n’est pas aller au cinéma, ce n’est pas une distraction, c’est quelque chose de vital”, a affirmé de son côté Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris, au micro de Radio Notre Dame ce mercredi 29 avril. “L’eucharistie est une nourriture divine qui permet aux gens de tenir dans le confinement, c’est un remède spirituel”. Il a également regretté le manque d'”anthropologie” de nos gouvernants : Qu’est-ce que l’homme et fondamentalement, qu’est-ce que l’humanité, ils ne savent pas du tout, c’est ça le grand vide”.

Parce qu’une photo vaut parfois mille mots, Mgr Xavier Malle, évêque de Gap, a répondu aux déclarations d’Édouard Philippe en postant sur Facebook une belle photo de montagne accompagné d’un passage de l’évangile de saint Luc : “Il est écrit : l’homme ne vit pas seulement de pain”.

“Je partage l’incompréhension de beaucoup devant la relégation de la liberté de culte à la dernière roue du carrosse de la nation française”, a affirmé quant à lui l’archevêque de Rouen, Mgr Dominique Lebrun. Et les interrogations sont nombreuses : “Pourquoi les messes ne peuvent-elles pas reprendre alors que nous nous engagions à respecter les gestes barrières et la distanciation physique ? Pourquoi ne peuvent-elles pas reprendre alors que tant d’autres activités reprennent le 11 mai ? Pourquoi ne pas avoir fait appel à la responsabilité des fidèles qui cherchent le bien de tous selon l’exigence de l’Évangile ?”.

“La foi qui conduit à servir est essentielle à la vie de la société.”

Réagissant aussi à l’annonce, Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, a fait part de son étonnement “qu’on ne perçoive pas l’impact social des chrétiens qui se réunissent pour prier”. “La foi qui conduit à servir est essentielle à la vie de la société”, rappelle-t-il. “J’ai confiance que les catholiques sauront vivre ce temps prolongé de confinement avec sagesse, en comprenant, à la lumière de l’Évangile, que le grand défi que lance à tous cette épidémie, c’est de prendre soin les uns des autres avec bienveillance et paix. S’il y a un monde nouveau à édifier, c’est celui-là dans tous les domaines de la vie sociale et économique. Grâce à leur foi, les catholiques s’y engageront avec ardeur”, a-t-il assuré. Encore privés de la messe pour plus d’un mois, “les catholiques savent qu’aimer son prochain en actes et en vérité est le plus beau culte rendu à Dieu”.




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“Je ne crois pas qu’on puisse capituler sans discussion devant ce qui apparaît comme un manque grave de respect envers les catholiques”, a indiqué sur Twitter Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne. “Nous sommes des gens responsables, capables, autant que les commerçants et les conservateurs de musées, de prendre des précautions sanitaires”.

“Qui pourrait nous couper de notre Source de vie ?”, s’interroge de son côté l’évêque de Châlons, Mgr Touvet.

“Le renvoi de toute possibilité de célébration au-delà du 2 juin exclut de fait la liberté de culte du principe de déconfinement progressif mis en avant par le gouvernement”, a souligné Mgr Éric Aumoier, évêque de Versailles pour les Yvelines. “La confiance ne semble pas être accordée aux fidèles et aux prêtres pour faire preuve de la prudence et de la responsabilité qu’ils ont pourtant manifestées jusqu’à présent…”

Dans un entretien accordé à La Croix, Mgr Guy de Kerimel, évêque de Grenoble-Vienne, et Mgr Robert Le Gall, archevêque de Toulouse, ont fait part de leur déception. Devoir attendre le mardi 2 juin pour pouvoir célébrer des messes en public est “une souffrance réelle et objective”. D’autant plus “que le rassemblement autour de l’Eucharistie est constitutif de l’Église pour nous catholiques et pour les orthodoxes”. L’évêque de Grenoble a de son côté avancé l’idée que dans les départements “verts”, c’est-à-dire peu impactés par le virus, ce qui est le cas de l’Isère jusqu’à présent, “des prêtres puissent avoir la possibilité de célébrer la messe à domicile“.

L’archevêque de Marseille, Mgr Jean-Marc Aveline, a également appelé les pouvoirs publics à faire confiance aux évêques. ” Je suis prêt à mobiliser en ce sens toutes les ressources du diocèse afin que, dans l’esprit des principes énoncés par le Premier ministre, les chrétiens puissent reprendre rapidement, en respectant strictement les mesures sanitaires qui s’imposent, une vie de prière communautaire et sacramentelle”, a-t-il assuré. “Le déconfinement ne peut pas être seulement guidé par des impératifs d’ordre économique et sanitaire. Il faut aussi que la vie sociale, culturelle et religieuse puisse progressivement redémarrer. Car pour toute vie humaine, le sens et la relation font partie de l’essentiel. L’Église catholique a montré qu’on pouvait compter sur elle comme partenaire des pouvoirs publics pour réussir le confinement : n’ayons pas peur de lui faire confiance pour réussir durablement le déconfinement !”

Tags:
CovidÉvêqueLiberté religieuseMesse
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