À l’heure du confinement, les musées du Vatican viennent jusqu’à vous en décidant d’ouvrir les collections de leurs douze institutions, riches de plus de 70.000 œuvres. Chaque jour, une œuvre sera mise en lumière, et éclairée d’un commentaire d’un pape avec l’espoir d’apporter en cette sombre période une parcelle de beauté et un peu de baume au cœur. Aujourd’hui La Madeleine du Guerchin, excellent symbole de la miséricorde infinie de Dieu.
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Figure de dévotion par excellence, l’image de la Madeleine pénitente envahit au 17e siècle, non seulement les églises et les palais des cardinaux, mais également les demeures des simples particuliers. Car pour le chrétien, elle constitue un perpétuel sujet de méditation en exaltant la grandeur de l’expiation. Pour l’artiste, comme pour le commanditaire, elle séduit par sa radieuse beauté, sa nudité et parfois sa sensualité lorsque le peintre choisit de la représenter en extase.
La Contre-Réforme est passée par là, avec la volonté de rendre communicable le message chrétien grâce à une peinture marquée de théâtralité. Car le contexte est alors celui de l’iconoclasme réformé qu’il importe de combattre en mettant en scène des images de dévotion emplies d’un sentiment d’abnégation, tel que le prônait le Concile de Trente.
Un tableau « plein d’amour », « rempli d’âme »
La Madeleine du Guerchin ne déroge pas à ces règles. Elle est représentée agenouillée, à demi-nue, priant avec ferveur pour le pardon de ses péchés, dans toute sa solitude et toute sa beauté. L’atmosphère est sombre, dramatique, intensément expressive. Stendhal en fut saisi d’admiration, qualifiant la Madeleine du Vatican de tableau « plein d’amour », « rempli d’âme ». C’est tout le talent du Guerchin d’avoir su restituer cette intériorité passionnée par le choix de tons soutenus, l’emploi d’un clair-obscur maîtrisé.
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Pourtant, rappelons-nous que Le Guerchin est d’abord un autodidacte. Formé par l’étude des tableaux des Carrache et du Caravage et par son séjour à Venise, il est appelé à Rome en 1621 par le pape Grégoire XV, dont il fera le portrait. Ces années constituent un tournant dans son art. Influencé par Le Dominiquin, il évoluera bientôt vers un certain classicisme, adoptant une composition, une facture et des coloris plus adoucis.
Le Guerchin réalisera par la suite différentes versions du thème de la Madeleine Pénitente. Le tableau du Vatican reste remarquable par la présence aux côtés de Madeleine de deux anges, qui, pour la consoler dans son extrême affliction, offrent à son regard les instruments de la Passion : les clous de la croix, la couronne d’épines, témoignages des souffrances endurées par le Fils de Dieu pour la rédemption du genre humain. L’un des anges pointe la main vers le ciel, indiquant par là l’espoir certain pour Madeleine, incarnation du péché et du repentir, d’atteindre le salut éternel.
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Car la bonté de Dieu est infinie. Sa miséricorde est accordée à chacun, quels que soient ses péchés. C’est le sens du message porté par Paul VI dans son homélie de 1964. Un autre pape, Saint Jean-Paul II en mesurait bien la portée. En 2001, il institua le Dimanche de la Divine Miséricorde, dont la célébration s’annonce bientôt, ce prochain deuxième dimanche de Pâques.
La miséricorde de Dieu est une source inépuisable que le Christ a apportée au monde précisément avec le désir, l’anxiété de nous chercher, de nous suivre et de nous répéter : Je t’ai aimé; Je suis venu pour toi, pour que tu comprennes qui tu es et à quel point tu es paralysé et misérable. Mais aie confiance ô fils, tes misères sont effacées. C’est pourquoi aujourd’hui nous irons à Jésus, offrant le Divin Sacrifice: nous présentant nous aussi devant lui comme le paralytique. En toute humilité, nous lui demanderons que la confiance en sa toute-puissance et bonté se renouvelle dans notre âme. Chacun suppliera: Seigneur, sauvez-moi: Toi seul as les paroles de vie éternelle.
Paul VI – Homélie 20 septembre 1964