Le célèbre groupe de pop louange Glorious a déjà 18 ans ! À cette occasion, son chanteur Thomas Pouzin a partagé avec Aleteia sa vision de la mission au XXIe siècle. Aleteia : Une telle longévité, cela s’explique. Glorious est-ce un métier ou une mission ?
Quand on a lancé Glorious avec mon frère Benjamin en 2002, les JMJ de l’an 2000 ont été un moment clef. Le pape Jean Paul II avait eu cette phrase : “Si vous êtes ce que vous devez être, vous mettrez le feu au monde”. Cette exhortation a ouvert quelque chose en nous d’ordre missionnaire. Je vis grâce à Glorious, c’est mon métier, mais depuis le début, j’ai cette conviction d’appartenir à la grande mission à laquelle nous invite Jésus. On peut être missionnaire de multiples manières et pour moi cela passe par la louange. Je souhaite partager la joie de l’Évangile au plus grand nombre. Parfois, certains jeunes pensent qu’il faut être prêtre ou religieux pour devenir missionnaire ou partir au fin fond de l’Afrique. Je ne suis pas du tout d’accord avec cette imagerie ! On peut être en mission en plein cœur d’une ville en étudiant dans une école de commerce. Il faut ouvrir la dimension de la mission à tous nos états de vies et tous les lieux. N’allons pas croire que Dieu ne nous appelle pas car nous avons des vies en apparence ordinaires !
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Selon vous, quelle est la définition d’un missionnaire au XXIe siècle ?
Il me semble que plus on est ami de Jésus, plus on devient missionnaire. Cela se voit dans les pages de l’Évangile. Un missionnaire, c’est celui qui ressemble à Jésus, quelqu’un qui est proche de lui et à son écoute. Jésus est Le missionnaire, le premier missionnaire qui vient nous dire : “Voilà ce que mon Père m’a donné comme message et moi je vous le transmets”. Les jeunes qui avancent dans la vie ont besoin d’avoir des modèles et ils se tournent la plupart du temps vers une personne qu’ils admirent, un chanteur, un acteur de cinéma… Je dis aux personnes que je rencontre : “Faites cela avec Jésus ! Regardez comment il se comporte avec les autres”. Il n’y a pas de plus belle inspiration. Le missionnaire, c’est celui qui réussit à s’inspirer énormément de la vie de Jésus. Être près de Jésus au XXIe siècle, cela veut aussi dire lire l’Évangile pour mieux le connaître. Je crois que l’on commence à devenir missionnaire comme cela.
«Quand je compose, j’essaie de vraiment demander à Dieu d’être disponible, inspiré pour que le Seigneur utilise ces paroles pour que les gens soient bénis, encouragés.»
En quoi la musique, la louange est une terre de mission ? Avez-vous des témoignages de personnes qui ont rencontré le Christ grâce à vos textes ?
La musique est un vecteur très fort, très puissant pour proclamer l’Évangile, c’est assez mystérieux. À mon échelle, les témoignages que j’ai me touchent. Parfois, certaines personnes nous disent qu’ils ont compris quelque chose de Dieu grâce à nos textes, c’est très fort. On a par exemple une chanson qui s’appelle “Relever le faible” qui fait des millions de vues sur YouTube et cela arrive souvent que les gens nous fassent des retours sur le titre, nous partageant parfois l’impact de cette chanson dans leur vie. À chaque fois qu’une personne m’envoie un tel message, cela m’impressionne. On a des centaines de témoignages qui évoquent des transformations. Quand je compose, j’essaie de vraiment demander à Dieu d’être disponible, inspiré pour que le Seigneur utilise ces paroles pour que les gens soient bénis, encouragés. Quand Jésus nous dit “guérissez les malades”, qu’est-ce que cela veut dire pour chacun aujourd’hui ? Pour moi, cela signifie peut-être de permettre à une personne de répondre à une démarche de pardon en entendant une chanson l’évoquer : la personne comprend alors que le pardon se reçoit de Dieu.
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«Notre potentiel à aller vers les périphéries se ferme dès qu’on juge une personne. »
Le pape François ne cesse de demander d’aller aux périphéries pour annoncer l’Évangile. Comment est-ce que vous vivez cet appel ?
La vie nous donne d’être entouré de plein de gens et face à ces personnes, on a toujours deux options. On peut d’abord choisir de juger la personne, de passer celui que nous rencontrons au crible et dans de multiples filtres. La deuxième option, bien plus difficile et pourtant plus évangélique, c’est de ne pas juger lorsque l’on rencontre quelqu’un. Pour moi, les périphéries démarrent là. Évidemment, il y a des tas de gens qui n’entendent pas l’Évangile et que l’on doit atteindre mais je trouve que l’on doit affronter nos propres périphéries déjà. Sans quoi on loupe l’essentiel. Dans l’Évangile, on voit Jésus rencontrer les périphéries à travers les infréquentables : la Samaritaine, Zachée : des gens qui sont jugés, marginaux, mis de côté. Et lui ne juge jamais. Son jugement, c’est la miséricorde. Je pense que notre potentiel à aller vers les périphéries se ferme dès qu’on juge une personne. Ensuite, en tournée, cet appel va m’encourager à avoir une attention particulière envers les personnes qui ne sont pas chrétiennes. À Lyon Centre (paroisse de Lyon dans laquelle le groupe est présent, nldr), la première chose qu’on a mise en place c’est un espace d’accueil. Le mot d’ordre, c’est d’accueillir avec le même enthousiasme un président de la République ou un boiteux en train de baver. Il faut la même joie car Dieu regarde et aime ces personnes de la même manière. Enfin, les périphéries passent aussi par YouTube. Depuis Internet, la louange est beaucoup plus accessible même pour des personnes qui ne croient pas. C’est une belle terre de mission !
Depuis votre création, votre mission a sans doute évolué. Quel est l’appel de Glorious aujourd’hui ? Celui que vous allez développer plus particulièrement cette année ?
L’année dernière, on a fait une cinquantaine de concerts, tous à guichet fermé. Entre un mois et une semaine avant le concert, il n’y avait plus de place. C’est à la fois super et en même temps il faut répondre à cette demande. En septembre prochain, nous repartons en tournée et nous allons tout simplement commencer par jouer dans des plus grandes salles pour répondre à ce développement. Le Seigneur, il me semble, nous appelle à croître. Dans les six mois qui viennent avec mon frère, nous travaillons sur un nouvel album. Le cœur de notre mission à venir, c’est de creuser l’écriture et la composition. Cela signifie, bien que nous le fassions déjà, passer encore plus de temps à écrire et composer. Nous avons pris conscience que le chant de louange, lorsqu’il est vraiment inspiré par l’Esprit, peut être missionnaire. À nous de nous donner les moyens d’écrire le plus possible des chants qui soient vraiment puissants ! Cela suppose beaucoup de temps, beaucoup de réflexions, beaucoup d’enracinement dans la Parole de Dieu, beaucoup de lectures pour qu’à un moment sorte la bonne intuition. C’est notre axe pour l’année à venir : écrire des très beaux chants qui portent les gens et qui disent quelque chose de notre vie intérieure.
Propos recueillis par Claire Guigou
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