La rose est le symbole de l’amour. Logiquement, la Tradition a appelé la Vierge, dont toute l’existence a été vécue sous le signe de la charité, du nom de cette fleur. L’appellation de « Rose mystique » s’inscrit dans une longue tradition. Pourquoi cette fleur a-t-elle eu l’insigne honneur de servir de comparaison pour invoquer la Mère de Dieu ? Trois raisons évidentes justifient son emploi dans les litanies qui lui sont adressées.
D’abord, il s’agit d’une fleur. Une fleur représente la beauté du monde. C’est aussi un objet que l’on offre à ceux que l’on aime. Quoi de plus naturel que d’en faire cadeau à notre Mère des cieux, qui est aussi la plus belle des créatures ? En nommant la Vierge par ce terme, c’est un peu comme si les chrétiens lui tendaient cette fleur en guise d’hommage et de profonde affection.
La reine des fleurs
Ensuite la rose est la reine des fleurs. De même que Marie est la Reine de l’univers, la mère du Roi des rois, Jésus-Christ, de même la rose est la première dans son ordre. Son éclat et son parfum la rendent sans égale. Apparaissant discrètement dans un buisson, ce n’est que progressivement qu’elle s’ouvre à la lumière, se dilate et finit par briller d’un vif éclat, tout en répandant autour d’elle les plus enchanteresses exhalaisons. Pareillement, les débuts de la vie de la Vierge furent très humbles et obscurs avant que la mère du prophète de Nazareth ne finisse par régner sur l’univers par son ministère de miséricorde.
Lire aussi :
Bouquet de mariée : le rose est dans l’air du temps !
Enfin, la rose pousse souvent dans les ronces. De même Marie a vécu au milieu du roncier de l’incrédulité, dans un monde qui a refusé son Fils durant son existence terrestre. Actuellement, beaucoup de chrétiens dans les pays occidentaux partagent ce sort.
Une rose qui ne se fane pas
Cependant, les roses finissent par se faner. Tel n’est pas le cas de la Vierge. Au ciel, son éclat reste entier. En effet, l’amour rend la Vierge imperméable à la flétrissure. Toute son existence a été un long poème d’amour. Or, s’il est une chose qui ne perd jamais son éclat, c’est bien cette vertu théologale. « L’amour ne passera jamais », dit saint Paul dans son célèbre hymne à la charité de l’épître aux Corinthiens.
Lire aussi :
Ce lien spirituel méconnu qui unit le pape François et sainte Thérèse de Lisieux
Que restera-t-il de nous lorsque nous aurons disparu ? Nos œuvres ? Mais lesquelles ? En fait, seules subsisteront celles qui auront été accomplies par amour. Si les roses naturelles se fanent, cela tient à ce qu’elles restent à l’image de notre monde marqué par la vanité, l’égoïsme et la recherche de la vaine gloire. C’est pour nous arracher au terrible destin de cette vanité que le Christ est venu nous sauver. Et le premier effet de cette Rédemption se dessine sur le visage, jeune à jamais, de la Rose immarcescible : la Vierge Marie, « plus jeune que le péché » (Bernanos).
Symbole de l’amour
Surtout, la rose est le symbole de l’amour. Offrir une rose à une femme équivaut à lui déclarer sa flamme. En appelant la Vierge du nom de cette fleur, ses fidèles témoignent d’une sûreté théologique remarquable. En effet, l’amour est l’alpha et l’oméga de la vie et de la doctrine chrétiennes. L’Amour est aussi la clef de compréhension de l’Incompréhensible par excellence : Dieu lui-même. Dans son mystère trinitaire, Dieu est l’Amour. L’unité du Dieu en trois Personnes n’est pas accessible à nos faibles intelligences en dehors du chiffre de l’amour.
Lire aussi :
Pourquoi la Vierge Marie a-t-elle autant de noms ?
Or, la Vierge Marie est le chef d’œuvre de la Trinité parce qu’elle est la créature qui non seulement a fait le meilleur accueil à l’amour divin, mais surtout qui a placé toute sa vie sous le signe de la charité, de l’Annonciation jusqu’à la Croix, pour aboutir à l’effusion de l’Esprit saint sur le monde – effusion qui n’est pas survenue sans sa prière. Aussi appeler la Vierge du nom de la fleur symbolisant l’amour est-il tout à fait approprié. Ici, la poésie rejoint la vérité.