Tout le monde a vu l’icône mondiale du cinéma américain déclarer : “Je suis Spartacus !”, dans le film de Stanley Kubrick où il campe le chef des esclaves finissant crucifié. Sa carrière a duré durant six décennies. Et l’homme à la fossette légendaire a pourtant terminé sa vie loin des honneurs et des caméras, leur préférant l’étude de la Torah et le sort des enfants.Spartacus, Ulysse, Doc Holliday (Règlement de comptes à OK Corral), l’intrépide harponneur Ned Land (Vingt Mille lieues sous les mers), grâce à ces rôles majeurs Kirk Douglas est devenu une légende. Décédé à 103 ans dans la nuit du 5 février 2020, il laisse derrière lui une œuvre conséquente et un souvenir qui ne risque pas de disparaître avant longtemps. Nominé trois fois pour l’Oscar du meilleur acteur pour Le Champion (1949), où il endosse le rôle d’un boxeur, Les Ensorcelés (1952) et La Vie passionnée de Vincent van Gogh (1956), dans lequel il tient le rôle titre, l’acteur a su diversifier ses costumes pour confirmer son talent. Il reçoit enfin un Oscar d’honneur en 1996 pour “50 ans de force créative et morale dans la communauté cinématographique”.
L’accident et le retour à Dieu
Mais c’est un autre épisode de sa vie, loin des plateaux de cinéma et des honneurs qui a probablement le plus profondément marqué cette célébrité. En février 1991, Kirk Douglas échappe à la mort. Il est le seul survivant d’un accident d’hélicoptère, et c’est à cette époque, alors que sa carrière est déjà derrière lui qu’il se demande quel est le sens à donner à sa vie. Pourquoi est-il le seul à avoir survécu ? Très vite, il se dit : “Dieu a dû me sauver la vie pour que j’accomplisse une mission.”
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C’est l’occasion pour lui de revenir à ses origines et d’étudier davantage la Torah durant les dernières années, car Kirk Douglas est issu d’une famille juive venue de Russie. Il l’évoque d’ailleurs dans sa biographie Climbing the mountain : my search for meaning, parue en 2002. Le Times of Israel rapporte sa vision de la foi : “Je ne crois pas que Dieu veuille des compliments. Dieu veut que vous fassiez des choses de votre vie et que vous aidiez les autres.” Il décide alors de fonder avec sa seconde femme une association pour venir en aide aux enfants défavorisés. Remarquant qu’ils manquent d’espaces verts près de chez eux ou de leurs écoles, ils se lancent dans le financement de 900 jardins en huit ans. “Quand nous les voyons heureux, nous savons que nous avons réussi notre devoir moral”, estimaient-ils.
Même s’il déclare avoir perdu “sa suprême arrogance” à 80 ans, suite à un AVC, bientôt suivi d’une crise cardiaque, celle-ci lui a tout de même permis de s’opposer aux diktats d’Hollywood. Dans les années 1950, le maccarthysme impose sa liste noire. Elle recense le nom des communistes à écarter du milieu culturel et artistique, dont Charlie Chaplin par exemple. Kirk Douglas décide de contourner cette injonction en employant Dalton Trumbo pour travailler sur un script avec lui. Il raconte cette histoire dans son ouvrage : I am Spartacus! : Making a film, Breaking the Blacklist. Défenseur des plus démunis, il le fut aussi du peuple Amérindien. Kirk Douglas, c’est le symbole de la réussite américaine par excellence, qui n’a jamais oublié ses origines malgré son ascension fulgurante. C’est aussi le symbole de la force bientôt déclinante, dont il a su tirer le meilleur parti pour professer des conseils de sagesse, d’amour et de paix à travers certains de ses livres.