Connaissez-vous les Focolari ? Il s’agit d’un mouvement chrétien basé sur le dialogue et l’unité entre les hommes. Fondé par une italienne en 1943, le documentaire “Au-delà du dialogue”, diffusé sur KTO le 6 janvier prochain, nous fait découvrir l’existence étonnante de ce mouvement en Algérie, où il trouve aujourd’hui un écho particulier. Aleteia a interrogé Fabio Bertagnin, le réalisateur du film.Fabio Bertagnin est italien et habite en France depuis 30 ans, à Lyon ces dernières années. Laïc consacré du mouvement des Focolari, il est à l’origine d’un film qui présente ce mouvement à travers l’expérience inédite que vivent musulmans et chrétiens en Algérie. Ce documentaire Au delà du dialogue sera diffusé le 6 janvier prochain sur KTO.
Aleteia : Avant de parler de votre film, pouvez-vous nous présenter le mouvement des Focolari ?
Fabio Bertagnin : Il s’agit d’un mouvement d’inspiration chrétienne tourné vers le respect des autres et l’unité. C’est en 1943, à Trente (en Italie du Nord) que Chiara Lubich, une jeune institutrice, a cette intuition de l’unité. La lecture de l’Évangile l’amène avec quelques amies, à s’imprégner peu à peu de la Parole de Dieu tout en restant proches des personnes qui les entourent. Le rayonnement de ces femmes dans leurs relations leur valent alors le nom de Focolari de l’Unité (focolare = foyer, âtre). Elles vont consacrer leurs vies à la réalisation de la prière de Jésus : Père que tous soient un. (Jn 17, 21). Peu à peu, les gens vont les suivre, religieux ou laïcs, croyants de diverses religions ou non-croyants, tous soucieux de l’avenir de l’Homme. Les statuts des Focolari ont été approuvés par les papes Jean XXIII d’abord, puis Paul VI et Jean Paul II ensuite. En France, le mouvement est présent depuis 60 ans et intégré dans le groupe “Familles et Mouvements spirituels” de la Conférence des évêques de France (CEF). Treize communautés (de quatre à six personnes consacrées) y sont implantées dans six villes, et on compte 2.500 membres et 15.000 sympathisants. Dans le monde, les Focolari sont présents dans 182 pays, avec plus de 140.000 membres et deux millions de sympathisants.
Vous avez tourné un film documentaire pour parler de ce mouvement qui existe aussi en Algérie, pouvez-nous nous raconter la genèse de ce film ?
C’est en rencontrant un jeune algérien musulman Rassim, engagé dans le même mouvement que moi, que j’ai découvert qu’en Algérie aussi, des personnes de religion musulmane ont adopté cette spiritualité née dans l’Église catholique. Enracinés dans leur propre foi, sans concession et sans mélange, des chrétiens et des musulmans du mouvement des Focolari y vivent un chemin spirituel partagé, et témoignent des fruits inattendus de cette expérience. C’est cela que j’ai voulu montrer avec ce documentaire. D’autant que la béatification, en décembre 2018 à Oran, de dix-neuf martyrs catholiques a attiré l’attention du public occidental sur la présence chrétienne dans ce pays musulman. Je voulais vraiment montrer que notre expérience des Focolari conduit ses membres, chrétiens et musulmans, “au-delà du dialogue”, c’est-à-dire, ensemble, le long d’un chemin commun, avec un but commun : connaître Dieu, et faire sa volonté.
Lire aussi :
Les Français ont bon goût pour leurs documentaires préférés
Dans votre documentaire, vous interrogez notamment Monseigneur Jean-Paul Vesco, l’évêque d’Oran ?
Mgr Jean-Paul Vesco m’a profondément touché en affirmant que le XXIe siècle ne serait plus le temps des guerres de religions. Bien au contraire, il explique que nous devons construire ensemble, notamment et surtout avec les croyants d’autres religions, un chemin nouveau pour l’avenir de notre monde. Les personnes que j’ai rencontrées témoignent de cette capacité, puisée dans l’expérience de fraternité vécue, de s’investir ensemble pour l’environnement, ou pour les familles en difficulté par exemple. Cela mérite d’être raconté ! C’est plus que du dialogue interreligieux, c’est plus même que de l’amitié, c’est… ! Difficile de trouver les mots pour définir et formaliser ce qui se vit. C’est pour cela que le langage cinématographique me semble particulièrement adapté. Il permet un témoignage fait d’ambiances et de sensations.
Comment se passe concrètement ces rencontres au sein des Focolari ?
Comme je le montre dans le film, pendant l’année ou les vacances d’été, des membres du mouvement se retrouvent et y invitent des amis, des parents ou des collègues. Pendant quelques jours, au fil des jeux, des ateliers, des conférences et des échanges, ils vont oublier petit à petit qui est chrétien, qui est musulman, et ils vont se reconnaître amis, frères en humanité.
Comment s’est passé le tournage ?
Le tournage a été effectué avec des moyens légers en Algérie principalement, et à Lyon pour la séquence initiale. Trois voyages ont été effectués en Algérie : en juillet 2018 pour un premier repérage, en novembre 2018 pour le tournage, et en juin 2019 pour un deuxième tournage. Au total, nous avons réalisé 80 interviews pour environ 160 heures de matériel filmé avec les images d’ambiance et de vie. Le film de 52 minutes sera diffusé lundi 6 janvier sur KTO.
Lire aussi :
KTO, depuis 20 ans, un “miracle quotidien”