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Comment faire pour que son conjoint se sente aimé aujourd’hui, demain… et dans 40 ans

MIŁOŚĆ
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Paul Habsburg - publié le 08/12/19
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Suis-je vraiment fidèle aux besoins de mon conjoint ? La fidélité conjugale ne se limite pas à ne pas tromper l’autre. Elle demande de se mettre en route pour mieux comprendre les besoins de celui à qui on a promis de l’aimer pour toujours. Au fil du temps, elle peut prendre une forme inattendue, créative, parfois même héroïque. Allie, une vieille dame, est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Elle habite dans une maison de retraite. Noah, son mari, lui lit tous les jours le même livre. En fait, il s’agit du carnet où Allie avait consigné sa propre histoire d’amour avec Noah. Elle s’était mise à l’écrire lorsqu’elle avait appris sa maladie, pour que ses propres sentiments ne tombent pas dans l’oubli. Inlassablement, Noah lui relit ses propres mots. Ainsi, Allie peut revivre son amour, même si elle retombe inexorablement dans sa maladie.

Inspirée de faits réels, l’histoire de ce couple amoureux depuis 60 ans a donné lieu à un film très émouvant avec Ryan Gosling et Rachel McAdams :  N’oublie jamais (The Notebook, 2004). Quelle belle expression d’amour, quel témoignage de fidélité héroïque entre un homme et une femme ! Ils s’aiment, ils restent fidèles, dans le bonheur et dans les épreuves, dans la santé et dans la maladie. Noah s’était imaginé très différemment l’étape finale de leur vie à deux. Mais parce qu’il aime sa femme, il apprend à être créatif dans sa fidélité, en s’adaptant non pas à ses idées ou à ses rêves, mais plus simplement aux besoins de sa femme.

«La fidélité conjugale ne se limite pas à ne pas tromper l’autre.»

Le plus souvent, les besoins de mon conjoint ne sont pas du tout les mêmes que les miens. La fidélité aux besoins de l’autre est une forme de fidélité sans doute inattendue. Mais elle est vitale et, parfois même, héroïque. Le but de ma promesse de fidélité ne consiste pas seulement à me rappeler ce que j’avais promis. Il sert de socle, pour que l’autre puisse compter sur moi et sur mon appui inconditionnel. Pour qu’il sache que je suis présent et que je le serai tous les jours de ma vie. La fidélité conjugale ne se limite pas à ne pas tromper l’autre. Elle implique surtout ma manière de me donner à l’autre, l’apprentissage de tout ce qui permettra à l’autre de se sentir aimé, pour aujourd’hui, pour demain comme dans 40 ans.

Il y a de nombreux livres qui traitent des besoins différents entre l’homme et la femme, entre l’époux et l’épouse. L’un des plus fameux, à lire absolument, c’est celui de Gary Chapman Les cinq langages de l’amour. Mais il y a un autre bestseller que je recommande : Elle et lui de Williard Harley. L’auteur énumère avec précision les dix besoins les plus basiques chez chacun d’entre nous pour que nous puissions sentir que nous sommes aimés.

«Quand un couple tombe amoureux, chacun crée dans l’autre un réservoir d’amour. Le jour du mariage, les deux réservoirs débordent : c’est le bonheur total.»

La particularité de ce livre, c’est de projeter ce qui arrive dès que les besoins spécifiques de l’un ou de l’autre ne sont pas pris au sérieux dans la durée par le conjoint. Harley utilise une image forte et originale, celle des réservoirs d’amour. Quand un couple tombe amoureux, chacun crée dans l’autre un réservoir d’amour. Par exemple, l’homme trouve un énorme plaisir quand sa fiancée reconnaît ses efforts et ses compétences dans son travail. Chaque commentaire positif de sa part fait grandir en lui ce réservoir d’amour. De son côté, elle cultive les moments de dialogue exclusif et intime avec lui. Chaque fois qu’il lui donne toute son attention, le réservoir d’amour en elle se remplit davantage. Le jour de leur mariage, les deux réservoirs débordent : c’est le bonheur total.


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Mais il est normal qu’après un certain temps, on commence à être moins attentif à l’autre, ou plutôt aux besoins spécifiques de l’autre, surtout quand ils ne coïncident pas avec mes propres besoins. Pendant le temps des fiançailles, il faut faire particulièrement attention de vérifier si mes efforts envers l’autre ne correspondent pas tout à fait à ma façon naturelle de me donner. Par amour, un homme de nature plutôt silencieux peut parfaitement développer une grande capacité à communiquer, à écouter et à s’ouvrir. Mais si cela est trop contraire à sa nature, après les deux ou trois premières années de mariage, il redeviendra irrésistiblement celui qu’il était avant. À moins que cette capacité, celle qui a fait tellement de bien au couple, ait été bien identifiée. Dans ce cas, il se crée pour ainsi dire un « muscle » de communication.


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Un jeune époux me disait récemment que depuis son mariage, sa femme lui reprochait sans cesse ses absences à cause du travail… Un grand classique ! Avant le mariage, elle admirait l’énergie qu’il consacrait à son emploi. Mais bientôt celui-ci était un devenu terrain de discorde. Oubliés, les mots positifs, les encouragements, l’intérêt qu’elle portait à la profession de son mari. Maintenant, elle n’en parlait plus sans se plaindre. Imperceptiblement, le réservoir d’amour de ce jeune homme commençait à se vider. En revanche, une de ses collaboratrices au bureau complimentait régulièrement sa manière de travailler. Il est difficile de ne pas aimer l’admiration… Lui se réjouissait de plus en plus d’une collègue si positive. Il ne se rendait pas compte qu’en même temps, le réservoir d’amour de son épouse dans son cœur se vidait, pendant qu’un autre réservoir commençait à se remplir en lui, celui de sa collègue.

«Il ne suffit pas de vouloir aimer l’autre, il faut aussi utiliser toute son intelligence pour comprendre en profondeur le type d’amour dont l’autre a le plus besoin.»

Ici, le défi ne se limite pas à la fidélité, aux besoins de mon conjoint parce que je l’ai promis et qu’il faut toujours tenir ses promesses. Il est bien plus grand et plus noble : il s’agit de protéger le cœur de mon époux(se) ! Si ma femme se sent spécialement aimée parce que je passe du temps avec elle, en l’écoutant et en ouvrant mon cœur à elle, mes absences fréquentes ne sont plus aussi problématiques. Si ma présence à la maison n’est que physique, si je suis mentalement encore au boulot, je ne répond pas à ses besoins. Sans le vouloir, je la pousse à chercher à les combler ailleurs. Je me souviens de ce jeune couple qui avait déjà trois enfants. L’homme m’avait avoué qu’il trahissait sa femme avec son boulot sans problème, car il y recevait des encouragements et des paroles positives. Quant à elle, elle m’avait dit qu’elle trahissait son mari avec les enfants, parce qu’elle avait avec eux un vrai échange d’affection.

L’apprentissage de l’amour conjugal est un vrai Exode. Il me demande de sortir de ma façon d’aimer et de me mettre en route pour mieux comprendre les besoins de celui à qui j’ai promis de l’aimer tous les jours de ma vie. Saint Thomas d’Aquin considère que l’amour est un mariage de la volonté et de la raison. Il explique qu’il ne suffit pas de vouloir aimer l’autre, il faut aussi utiliser toute son intelligence pour comprendre en profondeur le type d’amour dont l’autre a le plus besoin. C’est ce qu’on peut appeler un amour éclairé.

«Quand un couple aime en vérité, quand il vit de mieux en mieux la fidélité aux besoins de l’autre, alors son foyer devient la demeure de Dieu.»

Pour cela, le Pape François utilise le mot tendresse. Elle est une forme d’amour qui cherche plus l’autre que soi-même, « qui se libère du désir de possession égoïste. (…) L’amour de l’autre implique ce goût de contempler et de valoriser le beau et la sacralité de son être personnel, qui existe au-delà de mes nécessités » (Pape François, Amoris Laetitia, nr.127). Aimer l’autre au-delà de mes besoins, c’est probablement le sommet de l’amour, c’est comme Dieu lui-même aime. Mais n’est-ce pas précisément notre promesse de mariage, ce oui que nous avons donné à l’autre comme garantie de notre amour fidèle ? Et le Pape précise : « Ce oui signifie assurer l’autre qu’il pourra toujours avoir confiance, qu’il ne sera pas abandonné quand il perdra son attrait, quand il aura des difficultés ou quand se présenteront de nouvelles occasions de plaisirs ou d’intérêts égoïstes » (ibidem nr. 132)


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Pourquoi François insiste-t-il tellement sur cet amour de don ? Parce que la fidélité aux besoins de mon conjoint n’est pas seulement un bien pour moi. Mon amour éclairé devient pour l’autre un bouclier, une vraie force qui le protège. Et je vois encore une raison ultérieure. Par la promesse de mariage, nous avons assumé l’appel d’entrer dans l’histoire du salut. En notre amour conjugal, nous nous sommes engagés à rendre présent l’amour de Dieu dans ce monde. Quand un couple aime en vérité, quand il vit de mieux en mieux la fidélité aux besoins de l’autre, alors son foyer devient la demeure de Dieu. Ainsi, l’histoire d’amour entre Dieu et l’homme continue. Chaque petit geste d’attention et de tendresse envers l’autre attire la bénédiction de Dieu sur votre maison. Votre foyer devient le lieu d’une paix que Dieu seul peut donner. Soyez courageux, soyez généreux !

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