S’appuyant sur une série de statistiques, l’Insee vient de publier son « portrait social » dans lequel elle décrit l’évolution de la société française depuis quarante ans. Niveau de vie, modèle familial, immigration… Si les Français vivent en meilleure santé, ils sont de plus en plus nombreux à souhaiter une transformation de la société.Dans son rapport annuel « France, portrait social », l’Insee donne à comprendre l’évolution de la société française depuis le milieu des années 1970. En 2019, la France métropolitaine compte 65 millions d’habitants contre 53 millions en 1975, soit 12 millions de plus. Aleteia en a extrait sept faits particulièrement frappants.
Une maternité de plus en plus tardive
« Les femmes donnent naissance à leurs enfants de plus en plus tard », rapporte l’Insee. L’âge moyen à la maternité, tous rangs de naissance confondus, était de 26,7 ans en France en 1975. Depuis 1977, il n’a cessé de reculer : il a dépassé 28 ans en 1988, 29 ans en 1995, 30 ans en 2010 et atteint 30,7 ans en 2018. Ce constat est également valable pour l’âge au premier enfant, qui a reculé de 4,5 ans sur la même période. Ce recul est en partie lié à la généralisation des études supérieures pour les jeunes femmes au cours des quarante dernières années. En raison de la démocratisation de l’enseignement supérieur et de l’allongement de la durée des études, de plus en plus de femmes retardent l’arrivée de leur premier enfant. Ce recul peut s’expliquer aussi par le désir de plus en plus important de vivre un certain temps à deux et d’avoir une situation stable avant d’avoir un enfant.
Baisse du niveau de vie des familles monoparentales
En France, 210.000 familles sont devenues monoparentales en 2011 à la suite de séparations de couples ayant au moins un enfant mineur, dont la moitié après une rupture d’union libre. « Ces ruptures ont des conséquences importantes sur les niveaux de vie des familles », indique l’Insee. Ainsi, la moitié des femmes qui ont rompu une union en 2011 et ont la garde de leurs enfants connaissent une baisse de leur niveau de vie au moins égale à 20% l’année de leur séparation, un chiffre qui varie peu selon leur statut conjugal d’origine (mariage, Pacs ou union libre). Pour la moitié des pères de familles monoparentales, cette baisse de niveau de vie est au moins supérieure à 10% l’année de la séparation, et ce, quel que soit le statut conjugal initial. Ces évolutions de niveau de vie consécutives aux ruptures sont semblables quelle que soit l’année de séparation entre 2011 et 2014. Si les ruptures d’unions se traduisent par une baisse sensible des niveaux de vie, celle-ci se résorbe quelques années après la rupture. « Ainsi, quatre ans après la séparation, la baisse de niveau de vie des femmes n’est plus que de 7% à 11% en médiane selon le type d’union d’origine », peut-on lire dans le rapport. Pour les hommes, la baisse initiale de niveau de vie se résorbe totalement en médiane au bout de quatre ans.
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La mortalité infantile divisée par quatre
En quarante ans, la mortalité infantile en France a été divisée par quatre. Elle est passée de 13,8‰ à 3,6‰ entre 1975 et 2005 et s’élève à 3,8‰ en 2018. Les progrès dans la lutte contre les maladies infectieuses et le meilleur suivi médical des grossesses ont permis d’atteindre ce niveau de mortalité infantile très faible. Il en va de même pour la mortalité prématurée, c’est-à-dire les décès de personnes de moins de 65 ans : elle est passée de 3,2 ‰ en 1975 à 1,8 ‰ en 2018.
Les immigrés, 9,7% de la population résidant en France
Cela représente 2,3 points de plus qu’en 1975. « Les origines des immigrés se sont diversifiées, avec l’émergence de flux en provenance d’Afrique subsaharienne et d’Asie », souligne le rapport. Entre 1975 et 2015, le solde migratoire de la France s’établit en moyenne à + 61.000 personnes par an. Ce solde dépend des entrées et sorties sur le territoire français des immigrés, mais aussi des sorties et retours des personnes nées en France ou nées françaises à l’étranger. Depuis les années 2000, le solde migratoire des immigrés est en hausse : il s’élève à + 152.000 par an en moyenne entre 1999 et 2015, contre + 65.000 entre 1975 et 1999.
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Le souhait de transformation de la société augmente
Il y a quarante ans, 76% des Français estimaient que la société avait besoin de se transformer. Aujourd’hui ils sont désormais 83% à le penser, soit une hausse de 7 points. Ce désir croissant de transformation peut être mis en relation avec la montée de la défiance dans les institutions, que permet notamment de mesurer depuis 2009 le baromètre de la confiance politique du Cévipof. Si le désamour entre élites politiques et population constitue un trait caractéristique des démocraties modernes, l’analyse de la confiance dans le gouvernement au cours des deux dernières décennies montre une envolée de la défiance entre 1999 et 2019.
À noter que les jeunes sont aussi de plus en plus inquiets de leur état de santé. Début 2019, 78% d’entre eux ont jugé que leur état de santé est « satisfaisant » ou « très satisfaisant » par rapport aux personnes de leur âge. En 1979, la proportion était de 90%. La raison de cette dégradation de l’état de santé ressenti peut être liée à une transformation de la notion de bonne santé, qui ne se restreint plus à l’absence de maladie ou d’infirmité, mais à un état complet de bien-être physique, mental et social, telle que définie par l’Organisation mondiale de la santé.
La famille de moins en moins considérée comme seule source de bien-être
En 2019, 59% des Français souscrivent à l’idée que la famille est « le seul endroit où l’on se sente bien et détendu ». Ils étaient 70% en 1979. « Les années 1990 marquent le début de cette prise de distance de l’opinion avec l’idée que la famille est le seul endroit où l’on se sent bien et détendu », précise l’Insee. Les enquêtes internationales montrent en effet que les Français, comme de nombreuses autres populations, jugent la famille très importante dans leur vie, mais aussi qu’ils aspirent de plus en plus à vivre une vie « polycentrée » où toutes les dimensions sont importantes (famille, mais aussi travail, loisirs, amis, etc.)
Les femmes casseront-elles bientôt le fameux plafond de verre ?
Les femmes sont bien plus souvent en mobilité ascendante par rapport à leur mère en 2015 qu’en 1977, et ce quelle que soit leur origine sociale, révèle le rapport de l’Insee. Leur taux de mobilité a progressé de 16 points lorsque la mère relève des professions intermédiaires, de 22 points si cette dernière est employée ou ouvrière qualifiée et de 20 points si elle est non qualifiée.