L’évêque John Hughes a vaincu, au milieu du XIXe siècle, les foules anti-immigrés et anticatholiques en colère qui menaçaient l’ancienne cathédrale Saint-Patrick de New York. (2/2)
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Chaque jour, les habitants du quartier de Lower Manhattan, au sud de l’île, passent devant le mur de briques de plus de cinq mètres qui entoure le périmètre de l’ancienne cathédrale Saint-Patrick, en buvant tranquillement leur café et se dirigeant vers Mott Street. Les vendeurs ambulants utilisent la surface du mur pour accrocher leurs œuvres et les présenter aux passants sans connaître l’incroyable histoire qui se cache au plus profond de son mortier. Mais si son histoire tombe dans l’oubli, son héritage reste.
Une histoire oubliée
Le mur est un monument de l’histoire de New York depuis longtemps oublié, lorsque catholiques et Irlandais ont été brutalement persécutés et leurs églises incendiées. Chaque brique témoigne de la résistance indestructible et de la foi inflexible des hommes et des femmes qui ont combattu ensemble contre les foules porteuses de flambeaux et les journaux aux gros titres haineux qui cherchaient l’anéantissement de l’Église en Amérique.
Au début des années 1830, dans un contexte d’immigration croissante en provenance d’Irlande, l’intolérance religieuse et le nationalisme se sont intensifiés. La rhétorique raciste et emplie de haine à propos de l’Église catholique et l’arrivée des « papistes » irlandais a atteint son paroxysme et des échauffourées violentes ont commencé à éclater dans toute la ville.
Sentant la tempête menacer et tandis que des incendies criminels brûlaient l’église Sainte-Mary de la rue Sheriff, l’évêque John Hughes passe à l’action. « Dagger John » — (dague en français) un nom qui lui est attribué pour sa personnalité féroce et la manière dont il dessinait une croix avant sa signature — n’était pas une personne avec qui on plaisantait, et il luttait directement contre ceux qui affrontaient son troupeau.
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En 1834, le mur a été construit autour de l’ancienne cathédrale Saint-Patrick et des gardes armés ont été placés dans sa cour. Mais c’est à partir de 1844 que les choses commencent à mal tourner. Après que des foules “nativistes” ont incendié des églises, faisant plusieurs morts à Philadelphie, elles ont pris New York pour cible. Elles se sont préparées à attaquer à la torche l’ancienne cathédrale Saint-Patrick, mais « Dagger John » avait demandé à entre 1.000 et 2.000 Irlandais de défendre chaque église de la ville, plaçant des tireurs d’élite sur les murs de la cathédrale.
Une détermination inflexible
Il a ensuite pris sa cause en public, déclarant sans sourciller au maire nouvellement élu, James Harper, connu pour sa position anti-immigrée : « Si une seule église catholique est incendiée à New York, la ville s’apparentera à Moscou » (se référant à l’incendie de Moscou de 1812 où les habitants ont presque détruit leur ville alors que les troupes de Napoléon entraient). Lorsque les responsables de la ville lui ont demandé de maîtriser ses brigades, il a répondu : « Je n’en ai pas le pouvoir. Vous devez veiller à ce qu’elles ne soient pas provoquées. »
“Certains d’entre eux étaient si déterminés à manifester leur résistance qu’ils auraient mis le feu à leurs propres maisons et détruit la ville, si d’aucuns s’étaient hasardés à les attaquer. Ils avaient l’impression d’être entourés d’ennemis. Les fonctionnaires qui auraient dû les protéger étaient ligués contre eux ; ils étaient donc résolus à se protéger, à protéger leurs églises et à soutenir leur évêque jusqu’à la mort.” Mgr John Hughes, premier archevêque de New York — Henry Brann, 1912.
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Face à cette démonstration de détermination inflexible, les assaillants se sont retirés, voyant que ceux qui défendaient leur droit à la liberté religieuse et à la descendance étaient prêts à tout sacrifier — pas par haine, mais par amour — par amour pour leur foi et pour la liberté. Et c’est à partir de ce moment charnière de l’histoire de New York que le vent a commencé à changer, ouvrant la voie au culte libre pour les générations futures.
Ce mur qui se dresse silencieusement dans l’ombre des tours et des gratte-ciel qui l’entourent porte l’esprit de ceux dont les mains fortes ont placé les briques les unes au-dessus des autres pour l’édifier et d’un peuple résolu à rester courageusement uni pour défendre sa foi. L’ancienne cathédrale Saint-Patrick se dresse encore fièrement dans son étreinte protectrice telle une lueur d’espoir, tout comme ce fut le cas lorsque sa pierre angulaire a été posée, et comme l’est l’Église catholique depuis plus de 2.000 ans. « Et je te dis aussi, que tu es Pierre, et sur cette pierre j’édifierai mon Église, et que les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle. » (Mt 16, 18)