separateurCreated with Sketch.

Au Bénin, un séminaire qui ne désemplit pas

whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Max-Savi Carmel - publié le 01/10/19
whatsappfacebooktwitter-xemailnative

Si l’Europe fait face à une inquiétante crise de vocations, Saint-Gall, à 45 km à l’ouest de Cotonou, capitale économique du Bénin, ne désemplit pas. Après avoir formé des milliers de prêtres et avec ses 124 étudiants, ce grand séminaire n’aura jamais été si proche de sa vocation missionnaire.

Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi le vôtre.


Je donne en 3 clics

*don déductible de l’impôt sur le revenu

“Comment, jeune, garder pur son chemin ?”. Cette interrogation du psaume 118, Raymond Sobakin l’a posée aux séminaristes à la rentrée. Pour le recteur de Saint-Gall, le psalmiste est bien placé pour apporter la réponse. “C’est en observant ta parole” fit-il, citant le même psaume. Ce théologien a enseigné ici pendant dix ans l’Écriture Sainte avant de devenir le supérieur. Rythmée par le son des cloches, la journée qui commence par les laudes ou la méditation dès 6h ne finit jamais avant 23h. Au-delà des activités spirituelles, la formation humaine et intellectuelle est un enjeu de taille.

saint_gall_1.jpg

saintsulpicefrance.fr

Joindre l’académique au spirituel

La journée commence toujours dans la chapelle où, depuis sa mort en 2008, le cardinal Bernardin Gantin repose. Mais entre plusieurs activités religieuses, les séminaristes suivent aussi des cours et ont de longues heures d’étude individuelle. Car la formation est couronnée d’un très prisé Bac en théologie que chaque candidat prépare assidûment durant les neuf années après le baccalauréat classique. Droit canon, théologie, ou encore hébreu et grec, ici, la formation est assurée par une douzaine de prêtres. Des diocésains et quelques sulpiciens.


L'église de Pomquet
Lire aussi :
Des missionnaires africains à la rescousse des Acadiens

Pour préparer les futurs clercs à la pastorale, le recteur assume lui-même les cours d’homilétique afin de leur donner les premières armes pour préparer leurs sermons de demain. Face au phénomène d’abus sexuels auquel fait face l’Église, la formation humaine est devenue fondamentale “surtout sur le plan psycho-affectif et spirituel” tient à préciser le père Sobakin. Le recteur se réjouit d’ailleurs d’avoir pris part, à Rome, à une formation spéciale des formateurs initiée cette année par la Congrégation pour l’Évangélisation des Peuples à cet effet. Car malgré les contraintes de la formation et l’austérité de la vie interne, des jeunes continuent chaque jour de répondre à l’appel du Seigneur.

Un appel diversement entendu

Dans un pays qui compte encore de nombreux petits séminaires, l’appel part parfois d’une banalité “j’étais impressionné par le nombre incalculable des boutons d’une soutane” concède ce “saint-gallien” venu de Parakou (nord). “Cela m’a tout de suite attiré” ajoute-t-il, ébahi. À 28 ans, Michel Hounsa du diocèse de Porto-Novo (sud) vient de finir sa première année de philosophie à Saint-Paul et n’en revient pas. “L’expérience intellectuelle est merveilleuse” s’exclame-t-il  soulignant que “l’eucharistie au quotidien est la force” de sa vocation partie de sa fascination pour la vie des prêtres que cet ancien servant de messe observait de près. Une vocation qui, pour Nama Philippe du diocèse d’Abomey (centre) “doit se nourrir au quotidien pour résister”. Il est arrivé au Séminaire par la grâce, alors qu’il s’accrochait à un tout autre destin. Mais “une voix audible et nette” lui a crié “viens me servir”. “Plus je résistais, plus la voix se faisait persistante” précise-t-il avant d’évoquer la vocation comme “une histoire personnelle avec Jésus”. Pour le père Sobakin, les séminaristes “proviennent généralement de famille modestes”. Le recteur explique l’abondance des vocations par “une Église jeune qui a l’atout d’une foi vivante”. Il fait une corrélation avec “l’Africain”, par nature “traditionnellement religieux” mais insiste sur une pastorale des vocations qui “joue, selon lui, également un rôle indéniable dans la floraison des vocations au Bénin”.


ecole-ecam
Lire aussi :
Au Bénin, à l’école des animateurs missionnaires

S’il a formé des prêtres pour le Togo, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire ou le Niger, le séminaire Saint-Gall reçoit aujourd’hui surtout des dix diocèses du Bénin. Et compte tenu du nombre élevé de prêtres envoyés en mission en Europe et ailleurs, il intègre davantage une approche missionnaire.

L’appel missionnaire de François résonne jusqu’ici

Face aux missionnaires africains de plus en plus nombreux en Europe, Raymond Sobakin n’a qu’un seul mot, “grâce”. Tout en insistant sur la pénurie de prêtres même dans certains diocèses du pays, il évoque “une collaboration missionnaire entre les diocèses du Bénin”. Il craint néanmoins que engouement pour les missions en Europe ne devienne “une manière d’échapper aux précarités et aux difficiles conditions” des églises locales.

Mais pour le recteur de Saint-Gall, le mois missionnaire décrété par le Pape François pour octobre 2019 est une opportunité “d’approfondir la dimension missionnaire du ministère sacerdotal”. À 105 ans, Saint-Gall “se perçoit”, selon son recteur, “comme le fruit vivant du labeur des missionnaires”. Il prévoit déjà “conférences et ateliers sur divers aspects de la mission” à laquelle chaque séminariste doit “rester sensible”. Comment peut-il en être autrement quand on dénombre aujourd’hui 1.059 grands séminaristes diocésains en Afrique contre 381 seulement en Europe ?

Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !

Aleteia vit grâce à vos dons

Permettez-nous de poursuivre notre mission de partage chrétien de l'information et de belles histoires en nous soutenant.