Le gouvernement érythréen a ordonné à l’Église catholique de remettre à l’État tous les centres sanitaires qu’elle gérait jusqu’à présent. En quelques semaines, une vingtaine d’établissements ont ainsi fermé leurs portes.
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L’accord de paix signé entre l’Éthiopie et l’Érythrée en septembre 2018 avait suscité de grands espoirs. Un an après, l’inquiétude a fini de remplacer cette espérance. L’ensemble des établissements de soins catholiques ont été fermés en seulement quelques semaines. Le dernier en date, le centre de santé de Zager — situé à une trentaine de kilomètres de la capitale Asmara — fournissait jusqu’à présent une assistance médicale générale bienvenue aux villageois ainsi qu’un service de maternité aux Érythréennes des environs. Mais « le 5 juillet, les religieuses qui géraient la structure ont été éloignées de force par les forces de l’ordre et les scellés placés sur les portes », rapporte l’agence Fides. Au cours de ces dernières semaines, 22 hôpitaux et cliniques catholiques ont été fermés.
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Concrètement, plusieurs sources de Fides présentes en Érythrée, pays majoritairement chrétien (plus de 60% de la population), rapportent que « des fonctionnaires gouvernementaux se sont présentés dans les structures catholiques et ont demandé aux administrateurs de signer un document sanctionnant le passage de propriété des structures. ». Les administrateurs ayant refusé de signer, « les fonctionnaires ont alors procédé à la fermeture des centres sanitaires, évacuant le personnel, empêchant de facto qu’ils puissent continuer à fournir une assistance médicale à de nombreux malades ». « Cette action blesse davantage l’homme de la rue que les organisations religieuses », a confié une religieuse à l’agence.
Inquiétude des évêques érythréens et des Nations unies
Ces événements trouvent en fait leur origine dans une loi de 1995, jamais entrée en vigueur, prévoyant que l’ensemble des structures sociales — écoles, centres médicaux — devaient être gérées par l’autorité publique. Certains observateurs voient dans cette vague d’expropriations une réponse du régime d’Isayas Afeworki à la “Lettre pastorale” des évêques envoyée en avril dernier pour « un processus de réconciliation nationale qui garantisse la justice sociale » pour tous. Les évêques du pays ont notamment pointé du doigt dans leurs lettres pastorales la nécessité d’engager de profondes réformes politiques pour le pays dont la population se trouve en grande difficulté après des années d’autarcie. Rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’homme en Érythrée, Daniela Kravetz a partagé le 2 juillet dernier devant le Conseil des droits de l’homme de Genève de ses inquiétudes, en particulier les restrictions visant les communautés religieuses.