J.R.R Tolkien est mondialement connu pour sa trilogie du “Seigneur des anneaux” ainsi que son roman “Le Hobbit”, brillamment adaptés au grand écran il y a quelques années. Mais bien peu connaissent son histoire, là où son imagination s’est forgée, au coeur de l’Angleterre du début du XXe siècle. Si sa foi n’est que peu mentionnée dans le film qui lui est dédié, J.R.R Tolkien se donne à découvrir par bien d’autres manières.“Ça parle de voyages. De voyages pour se mettre à l’épreuve. Ça parle d’aventures […] Il y est question d’une magie qui dépasse tout ce que l’on a pu ressentir”. La bande-annonce du biopic sur J.R.R Tolkien a de quoi attiser la curiosité des nombreux fans du Seigneur des anneaux. Le biopic Tolkien, qui revient sur la jeunesse et les années d’apprentissage du célèbre auteur anglais, a été réalisé par le finlandais Dome Karukoski. Il s’agit d’une production américaine, sur un scénario de l’auteur irlandais David Gleeson et de l’écrivain anglais Stephen Beresford, pour lequel les moyens ont été à la hauteur de l’ambition du sujet.
Les prémisses de ses idéaux
Devenu orphelin à la suite du décès de sa mère peu après celle de son père, J.R.R Tolkien est accueilli avec son frère chez une femme du monde chargée de les intégrer à la bonne société, grâce au père Francis Morgan à qui les a confié leur mère. C’est là qu’il rencontre sa future femme, Édith Bratt, plus âgée et protestante.
Au cours de ses études, il trouve l’amitié et la fraternité au sein du groupe T.C.B.S. (la Tea Club Barovian Society) avec lequel il passe du temps dans un salon de thé pour évoquer leurs aspirations artistiques respectives. Ses amis sont le poète Geoffrey Smith, Rob Gilson et Christopher Wiseman, que l’on suit tout au long du film. Entre l’atmosphère du collège anglais, leurs idéaux de courage, de solidarité et leur passion pour l’art, cela n’est pas sans rappeler l’histoire du film Le cercle des poètes disparus (1989). Cette quête qui les anime perdurera dans les œuvres de l’écrivain, peut-être pour leur rendre hommage, à travers ses héros solitaires qui combattent la tiédeur.
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Un biopic à contre-courant
Quand la Première Guerre mondiale éclate, leurs liens qui unissent la bande d’amis sont menacés. Mais c’est aussi à ce moment-là que l’univers incroyable de J.R.R. Tolkien se met davantage en place, se déployant à mesure que les scènes de guerre vécues par l’auteur se succèdent, où l’on voit se dessiner ces visions de bêtes immondes et dangereuses pour les hommes et leur âme.
Entre temps, J.R.R Tolkien a pu intégrer Oxford et commencer d’approfondir sa passion pour les langues anciennes, notamment grâce au professeur spécialiste de l’anglais ancien, le philologue Joseph Wright. Passionné, intelligent et travailleur, il navigue entre son imagination et la réalité au milieu des pelouses et des bibliothèques assez strictes de l’université anglaise et de la société qui l’entoure. Tous les comédiens, sans exception, soutiennent admirablement l’histoire avec finesse et justesse.
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Entre flash-backs de guerre et les premières années de jeunesse de Tolkien, le scénario court jusqu’à la famille fondée par l’écrivain. S’il se veut exhaustif comme tout bon biopic classique, la trame guidée par sa relation avec Édith et ses amis donne un ton plus romantique et romanesque à l’histoire, et surtout une unité quelque peu nécessaire à force de trop vouloir en dire.
On y découvre un homme droit et loyal, dévoué à une cause tout aussi intérieure que fidèle à son idée de la communauté humaine. Et si sa foi catholique est très peu évoquée, nous savons que c’est elle aussi qui a achevée de guider l’écriture tout autant que les positions politiques de Tolkien. Le cri de guerre de la T.C.B.S., loin d’une trivialité belliqueuse, résonne encore à la sortie du film. Et il nous donne comme une furieuse envie de nous replonger dans le grand œuvre de l’écrivain, pour retrouver un peu de cet idéal que l’on croyait perdu.
Tolkien, de Dome Karukoski, avec Nicolas Hoult, Lily Collins, Anthony Boyle, Tom Glynn-Carney, 112 minutes. En salles le 19 juin.