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La subsidiarité est indissociable de la solidarité

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Jean-Yves Naudet - publié le 25/05/19
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La critique du poids excessif de l’État ne justifie pas la primauté de l’individu. En respectant l’autonomie de la société civile et le dialogue avec elle, on évite les dérives de l’individualisme. À l’expérience, les pays qui appliquent le principe de subsidiarité conjuguent le mieux solidarité et efficacité.Beaucoup de chrétiens sont parfois réticents devant les applications du principe de subsidiarité, associé aux revendications individualistes du libéralisme radical, de type « libéral-libertaire ». Or ce n’est pas du tout cela : le principe de subsidiarité ne dit pas que « puisque l’État n’interviendra plus dans tel ou tel domaine, l’individu seul agira ». C’est toute l’importance des corps intermédiaires. Quand le pape Jean Paul II dans Centesimus Annus parle de « la personnalité de la société », il dit bien que la dimension sociale de l’homme ne s’épuise pas dans l’État mais qu’elle se réalise dans les corps intermédiaires, rappelant que le « socialisme réel » (les ex-régimes d’Europe de l’Est et de l’Union soviétique) ont supprimé simultanément la personnalité de la société et la personnalité de l’individu. Or chacun de nous est un être libre, responsable, et chacun doit s’insérer dans le tissu social.

Deux tentations opposées : l’individualisme et l’assistanat

Le pape Benoît XVI a bien expliqué comment solidarité et subsidiarité sont absolument indissociables. Il affirme dans Caritas in Veritate que, s’il y a la subsidiarité sans la solidarité, on risque de tomber dans l’individualisme. Mais inversement, s’il y a la solidarité sans la subsidiarité, on va tomber dans l’assistanat et les travers de l’État-providence. L’enseignement social de l’Église dénonce cette dérive, non pour critiquer la nécessaire solidarité sociale, mais parce que ce système uniforme et lointain a tous les inconvénients de la bureaucratie et de l’assistanat, alors que souvent la solidarité implique une proximité avec la personne.


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On le voit très bien en matière d’emploi, pour des personnes qui ont été exclues longtemps du marché du travail. À l’expérience, des organismes centraux – qui ont par ailleurs leur utilité, comme Pôle Emploi – ne sont pas toujours capables d’aider ces personnes à se réinsérer. Au contraire, les associations locales de réinsertion peuvent peu à peu réapprendre à ceux qui sont marginalisés à reprendre un rythme régulier et à se réinsérer dans une entreprise, dans une association et donc sur le marché du travail. 

La toute-puissance excessive de l’État

L’Église a toujours considéré que l’État était le responsable ultime du bien commun dans un pays, mais n’a jamais dit que tout devait se passer au niveau de l’État. On peut critiquer le poids excessif de l’État en s’appuyant sur le principe de subsidiarité, quand l’État sort de son domaine propre. Par exemple, on a beaucoup parlé, au niveau de l’éducation, des libertés familiales, mais c’est aussi quelque chose de fondamental en matière d’éducation morale. Est-ce l’État qui doit se charger de l’éducation morale des enfants en imposant « sa » morale, alors que les premiers éducateurs sont les parents ? Bien souvent aujourd’hui, la « morale » véhiculée par l’État dans de nombreux textes ne respecte guère les consciences et la morale naturelle. Étrange contribution de la part d’un État qui devrait avoir le souci du bien commun et qui prétend ici imposer aux familles sa fausse conception de la morale !

La subsidiarité est plus efficace

Il convient pour conclure de noter que les pays les plus respectueux du principe de subsidiarité sont aussi les plus efficaces et les plus justes. En Allemagne ou en Suisse, les pouvoirs publics sont beaucoup moins centralisateurs. D’une manière générale, les pays fédéraux appliquent bien mieux le principe de subsidiarité, notamment dans les institutions publiques : l’Allemagne, la Suisse, les États-Unis. Aux États-Unis, c’est un grand débat depuis toujours entre ceux qui voudraient que les décisions remontent plus au niveau fédéral et ceux qui veulent que cela reste au plus bas niveau possible.



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Dans les classements de productivité des pays dans le monde, les pays fédéraux sont absolument devant. En Allemagne, des questions sociales comme celle de l’éducation relèvent des Länder. On ne peut pas dire que le système éducatif allemand soit mauvais et les bons résultats en matière de chômage des jeunes parlent d’eux-mêmes, avec l’importance de la formation en alternance : outre-Rhin, le système éducatif est beaucoup plus performant. En France, le chômage des jeunes est deux ou trois fois supérieur à celui des adultes, ce qui montre que notre système éducatif centralisé ne fonctionne pas. Si l’on regarde le classement des pays les plus compétitifs, selon le Forum économique mondial, on trouve notamment, en 2018, parmi les premiers les États-Unis (1er), mais aussi l’Allemagne (3e), la Suisse (4e), des pays où le principe de subsidiarité est largement appliqué. La France, elle, est loin (au 17e rang).

Chaque pays a sa culture

La question de la décentralisation dans les institutions publiques, vue ici avec le fédéralisme, n’est qu’un aspect de l’application de la subsidiarité et chaque pays doit rester fidèle à ses racines. Mais il est évident que les pays qui accordent la plus grande place au principe de subsidiarité à tous les niveaux, dans tous les domaines (institutions publiques, éducation, économie, solidarité, vie culturelle, etc.) sont les pays les plus dynamiques et les plus efficaces, tout en respectant mieux la dignité des personnes et l’autonomie des corps intermédiaires.



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