Pourquoi cette primauté de la foi dans notre prière à la Vierge Marie ? Parce que de toutes les dimensions dans lesquelles se déploient nos existences, aucune n'est plus importante que celle de notre relation à Dieu. La vie éternelle est le but de notre vie, celui auquel il convient de subordonner tout le reste. À tous les biens de ce monde, nous devons préférer la joie infinie qui est Dieu Lui-même. Nous avons été créés pour vivre avec la Trinité, et goûter la joie infinie qui est la sienne. Comme Dieu a voulu être notre bonheur, rien n'est plus important ici-bas que les rapports que nous entretenons avec Lui.
La Vierge, la plus qualifiée pour notre éducation à la foi
Aucun saint n'est plus qualifié que la Vierge pour nous éduquer à entretenir le lien vital de la foi avec notre Créateur. Non seulement aucune créature n'a été aussi proche de Dieu qu'elle, mais de plus, le péché du doute et de la suspicion à l'égard de son Créateur n'ayant jamais atteint Marie, elle a toujours goûté la joie qui est celle du croyant qui chemine en parfaite intelligence et amour avec Lui. Pour cette raison, notre éducation à la vertu de foi et d'amour de Dieu est le plus précieux cadeau que la Vierge puisse nous dispenser.
La prier dans ce but constitue pour elle une source profonde de joie. Étant notre mère, elle désire pour nous le meilleur. Et ce meilleur consiste à vivre avec la Trinité. Toutes les mères savent l'art de hiérarchiser les priorités pour leurs enfants. La Vierge ne fait pas exception. Surtout qu'en matière de foi, elle parle en initiée !
La foi, un enjeu qui va au-delà des sentiments et de l'intellectualité
Cependant, à cette considération de notre bonheur se joint un aspect plus dramatique touchant notre rapport à Dieu. La foi est en effet une question de vie ou de mort. Elle ne constitue pas une « option facultative », ainsi que nous l'explique notre postmodernité désorientée, ivre de son relativisme. En plus d'engager notre être tout entier dans la vie présente, la foi décide de notre destinée éternelle. Une vie éternelle qui ne commencera pas seulement dans l'« autre monde », mais que le chrétien est appelé à goûter dès maintenant. En un sens, rien n'est plus important pour nous que la foi.
Car si la foi est un mouvement de confiance, elle représente également un rempart contre certaines erreurs dont les conséquences peuvent s'avérer catastrophiques. Comme la bien-aimée du Cantique, la Vierge est redoutable comme une armée rangée en ordre de bataille. Non pas qu'elle soit complice d'une quelconque violence. Mais la Vierge sait que notre vie d'ici-bas est un combat. Un combat spirituel contre des forces redoutables, conduites par le Prince de ce monde. Ne l'invoque-t-on pas comme celle qui vaincra toutes les hérésies ? Le salut des âmes n'est pas un gros mot !
Celle qui vaincra les hérésies
Toutes les hérésies ne sont pas religieuses. Certaines sont de nature politique. Tels furent le communisme et le nazisme. Qu'on ne s'y trompe pas d'ailleurs : ce secours de Marie contre les hérésies ne représente pas simplement un enjeu d'ordre intellectuel. Ces erreurs ont de terrifiantes répercutions dans la vie des hommes, tant au niveau de l'organisation de la cité qu'à celui des relations des nations entre elles. En tant que gardienne de la pureté de la foi, Marie constitue un rempart pour la paix entre les hommes. Ce n'est pas là du sentimentalisme bon marché. Les hérésies politiques représentent de terribles ferments de divisions.
Aussi, en priant Marie de garder notre foi, nous lui demandons davantage que de nous préserver de l'erreur. À ce niveau, son secours engage notre existence dans ses aspects les plus fondamentaux. La foi représente possède des implications pratiques fondamentales. Je finis toujours par vivre comme je crois.
Foi et amour sont liés
C'est la raison pour laquelle les croyants auraient tort de penser qu'il est facultatif de prier la Vierge afin qu'elle garde leur foi. Celle-ci décide de notre juste rapport à Dieu. Et ce rapport, à son tour, n'est jamais neutre, car il se répercute au niveau de l'existence concrète que nous menons. Non pas que Dieu se détourne de nous en fonction de notre foi. C'est nous au contraire qui risquons de Le chercher, avec la boussole déréglée de notre mal-croyance, là où Il ne se trouve pas.
Attention à ne pas entretenir dans notre cœur, avec une foi altérée, une fausse image de Dieu qui pourrait s'avérer dommageable pour l'amour dont nous L'aimerons, Lui, ainsi que nos frères et sœurs en Christ. Foi et amour sont liés, surtout quand la première a pour objet l'Absolu. La pureté de la foi n'est pas censée rester l'apanage des chrétiens attachés à la Tradition, ni l'étendue de l'amour être le privilège des croyants sensibles à l'engagement dans la cité.