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En février 1858, la Sainte Vierge apparaît à Bernadette Soubirous à la grotte de Massabielle. Lors de la troisième apparition, la Vierge parle enfin pour la première fois : “Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde mais dans l’autre. Voulez-vous me faire la grâce de venir ici pendant quinze jours?” C’est la première fois que Bernadette se fait vouvoyer et qu’elle se sent respectée. Peut-être en est-il de même pour nombre de pèlerins qui viennent au sanctuaire de Lourdes chaque année ?
Depuis, l’Église a reconnu soixante-dix miracles survenus à la grotte de Lourdes. Pourquoi y en a-t-il eu si peu ? Est-ce déjà un miracle que tant de personnes s’y rendent encore pour prier, se baigner et s’unir autour d’un lieu l’apparition mariale ? Thierry Demaizière et Alban Teurlai sont allés voir de plus près en quoi consiste le miracle de Lourdes. Loin de l’univers religieux, le premier est portraitiste pour l’émission Sept à Huit sur TF1. À eux deux, ils ont déjà réalisé nombre de documentaires salués par la critique, comme Relève : histoire d’une création, sur l’aventure de Benjamin Millepied, qui fut même vendu dans dix-neuf pays.
Marie, la Mère de tous
Cent-soixante ans plus tard, à la demande d’une femme, les réalisateurs sont allés à la rencontre des pèlerins de Lourdes pour un nouveau documentaire. Des dizaines de millions de personnes viennent chaque année toucher le rocher de la grotte, pour y laisser la trace des peines et des prières dans l’espoir d'être soulagées.
C'est un florilège de pèlerins auquel on a affaire. Un prostitué du bois de Boulogne, accompagné par le père Jean-Philippe de l’association Magdalena, une mère et son fils accidenté depuis de longues années, un père et sa fille malade ou encore un tétraplégique qui a voulu mourir après une rupture amoureuse sont autant des personnages suivis par la caméra. Le petit Jean-Baptiste et son père Patrick, officier de Marine, sont particulièrement touchants. Il a la taille d’un enfant de sept ans alors qu’il en a onze, désarmant de spontanéité et d’innocence. Déambulant de cierges en bassins, vêtus de la même veste, ils viennent surtout pour le dernier de la famille, Augustin, qui a de graves problèmes de santé. Fermes dans leur foi et présents à ceux qui les entourent, ce sont les petites étoiles du documentaire. Puis il y a les Tziganes, avec leur joie, leur fidélité et leur amour profond de la Vierge Marie. Avec un grand art du portrait, les figures s’entremêlent sans s’effacer dans la masse sous l’œil des réalisateurs.
L’on comprend que pour beaucoup d’entre eux, c’est comme rentrer à la maison ou bien avoir un moment de répit dans leur vie. Ce sont ensuite toutes les petites mains qui apparaissent, des infirmières aux bénévoles, essentiels au bien-être des malades pendant leur séjour à Lourdes.
Un documentaire dont on ne sort pas indemne
La musique, parfois trop présente, nous fait oublier la profondeur pour l’émotionnel, empêchant la distanciation du spectateur pour entrer véritablement dans le mystère de Lourdes. Elle participe pourtant beaucoup de cet état de profonde compassion, parfois proche de l’accablement, qui nous lie aux personnages du film. Mais c’est pour mieux nous toucher. L’esthétique de l’image caresse les visages en prière ou en supplication. Elle met en lumière le cœur de chaque pèlerin, son espérance, quel que soit son statut social ou sa situation physique. Sans discrimination ni bienpensance, les témoignages sont bruts autant que l’intégrité demandée quand l’on se rend à la grotte. On rit et on sourit aussi, grâce aux anecdotes glanées dans les coulisses de cette formidable fourmilière humaine.
Le résultat est impressionnant et on ne sort pas indemne de la salle. On demeure touché par la ferveur, la douleur parfois, mais surtout par le courage de ces hommes et femmes guidés à la grotte par l’envie d’être consolés par la Mère du Ciel. Ce film est, en lui-même, une belle œuvre de charité où le sort d’un enfant, d’un adulte, devient celui d’un frère et permet de renouer avec la véritable chaîne d’humanité.