À l’heure où la famille semble un concept rétrograde, où les naissances diminuent, où le père se cherche une identité, un rapport émis par un “think tank” dédié à la famille et à l’éducation, VersLeHaut, met en exergue plusieurs tendances, chiffres et statistiques à l’appui, démontrant que la famille ne va pas si mal.« Les statistiques, c’est comme les bikinis… ça donne des idées mais ça cache l’essentiel… ». C’est par cette désopilante métaphore de Coluche que le think tank VersLeHaut introduit une intéressante étude sur la famille, publiée le 25 mars dernier. Fondé en 2015 par, entre autres, le Groupe Bayard, le Collège des Bernardins et les Apprentis d’Auteuil, ce groupe de réflexion porte une attention particulière sur tous les sujets relatifs à la jeunesse, l’éducation et la famille. Ce rapport est le fruit d’un important travail de recherche et de compilation de différents sondages (Ifop, OpinionWay…) et études statistiques (Unaf, Insee, Ined…), qui s’attache à dévoiler « l’essentiel », pour reprendre le mot de Coluche : des chiffres délaissés, mis de côté, alors même qu’ils démontrent l’importance et la place prépondérante qu’occupe la famille dans la vie et le cœur des Français.
La famille, à la fois réalité et idéal de vie
La France est peuplée de 18 millions de familles. Autrement dit, environ 80% de la population vit en famille. A l’heure où l’on parle de « céliboom » en raison de la forte augmentation de personnes célibataires (+ 6,4 points depuis 1990, Insee 2015), il est important de souligner que la famille n’est pas moribonde, et de se demander quelles sont les raisons de l’essor du nombre de célibataires. Car contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’est pas nécessairement dû à un désamour de la famille. En effet, le rapport met en avant la forte proportion des personnes âgées de plus de 80 ans, qui, devenues veufs ou veuves, pèsent dans la balance. Il souligne également le fait que les couples aujourd’hui se forment plus tardivement qu’auparavant : la part de jeunes résidant seuls a doublé entre les années 1960 et la fin des années 2000.
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La famille reste une réalité plébiscitée par la majorité des Français, mais aussi un idéal de vie pour les plus jeunes. 74% des 16/25 ans considèrent que le modèle idéal de famille est un « couple marié avec un ou plusieurs enfants », et 15% « un couple non-marié avec enfants » (Insee 2017). La famille, pour la grande majorité de la population, est le lieu où s’épanouit la confiance : 89% des 16/25 ans considèrent qu’ils peuvent compter sur leur famille pour trouver du soutien en cas de difficultés (OpinionWay 2017) et 94% des Français font confiance à leur famille (Ifop 2017). À titre de comparaison, leur confiance en les hôpitaux est de 76%, en l’armée est de 75% et en l’école est de 64%.
Dans les faits, moins de fécondité, mais dans les cœurs, un fort désir d’enfant
La France reste le pays le plus fécond d’Europe, mais pourrait l’être bien plus si le désir des Français était exaucé. En effet, on observe un écart important entre la réalité et le désir d’enfant. Si le taux de fécondité, en baisse depuis quatre ans, s’élève en 2017 à 1,87 enfant par femme, le nombre d’enfants souhaité par les parents s’élève en moyenne à 2,39 ! L’Unaf constate que ce chiffre, depuis 1947, n’a baissé que de 16% alors que la fécondité a baissé de 38%. De la même manière, 53% des parents auraient aimé avoir plus d’enfants. Et lorsqu’on les interroge sur le nombre idéal d’enfants qu’ils aimeraient avoir, ils sont 86% à répondre deux et plus.
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Des pères qui, lorsqu’ils sont présents, investissent leur rôle
Le rapport du think tank titre la partie concernant les pères : Entre « papapoule » et « papaoutai », papaoutai faisant référence à la chanson de Stromae qu’il faut traduire par « papa où t’es ? ». Effectivement, lorsque le père est là, il est plus impliqué qu’il ne l’était dans les années 1980, mais en cas de divorce, sa place est plus difficile à tenir. Selon les statistiques de l’Insee, un père passait 21 minutes par jour avec son enfant en 1985. En 2010, il en passe exactement le double, soit 42 minutes, comprenant les soins, les loisirs, les devoirs et les trajets. Un père plus impliqué, donc, dans l’éducation de ses enfants, mais dont la présence s’atténue grandement en cas de divorce.
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En 2012, dans sept cas de divorces sur dix, l’enfant résidait chez sa mère. Après une séparation, près de 10% des enfants mineurs ne rencontrent plus jamais leur père, un chiffre qui tombe à un enfant sur quatre s’il avait moins d’un an au moment de la séparation. Avec 128.000 divorces prononcés en 2016, il s’agit d’une réalité non négligeable, d’autant plus préoccupante lorsqu’on sait que les familles monoparentales sont plus touchées par la précarité. Selon l’Insee, parmi les couples qui ont rompu en 2009, un an après, les femmes ont perdu en moyenne 14,5% de niveau de vie.