La basilique Saint-Pierre, la chapelle Sixtine et même la paroisse Sainte-Anne sont connues des visiteurs et pèlerins du Vatican. Mais le petit État compte d’autres lieux de prière, habituellement fermés au public. Aujourd’hui, découvrez la chapelle Redemptoris Mater.
En plus de 26 ans de pontificat, le pape Jean Paul II (1978-2005) a eu le temps de laisser son empreinte dans le cœur des fidèles, mais aussi au Vatican. La construction de la résidence Sainte-Marthe, le ravalement de l’imposante façade de Saint-Pierre pour le grand Jubilé de l’an 2000 ou encore l’installation de nombreuses statues, les traces du passage du premier pape polonais de l’histoire sont nombreuses dans le petit État.
Toutefois, l’héritage le plus important du saint pape se trouve certainement dans le Palais apostolique, loin des regards des touristes et pèlerins toujours plus nombreux. Il s’agit en effet de la chapelle Redemptoris Mater, au deuxième étage du Palais apostolique, juste avant les appartements privés du souverain pontife, partie la plus secrète du Palais, même si l’actuel évêque de Rome préfère vivre à Sainte-Marthe.
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Pour celui qui a la chance de pouvoir arpenter librement les loggias du Palais apostolique, trouver la chapelle Redemptoris Mater n’est pas bien compliqué : il suffit de pousser les portes dont les boutons des poignées sont une reproduction du blason de Jean Paul II. Composé d’une grande croix dorée sur fond bleu surplombant un M, ce blason annonce déjà la piété mariale du pape slave.
Cette chapelle n’a pas toujours été dédiée à la Mère du Rédempteur, traduction française de son nom latin. Là encore, c’est Jean Paul II qui est venu renommer ce lieu historiquement connu comme chapelle Mathilde. Au terme de l’année mariale 1987-1988, ce souverain pontife a en effet décidé de dédier ce lieu à celle pour qui il avait une profonde dévotion. Redemptoris Mater est également le titre de son encyclique parue en 1987, toujours pour l’année mariale.
Le cadeau du Collège des cardinaux
Pour honorer la Vierge Marie, Jean Paul II n’a pas choisi une chapelle au hasard. À deux pas de ses appartements privés, c’est là qu’il célébrait la messe pour des groupes de pèlerins pendant de nombreuses années, jusqu’à ce que la maladie l’en empêche. Mais Jean Paul II ne s’est pas contenté de rebaptiser la chapelle : il l’a également entièrement fait redécorer. Une rénovation possible grâce à une délicate attention du Collège des cardinaux qui a fourni, en 1996 pour le 50e anniversaire du pape polonais, les fonds nécessaires à ces travaux.
Si certains choix artistiques du pontificat du changement de millénaire peuvent susciter l’interrogation, Mater Ecclesiae a bénéficié des heureuses attentions du célèbre mosaïste slovène, le père jésuite Marko Ivan Rupnik. Ce dernier, comme le pape polonais, ont tous deux ont grandi dans des cultures ou l’orthodoxie a une part importante. En signe d’œcuménisme, la nouvelle décoration a laissé une grande part à la tradition picturale orientale.
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L’importance de l’œcuménisme s’est aussi reflétée dans le choix de l’artiste grec-orthodoxe Alexander Kornoukov, invité par le père Rupnik pour réaliser la mosaïque du mur derrière l’autel, face à l’assistance. Sur fond de tesselles dorées, l’œuvre représente la Jérusalem céleste avec au centre une Vierge à l’Enfant (Marie Theotokos). Au sommet, la Sainte Trinité est représentée à la ressemblance d’une icône.
Les trois autres murs montrent quant à eux différentes scènes bibliques. À droite de la Jérusalem céleste est ainsi représentée la Pentecôte avec la descente du Saint-Esprit sur la Vierge Marie et les Apôtres réunis au Cénacle. Aux côtés de ces scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament — dont la baleine de Jonas — figurent également des saints du christianisme et des références aux Églises chrétiennes non-catholiques. Une décoration qui vient donc illustrer l’histoire du Salut.
Treize ans après la disparition de saint Jean Paul II, la chapelle Redemptoris Mater est désormais le cadre des prédications d’Avent et de carême du Père Raniero Cantalamessa, le prédicateur de la Maison pontificale. Dans ce décor œcuménique, le capucin s’exprime devant le pape François et les hauts responsables de la Curie romaine. Et si après avoir contemplé les mosaïques l’auditeur en vient à regarder le sol, il se rappellera à qui est due cette chapelle : le blason de Jean Paul II y est cette fois reproduit en pierres de couleur.