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L’Église du Vietnam animée d’une vitalité exceptionnelle

VIETNAM EXHIBITION
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Marzena Devoud - publié le 23/11/18
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Nous fêtons ce 24 novembre les 117 martyrs du Vietnam. Canonisés par le pape Jean Paul II, il y a trente ans, leur sacrifice a marqué très profondément l’histoire de l’Église catholique du Vietnam. Riche de 500 ans d’existence, celle-ci est animée aujourd’hui d’une vitalité exceptionnelle. À n’en pas douter, le sang de ses martyrs, les violences, les persécutions et l’hostilité du pouvoir communiste actuel portent leurs fruits : l’Église du Vietnam affiche aujourd’hui une incroyable vitalité, particulièrement dans le nord du pays. C’est ce que souligne Frédéric Mounier, commissaire de l’exposition “Vietnam : Une fille ainée de l’Église en Asie” dont l’inauguration aura lieu ce samedi 24 novembre aux Missions étrangères de Paris : « C’est une Église réellement ressuscitée ».


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Autour de Hanoï, la capitale peuplée de près de dix millions d’habitants, les paroisses égrenées au fil des rizières de la vallée du Fleuve rouge tissent un réseau catholique exceptionnel. Les séminaires sont restés fermés de 1954 jusqu’au milieu des années 2000. Les élites intellectuelles ont été décimées. Des centaines de milliers de catholiques ont fui vers le sud. Pourtant, les églises sont pleines du matin au soir, ainsi que les salles de catéchismes et les séminaires. De nombreuses églises sont construites chaque année. Un jeune prêtre le constate : « Ce qui nous a sauvés, c’est le communisme. En nous persécutant, il a maintenu la foi des martyrs.»

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Jean-Marie Dufour
L’église du village banhar de Kon K’Tu.

Des milliers de pèlerins chaque jeudi

La visite de la basilique de So Kiet, à deux heures de route d’Hanoï, permet de comprendre la source de ce catholicisme fervent. Fondée en 2009 par Mgr Kiet, alors archevêque d’Hanoï, la basilique mineure a transformé ce qui était à l’origine un lieu de prière dédié à la mémoire des martyrs. Chaque jeudi, plusieurs milliers de pèlerins viennent avec tambours et trompettes, vénérer les reliques des martyrs.


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Le recteur, le père Joseph Mai Xuan Lan, retrace l’histoire mouvementée du lieu : « En 1954, le gouvernement a confisqué tous nos terrains, soit une vingtaine d’hectares, sauf l’église. En 2002, ils ont voulu y construire une école, mais les paroissiens ont exigé que les terrains soient rendus à l’Église. Enfin, en novembre 2017, le vice-Premier ministre nous a rendu les dix derniers hectares. » Désormais, des dizaines de milliers de pèlerins viennent se recueillir chaque mois devant les nombreuses urnes reliquaires conservées au sein du musée de la basilique. Et l’église ne désemplit pas, du matin au soir.

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Jean-Marie Dufour
Danse traditionnelle vietnamienne dans une salle de catéchèse. L’orphélinat Vinh-son-2 de la ville de Kontun.

Une ferveur palpable

L’héritage des martyrs est encore plus palpable dans le diocèse voisin de Bui Chu. L’évêque, Mgr Thomas Vu Dinh Hieu, ne se lasse pas de faire découvrir son diocèse avec enthousiasme. Il est à la fois le plus petit du Vietnam par la taille (1.350 km²) et « le plus grand du pays » : 720 églises, 175 paroisses, un tiers de catholiques (pratiquants à 90%), 209 prêtres, près de 1.000 religieuses. À tel point que Mgr Vu Dinh Hieu regrette que : « Malgré les 190 séminaristes, les six à vingt ordinations par an, nous manquons de prêtres ! ».

Les 117 martyrs du Vietnam

Parmi les martyrs émerge la figure de saint Théophane Vénard. Originaire de Poitiers, ce prêtre des Missions étrangères a été exécuté à Hanoï en 1861. Plusieurs paroisses du Nord-Vietnam rappellent les lieux marquants de sa vie : ceux où il a vécu caché, celui où il a été arrêté, ou encore celui où sa tête a été retrouvée plusieurs jours après sa décapitation. Surnommé « Van », ce saint est connu et vénéré toutes générations confondues.

La force du témoignage des 117 martyrs du Vietnam ne s’est jamais affaiblie, malgré l’histoire violente du Nord Vietnam au cours des deux derniers siècles. « Les communistes ont voulu remplacer, dans les familles, l’autel des ancêtres par l’Oncle Hô (Hô Chi Minh, ndlr). Ils n’y sont pas parvenus », témoigne un jeune prêtre. Sur cet autel, cœur de la vie familiale, c’est «Van» qui figure encore aujourd’hui en bonne place.

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Jean-Marie Dufour
L’église où officiait le Père Minh qui s’est fait assassiner en 1960 en rentrant de la messe sur la route de Kon Ka la.

Une canonisation inédite

Parmi ces martyrs canonisés par le pape Jean Paul II, place Saint-Pierre le 19 juin 1988, se trouvaient des missionnaires, mais aussi des fidèles vietnamiens, religieux et laïcs persécutés pour leur foi aux XVIIIe et XIXe siècles, notamment sous la dernière dynastie régnante du Vietnam, celle des Nguyen. Cette canonisation de 117 martyrs fut un évènement sans précédent : jamais autant de canonisations n’avaient été célébrées le même jour ! L’ampleur de l’événement était telle que le Parti communiste l’avait dénoncé ouvertement en la qualifiant de « mésinterprétation délibérée de l’histoire de la révolution vietnamienne ».

Trente ans plus tard, et malgré certains signes d’assouplissement, le pouvoir communiste fait encore souvent preuve d’hostilité à l’égard des communautés et des organisations religieuses chrétiennes, qu’il considère comme « des forces d’opposition ». Les cas de persécution d’intellectuels catholiques ne sont pas rares. L’expansion de l’Église reste étroitement surveillée. Elle est même régie par la Loi sur les croyances et la religion, adoptée en novembre 2016 et vivement critiquée, en juin 2017, par la Conférence des évêques du Vietnam (CECV).

Exposition “Vietnam : Une fille aînée de l’Église en Asie”, Jean Marie Dufour et Frédéric Mounier : Du 24 novembre 2018 au 29 juin 2019 aux Missions étrangères de Paris ,128, rue du Bac, 75007 Paris.

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