À l’approche – retardée – du vote sur la révision des lois de bioéthique, le débat s’envenime et les manipulations vont bon train.
Le débat sur la “PMA pour toutes” se tend alors que le gouvernement entretient la confusion sur la date du débat. Ce week-end, devant Sens Commun, Laurent Wauquiez, patron des Républicains, a dénoncé ce projet de PMA pour toutes, autrement dit la procréation médicalement assistée pour des femmes qui ne souffrent pas d’infertilité mais qui vivent avec une autre femme et veulent un enfant : “Tout ceci a un nom, c’est l’eugénisme ; tout ceci a été fait par un régime, c’est le nazisme.”
Eugénisme intrinsèque
Certes, Laurent Wauquiez a raison lorsqu’il rappelle que les techniques d’AMP (y compris et particulièrement l’insémination avec don de spermatozoïdes) sont intrinsèquement eugéniques : sélection des donneurs de sperme ou d’ovocyte, tri embryonnaire, réduction embryonnaire, etc. De là à faire un “point Godwin”, c’est peut-être une maladresse car la référence au nazisme sur ce genre de sujets est souvent contreproductive.
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Rappelons, s’il en était besoin, que l’eugénisme n’a pas attendu le nazisme et ne s’est pas arrêté avec lui. L’eugénisme s’épanouit très bien dans des sociétés qui s’affirment républicaines et démocratiques.
Un projet retardé
Du côté du gouvernement, on entretient volontairement la confusion sur le calendrier. Marlène Schiappa rappelle que la PMA sera votée et qu’elle sera remboursée par l’assurance maladie. Le président de la République vient d’affirmer que le projet n’est pas remis en cause.
Mais la présentation du projet de loi est à nouveau retardée. Et le vote pourrait être reporté au début de l’été si l’on en croit Libération, après les élections européennes. La République en Marche ne voudrait pas perdre trop de voix de ses électeurs “conservateurs”… s’il en reste. De son côté, l’opposition parlementaire est bien décidée à en découdre. Le débat ou le pseudo-débat parlementaire ne sera pas apaisé !
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Ni père ni mère
Par ailleurs, dans l’actualité bioéthique, la cour d’appel de Montpellier vient de créer un nouveau statut, celui de « parent biologique » pour un homme devenu femme qui voulait être reconnu mère de l’enfant dont il est le père… Le voilà donc ni père ni mère mais « parent biologique », une innovation juridique… On vit une époque formidable !