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La pollution de l’air tue chaque année 600.000 enfants

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Paul De Maeyer - publié le 02/11/18
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Selon un nouveau rapport de l’OMS, plus de 90% des enfants dans le monde respirent un air pollué qui menace leur santé et leur vie.

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“93 % des enfants à travers le monde vivent dans un environnement où les niveaux de pollution atmosphérique sont supérieurs aux directives de l’OMS”, souligne le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, dans la préface du nouveau rapport Air pollution and child health : Prescribing clean air paru en marge de la première conférence mondiale sur la pollution de l’air et la santé, du 30 octobre au 1er novembre, à Genève, en Suisse.

La pollution atmosphérique est “l’une des plus grandes menaces environnementales pour la santé”, rappelle le directeur de l’OMS, et “à elle seule, elle impose des coûts énormes à l’économie mondiale, représentant plus de 5 trillions de dollars en pertes totales de bien-être en 2013”.


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Les enfants particulièrement touchés

Pour l’OMS, “les effets de la pollution de l’air sur les enfants sont une urgence sanitaire qui est sous-estimée”. Ils sont un danger auquel il est difficile, voire impossible d’échapper, car “aucune zone n’est plus sûre” qu’une autre.

Les enfants sont en effet plus exposés à la pollution de l’air, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. À l’extérieur, pour des raisons anthropiques et naturelles. Les éruptions volcaniques, par exemple, qui émettent des substances telles que le dioxyde de soufre (SO2), ou le sable du Sahara transporté par le vent présent dans les particules fines PM10,  est à l’origine du décès prématuré d’environ 4,2 millions de personnes en 2016, dont presque 300 000 enfants de moins de 5 ans, indique le rapport.

Dans les régions de l’OMS en Afrique et en Méditerranée orientale, jusqu’à 100 % des enfants de moins de cinq ans sont exposés à des niveaux de particules fines dans l’air ambiant (PM2,5) supérieurs aux niveaux préconisés par les lignes directrices de l’OMS sur la qualité de l’air. Dans les pays à revenu faible et moyen (PRFM) de la région OMS de l’Asie du Sud-Est, le pourcentage est toujours très élevé, 99 %. Dans les pays de la région des Amériques, il est de  87%.



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Pollution domestique

Mais la pollution à l’intérieur des habitations n’est pas des moindres. Causée par des appareils de chauffage ou de cuisson, cette pollution serait responsable de la mort prématurée de 3,8 millions de personnes, dont plus de 400 000 enfants de moins de cinq ans.

Selon les estimations de l’OMS, trois milliards de personnes sur la planète dépendent encore de combustibles polluants — du bois et du charbon de bois au fumier animal, aux déchets de récoltes et au kérosène — utilisés pour chauffer les maisons ou cuisiner. Le processus de combustion génère en effet “des mélanges complexes de polluants qui peuvent interagir chimiquement”. Ils contiennent des substances comme le monoxyde de carbone (CO), l’oxyde et le dioxyde d’azote (NO et NO2), le plomb (Pb), l’arsenic (As), ainsi que des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et des particules (PM). Par ailleurs, dans les logements mal ventilés, les émissions de particules fines et d’autres polluants provenant de poêles ou de systèmes de cuisson inadéquats peuvent atteindre 100 fois le niveau d’exposition maximal recommandé par l’OMS, rappelle le rapport.

Le phénomène ne se limite pas aux pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, mais touche aussi, pour d’autres raisons, les pays à revenu élevé (PFR). Une étude danoise, rapportée par Peter Strøm-Tejsen, montre, par exemple, que dans les foyers danois, la pièce la moins ventilée — où la qualité de l’air est donc la pire — tend à être la chambre des enfants. Sans compter que 43% des enfants de moins de 10 ans ont un téléviseur dans leur chambre et 11% un ordinateur, poursuit l’auteur en citant également des données de l’association Sleep America. Ces conditions ne font qu’aggraver la situation, élevant outre mesure les niveaux de pollution à l’intérieur de la maison.

600.000 décès en 2016

L’exposition aux polluants atmosphériques représente un risque pour tous les habitants de la planète, mais affecte les enfants “d’une manière unique”, souligne l’OMS dans son rapport, tout particulièrement lorsqu’ils sont encore dans le ventre de leur mère et pendant les premières années de leur vie. L’une des raisons pour lesquelles les enfants sont particulièrement vulnérables tient au fait qu’ils respirent plus rapidement que les adultes et absorbent ainsi davantage de polluants. “Ils vivent aussi à une moindre distance du sol, où certains polluants atteignent des concentrations record, à un moment où leur cerveau et leur corps sont en plein développement”.

En 2016, révèle l’OMS, la pollution de l’air à l’intérieur des foyers et à l’extérieur a entraîné la mort de 543 000 enfants de moins de 5 ans et de 52 000 enfants âgés de 5 à 15 ans en raison d’infections aiguës des voies respiratoires.

Cumulée, ajoute l’organisme, la pollution de l’air à l’extérieur et à l’intérieur des murs domestiques causent plus de 50% des infections aiguës des voies respiratoires inférieures chez les enfants de moins de cinq ans dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Et alors qu’à l’échelle mondiale, seule la prématurité tue plus d’enfants de moins de cinq ans pour des infections respiratoires aiguës, en Afrique ce type d’infection est la principale cause de décès dans cette tranche d’âge.

Le rapport de l’OMS rappelle par ailleurs que quand les femmes enceintes sont exposées à un air pollué, elles risquent davantage d’accoucher prématurément, et de donner naissance à des nouveau-nés de faible poids. La pollution de l’air a aussi des répercussions négatives sur le développement neurologique et les capacités cognitives de l’enfant, et peut provoquer chez lui de l’asthme et des cancers comme la leucémie et le rétinoblastome.

Une action urgente s’impose

Comme souligne l’OMS dans un communiqué de presse, la conférence de Genève donne aux leaders mondiaux, aux ministres de la santé, de l’énergie et de l’environnement, aux maires, aux chefs des organisations intergouvernementales, et aux scientifiques, l’occasion de débattre de politiques visant à lutter contre “cette grave menace pour la santé, qui écourte les vies de près de 7 millions de personnes chaque année”.

Parmi les mesures préconisées par l’OMS figurent aussi des interventions simples comme la construction d’écoles et de terrains de jeux loin des principales sources de pollution, telles que les routes très fréquentées, les usines et les centrales électriques. Pour l’organisation des nations-unies, “il n’y a pas de temps à perdre et beaucoup à gagner !”, souligne son directeur.



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