“La sainteté, ce n’est pas pour moi “, entend-on souvent de la part de chrétiens très honorables. Oui, mais ce n’était pas vraiment l’avis de Jésus !
La fête de la Toussaint nous incite à interroger l’identité des saints. Dans l’iconographie, la piété populaire reconnaît les plus fameux d’entre eux aux emblèmes qui leur sont attachés : saint Pierre et son trousseau de clés, Catherine d’Alexandrie et la roue de son supplice, Jean-Baptiste et l’agneau qui l’accompagne, le diacre Laurent et son grill, etc.
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Cette galerie de portraits ne doit pas cependant laisser penser que la sainteté constitue un monde à part, inaccessible au tout-venant. “La sainteté, ce n’est pas pour moi”, entend-on souvent, et parfois de la bouche de chrétiens très honorables et engagés. Tel n’était pas l’avis de Jésus ! “Soyez parfaits comme votre Père est parfait” disait-il à ses disciples. Afin de persuader les hésitants que la sainteté est faite pour eux (et vice-versa), dissipons quelques malentendus à son sujet, avant d’en esquisser ensuite une brève définition.
Quelques malentendus à dissiper
Tout d’abord, contrairement à une idée très répandue, la sainteté n’a rien de monotone. Un saint n’est pas un raseur. Les saints sont les seuls à ne jamais s’ennuyer. Toujours vifs. Jamais là où on les attendait. Le saint le moins diplômé aura toujours davantage d’enseignements profitables à nous dispenser que le professeur le plus illustre. La sainteté ne se gagne pas non plus au forceps. C’est Dieu qui forme le saint. Celui-ci ne “sculpte” pas lui-même sa statue. C’est heureux : cette disposition lui évite de tomber dans le péché d’orgueil.
La sainteté n’est pas passée de mode. Elle n’est pas réservée aux âges d’enluminures, ou bien à la période de la Contre-Réforme, ou encore à celle des carmélites de Lisieux. La sainteté est plus actuelle que jamais. Les chrétiens qui s’engagent dans sa voie ne tentent pas de vivre dans un monde “parallèle” à celui dans lequel nous évoluons.
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Surtout, persuadons-nous que la sainteté n’est pas réservée à une élite. Le christianisme n’est pas un ésotérisme, une aristocratie de “purs”. L’excellence y est ouverte à tous. Malheureusement, beaucoup sont retenus de courir la carrière de la sainteté parce qu’ils la prennent pour un club fermé et “sélect” ! Funeste méprise ! Jésus n’a pas demandé aux Douze de passer un QCM, ni de présenter des certificats d’honorabilité religieuse, pour entrer dans son cercle. Telles sont, parmi tant d’autres, quelques-unes des idées reçues dont il est urgent de détromper l’homme d’aujourd’hui au sujet de la sainteté.
La sainteté est plus simple qu’on ne croit
En quoi consiste-t-elle au fond ? Des réponses bien savantes pourraient être apportés à cette question. Le mieux est d’aller au plus direct : la sainteté consiste à être ami de Jésus et à vivre dans l’intimité de la Trinité. À se reconnaître aimé de Dieu de toute éternité. Est-ce compliqué que de se sentir aimé ? Pour certains, certainement. De graves blessures affectives les retiennent de s’engager plus avant dans l’aventure de l’amour. Dieu ne leur apparaît plus que sous la figure du Juge, ou du Moralisateur redoutable. Dans leur cas une guérison psychique et spirituelle est nécessaire.
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Redisons-le, au risque de nous répéter : à la base, la sainteté n’est pas difficile. Il s’agit de s’abandonner entre les mains miséricordieuses du Père de toute bonté, de devenir le confident de son Fils, et d’accueillir l’Esprit qui nous fera brûler du feu de la charité afin de mieux les connaître tous les deux (car en christianisme, on ne peut bien connaître qu’en aimant), ainsi que de servir nos frères.
Pas de compétence spéciale à avoir
Être un saint ne demande donc pas de compétence particulière, hors l’amour. De plus, il est possible d’aimer de multiples façons. La sainteté n’est pas une technique, et n’est pas réservée non plus à un état de vie particulier. Un homme ou une femme marié(e) peut être un(e) saint(e) ; la sainteté n’a pas d’âge, ni de profession spécifiques. Pas besoin non plus d’accomplir certaines actions particulières, des exploits remarquables ni d’éblouissants miracles, ou bien encore de tomber en extase à fréquences régulières.
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Une seule chose importe : entretenir une familiarité de plus en plus grande avec Dieu et Jésus-Christ, et de Les servir du mieux que nous pouvons. La sainteté n’est pas une affaire de morale, mais de rapport à Dieu.
Le grand secret des saints
On ne demande pas aux saints des recettes, mais plutôt leurs secrets. À cette question, tous, invariablement, répondront : la prière. La prière qui rend possible, alimente et entretient le rapport à Dieu. Mieux : qui est rapport à Lui. Sur ce plan-là, les saints nous apprennent notre dépendance radicale à l’égard de notre Seigneur. S’ils vainquent si facilement le Malin, c’est que, contrairement à lui, ils ne désirent pas vivre de façon indépendante, autonome, ni se complaire dans leur excellence. Le Diable, dans son orgueil, ne désire rien devoir à personne, et surtout pas à Dieu.
Au rebours du Malin, les saints, parce qu’ils connaissent la bonté de Dieu et l’accueillent sans superbe, se font un point d’honneur de tout recevoir de Lui. Pour le saint, le Créateur est son intime. Comme le dit Isaïe, “ton époux sera ton Créateur” (Is 54, 5) ! Entre Dieu et le saint, il ne s’agit plus d’un rapport de maître à serviteur, de concurrent à concurrent, mais d’ami à ami, d’époux à épouse.
Certes, il serait démagogique de présenter la sainteté comme une voie toute semée de roses. Les saints ont soutenu de rudes et terribles combats. Cependant, sur ce terrain également, ce n’est pas leur excellence propre qui leur a permis de vaincre, mais leur humilité et leur attachement à Dieu. Le secret de la sainteté est aussi simple que cela. Qui osera soutenir, après cette précision, que la sainteté n’est pas faite pour lui ?
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