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Réchauffement climatique : la forêt, indispensable alliée de l’homme

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Paul De Maeyer - publié le 09/10/18
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Le prix Nobel d’économie a été décerné cette année à deux universitaires américains, qui se sont distingués dans leurs études sur le changement climatique et le développement durable.Si l’été qui vient de s’achever a été moins dramatique sur le front des incendies de forêt en France, ce n’est pas le cas dans plusieurs autres pays européens. Comme en Grèce, où un incendie a fait des dizaines de victimes en juillet dernier. En Suède, les experts ont enregistré des températures inhabituellement hautes pour la saison. Deux phénomènes attribués au changement climatique. Selon le commissaire européen chargé de l’aide humanitaire et de la gestion des crises, Christos Stylianides, cité par le SIR, l’agence d’information italienne, “les incendies en Suède montrent que le changement climatique est réel et qu’aucun pays n’est à l’abri de catastrophes naturelles”.


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Ironie du sort, le patrimoine forestier est un des meilleur moyen d’atteindre l’objectif de l’Accord de Paris sur le climat de maintenir l’augmentation de la température mondiale bien en dessous de deux degrés Celsius par rapport aux niveaux préindustriels. Les plantes, y compris les arbres, sont en effet capables d’absorber naturellement la dioxyde de carbone (CO2) présente dans l’atmosphère et de la stocker dans leur biomasse. Raison pour laquelle, dans l’Accord de Paris, tout un article est consacré, comme seul secteur, à la sylviculture, rappelle Jürgen Blaser, professeur à la Haute École bernoise des sciences agronomiques, forestières et alimentaires, sur Neue Zürcher Zeitung.

“Bonn Challenge”

Dans cet article, le journal de Zurich signale une étude publiée dans le magazine américain PNASProceedings of the National Academy of Sciences — selon laquelle le potentiel de protection climatique des écosystèmes terrestres s’élèverait à 24 milliards de tonnes de CO2 par an. Selon les auteurs de la recherche, cette masse correspond à 37% — soit plus d’un tiers — de la réduction des gaz à effet de serre d’ici 2030, comme le prévoit l’Accord de Paris.


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Pourtant, dans de nombreux pays du monde — en particulier dans les pays en développement — le phénomène de la déforestation est considéré comme “hors de contrôle”, tout cela pour faire place à des pâturages ou à des monocultures comme l’huile de palme ou la canne à sucre. Selon Rinnovabili.it, le taux de déforestation au Paraguay et en Malaisie a atteint 9,6% et 14,4%. Aussi, afin d’enrayer la perte de surfaces forestières – et de leur précieuse biodiversité – le gouvernement allemand a lancé en 2011 l’initiative “Bonn Challenge” en coopération avec l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), rappelle la NZZ. L’objectif est de récupérer 150 millions d’hectares d’écosystèmes déboisés et dégradés d’ici 2020, et 350 millions d’ici 2030.

Autre pays européen très engagé dans la lutte contre la déforestation, la Norvège. Ce pays, producteur de pétrole mais en même temps grand promoteur des énergies renouvelables et de la protection de l’environnement en général, a contribué, à hauteur de plus d’un milliard de dollars, au Fundo Amazônia, destiné à la protection de la forêt amazonienne lancé en 2008 par le Brésil. L’année dernière, Oslo a décidé de réduire de moitié son aide, pour protester contre l’accélération de la déforestation dans ce fragile écosystème, qu’on appelle également “poumon de la Terre”.


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La Norvège est également le premier pays au monde à interdire la déforestation. La politique dite de “déforestation zéro”, décidée en 2016, implique que les entreprises engagées dans des pratiques de déforestation sont exclues des marchés publics, explique Trevor Nace sur Forbes. “C’est une victoire importante dans la lutte pour la protection de la forêt tropicale humide”, avait déclaré le porte-parole de Rainforest Foundation Norway, Nils Hermann Ranum, cité par l’Independent.

Plus de variétés pour stocker plus de CO2

Dans un article du 5 octobre paru sur Neue Zürcher Zeitung, et citant une nouvelle étude de la revue Science, il est démontré que, par rapport aux monocultures d’arbres, les forêts riches en espèces absorbent plus de CO2. A titre d’expérience, en 2009-2010 plus de 150.000 arbres ont été plantés dans une zone de montagne à l’ouest de Shanghai, en Chine, sur une surface totale de plus de 30 hectares. Avec le concours de l’université de Zurich, le territoire a été divisé en quelque 500 parcelles, composées à la fois de plantes de monoculture et d’arbres de différentes espèces. L’expérience a montré que les parcelles dotées d’une riche variété de végétaux fixaient en moyenne 32 tonnes de CO2 par hectare. Dans le cas des monocultures, la masse n’était que de 12 tonnes, soit moins de la moitié.


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Cette recherche, rapporte la NZZ, confirme une étude précédente, réalisée toujours en Chine, sur le lien positif qui existe entre la diversité des arbres, d’une part, et le stockage du CO2 d’autre part, mais qui se fondait sur des observations empiriques. Il est donc clair que la présence de forêts mixtes a un impact positif sur le rétablissement de la biodiversité et sur l’atténuation du changement climatique. Et il n’est pas étonnant que la Chine ait été choisie pour ce type de recherche, car cela fait des années que le géant asiatique est engagé dans une politique ambitieuse de reboisement. Et cette politique donne des résultats positifs. Au cours des cinq dernières années, comme expliqué sur Focus.it, 338.000 km² de forêts ont été plantés dans tout le pays, c’est-à-dire sur une surface supérieure à celle de l’Italie (302.073 km² selon l’Istat). Pékin prévoit d’ajouter 66.000 km² supplémentaires d’ici la fin de l’année, soit presque la superficie de l’Irlande.

Prix Nobel d’économie 2018

Le 8 octobre dernier, le prix Nobel d’économie a été décerné à deux universitaires américains, William Nordhaus et Paul Romer, pour leurs recherches sur le changement climatique et le développement durable. “Leurs conclusions sont méthodologiques et nous fournissent des informations fondamentales sur les causes et les conséquences de l’innovation technologique et du changement climatique”, souligne le comité Nobel. “Les vainqueurs de cette année n’offrent pas de réponses complètes, mais leurs découvertes nous ont rapprochés de la question de savoir comment nous pouvons parvenir à une croissance économique mondiale soutenue et durable”, poursuit le texte.

D’autres personnalités ont reçu, les années passées, un prix Nobel pour leur engagement en faveur de la protection de l’environnement : en 2004, la militante et écologiste kenyane Wangari Maathai, fondatrice du Green Belt Movement, connue pour sa campagne contre la déforestation ; trois ans plus tard, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et l’ancien vice-président américain Al Gore, fondateur de l’Alliance for Climate Protection, récompensés pour “leurs actions favorisant l’élaboration et la diffusion d’une meilleure connaissance des changements climatiques provoqués par l’homme” et pour avoir posé les bases de mesures nécessaires à prendre dans la lutte contre ces changements. Une tendance lourde de la nécessité de veiller aux enjeux environnementaux qui fait écho à la publication du dernier rapport du GIEC, Global Warming of 1.5°C [1], véritable sonnette d’alarme des experts.



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Selon Panmao Zhai, coprésident du Groupe de travail I du GIEC, dans un communiqué de presse, l’un des messages forts de ce rapport est “le constat d’un réchauffement de la planète de 1°C, conduisant à des changements climatiques extrêmes, et à d’autres conséquences comme l’élévation du niveau de la mer et la fonte des glaces de l’Arctique”. “Chaque petit accès de réchauffement supplémentaire compte, d’autant que passer 1,5°C accroît le risque de changements profonds voire irréversibles”, explique de son côté Hans-Otto Pörtner, co-président de cette session du GIEC qui a réuni chercheurs et représentants des États pendant une semaine en Corée du sud.

Pour limiter l’augmentation du réchauffement à 1,5°C — chose “possible dans le cadre des lois de la chimie et de la physique”, selon Jim Skea, coprésident du Groupe de travail III — les auteurs du rapport appellent à des changements “rapides et profonds”. Sans une action urgente, affirment-ils, d’ici 2030, l’augmentation de la température moyenne mondiale pourrait dépasser le seuil critique de 1,5°C.


1] Titre complet du document : Global Warming of 1.5°C, an IPCC special report on the impacts of global warming of 1.5°C above pre-industrial levels and related global greenhouse gas emission pathways, in the context of strengthening the global response to the threat of climate change, sustainable development, and efforts to eradicate poverty.

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