En ce mois d’octobre, le pape François demande aux fidèles de prier le Rosaire pour l’Église. Cette invitation n’est pas anodine : la Vierge est un rempart assuré contre la puissance du Mal.
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La foi catholique tient pour une vérité que Marie a été conçue sans le péché originel. Le dogme du péché originel est devenu étranger aux mentalités de nos contemporains. Cette solidarité en Adam dans le mal n’est pas facile à comprendre pour nos esprits marqués par l’idéologie individualiste du libéralisme. Pourtant, en y réfléchissant bien, il n’est pas difficile d’admettre qu’un climat spirituel malsain peut contaminer l’individu le plus pur.
Deux solidarités antagonistes
Par exemple, un homme né dans un régime totalitaire aura toutes les peines du monde à se préserver du mensonge. Celui-ci devient comme une seconde nature pour l’individu évoluant dans une société au sein de laquelle les rapports humains sont viciés dès le départ par la chape de plomb idéologique que le régime politique fait retomber sur l’ensemble du corps social. Autre exemple : il est difficile de rester pur au sein d’une société où l’érotisme s’affiche à tous les coins de rue. En son temps, le saint pape Jean-Paul II avait parlé de “structures de péché”. Par analogie, la faute originelle a contaminé la nature humaine de telle sorte que le vieil Adam a soupiré après un Sauveur pour venir le délivrer de cette tare en apparence indélébile.
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Cependant, il ne faut pas s’arrêter à cette solidarité dans le mal (et le malheur). Il est plus nécessaire encore de la considérer à la lumière de la solidarité dans le salut, c’est-à-dire à la lumière de Jésus-Christ. Car si nous naissons marqués par le péché en Adam, par le baptême, nous renaissons sauvés et divinisés en Jésus-Christ. Pris dans le réseau de servitude de cette communion des pécheurs qu’est le péché originel, Dieu ne nous a pas abandonnés à ce sort funeste. Son Fils est venu établir une nouvelle communion entre tous les membres de l’espèce humaine : celle des saints.
Marie a préparé la voie
À quels fruits reconnaît-on les bienfaits de cette solidarité dans le bien ? À ce que le bien pratiqué par telle personne répercutera ses effets sur l’existence et les actes de telle autre. Les hommes s’entraînaient jadis mutuellement au mal. Par l’effet de la grâce, ceux qui mettent leur foi en Jésus-Christ rivalisent maintenant de zèle afin de se porter secours les uns aux autres. Tel est l’heureux résultat de la levée de l’hypothèque du péché originel opérée par la mort et la résurrection de Jésus-Christ.
Toutefois, ce renversement de la solidarité dans le mal en solidarité dans le bien ne s’est pas produit comme par enchantement. Il a fallu pour cela que Dieu prenne la décision onéreuse d’envoyer son Fils dans le monde, sachant très bien qu’il y laisserait (librement) la vie. Cette venue du Verbe dans notre chair ne s’est pas réalisée elle aussi par un coup de baguette magique. Le Fils devait naître d’une femme toute pure, afin de lui fournir une demeure digne de sa divinité. Ainsi s’explique la raison de la préservation de la Vierge Marie de la morsure du péché originel.
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Marie est toute pure dès Sa conception. Cependant ce privilège, lié à l’Incarnation, n’est pas au seul bénéfice de la mère de Jésus. Dieu n’accorde jamais de grâce à une personne pour son seul profit personnel. L’obtention d’un privilège spirituel a toujours pour but de faire grandir le Corps de l’Église tout entier. Il n’en va pas différemment pour la conception immaculée de Marie. La Vierge a été préservée du péché originel afin de préparer la voie à Jésus-Christ, l’auteur et la source de la grâce qui nous justifie et qui, en plus de nous rétablir dans la justice originelle, nous fait devenir enfants de Dieu. Voilà pourquoi il est important de la prier en ces temps difficiles pour l’Église.
Une question de foi
Il faut aller plus loin. Marie est d’abord “celle qui a cru”, ainsi que le lui déclare sa cousine Élisabeth lors de la Visitation. S’il est important de souligner la place cardinale de la foi dans la vie de la Vierge, c’est parce que le péché originel est d’abord une question de foi avant d’être une affaire d’actes transgressifs et répréhensibles. Dans le récit de la chute d’Adam et Ève du livre de la Genèse, le premier couple de l’histoire tombe à cause du crédit qu’il accorde aux suggestions du serpent qui dépeint Dieu comme un Maître jaloux, soupçonneux, méfiant, avare et craignant la concurrence. En écoutant cette voix démoniaque, Adam et Ève perdent la foi droite en la bonté de Dieu, qui cesse pour eux d’être un Père plein d’attention et d’amour.
À l’opposé, si une nouvelle ère de l’histoire humaine commence avec Marie, cela tient à ce que celle qui deviendra la mère du fils de la promesse, Jésus, a cru aux promesses de Dieu lorsque Celui-ci lui a annoncé, par la voix de l’ange Gabriel, qu’elle enfanterait le Fils du Très-Haut. De même croira-t-elle au pied de la Croix – dans quelles conditions ! Pour Marie, Dieu reste le Père d’Israël et de l’humanité entière. Jamais elle n’a douté de sa bonté foncière, tout simplement parce qu ’elle est restée intacte des vestiges du péché des origines. Ainsi, prier la Vierge, c’est prier afin de grandir dans la foi. Et plus nous croirons en la paternité aimante de Dieu, plus nous serons zélés à embellir l’épouse qu’il a donnée à son Fils : l’Église.
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